6 mars 2009
Alors le printemps ça vient ?
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .
Le 6 octobre, il y avait déjà de la gelée blanche dans le parc ; en septembre on s’était gelés en essayant de camper en Autriche ; on vient de se surgeler pendant trois semaines au Québec ; ce matin, 6 mars, il fait la même température que le 6 octobre et, pour faire bonne mesure, il neige, pire que des confettis au carnaval… Ça commence à bien faire ! On va quand même pas se farcir six mois d’hiver ? Je suis sûr que c’est la faute de ce gouvernement pourri qui fait rien qu’à nous gâcher la vie. Pourtant, je sens que ça frémit, que ça bourgeonne et que la nature n’attend plus qu’une bonne petite semaine de soleil un peu chaud pour déclencher un véritable feu d’artifice. Les jonquilles pointent le bout de leur nez ; le cornouiller mâle a ouvert ses fleurs jaunes ; les perce neige sont resplendissants ; l’érable de mon pote Negundo (le japonais) a de la peine à retenir ses petites feuilles vertes ; les radis ont germé sous la serre… Alors ça vient b….. ? Cinq mois qu’on brûle du bois, du fuel, du gaz, de l’électricité, des briques de tourbe, de l’anthracite, des carcasses de vache folle… Ça ne suffit pas ? « Dis mémé, c’est quand qu’on mange dehors sur la terrasse ? Tais-toi et rentre dans l’igloo… » Je piaffe d’impatience ; je trépigne ; j’ai la main sur la poignée de l’accélérateur ; j’ai les pieds dans les starting blocks (siou plaît, amis du Québec, donnez moi un bon vieux terme français à la place de cet emprunt dissonant) ; j’ai une main sur la bêche et l’autre sur le plantoir ; je suis sur le point de devenir grognon ! Allez, les gars de Météo France, soyez pas rancuniers ! C’est la bande à Sarko qui vous sabre des postes ; c’est pas moi ! Je le jure. Comme on dit dans le Dauphiné profond, il est grand temps de se « dépailler les cardons » (c’est mignon non ? ça veut dire enfiler un pantalon à jambes courtes – et non un short – c’est une allusion au blanchiment du célèbre légume). Je vais bientôt adopter le dauphinoquébecois comme langue officielle : « Le magnaud s’est dépaillé les cardons pour aller visiter son boisé qu’était tout magané ; ça lui a r’filé le borgnon car ça pendigolait dans tous les sens »…
Note : le premier paragraphe est dédié à ceux qui estiment que l’emploi du point virgule est en perte de vitesse et qui déplorent ce fait. Les voilà rassurés…
Mars est un mois difficile, non pas à cause de la journée de la femme (vingt-quatre heures par an ça passe vite) mais parce que les travaux passés, présents et à venir semblent s’être donnés rendez-vous au même moment et qu’il faudrait tout faire en même temps. Pour que le planning soit respecté, il faudrait que la météo s’y prête. En fait c’est ça le problème de mars : c’est que ce fichu mois se situe entre février et avril. Comme toutes les années, je n’ai pas terminé la coupe du bois de chauffage. A la fin du mois, la sève va commencer à monter sérieusement (du moins dans les tiges encore vigoureuses, celles qui n’ont pas besoin de Viagra) et il faut avoir fini d’abattre les arbres que l’on destine à la cheminée ou au bois d’œuvre. Les bûcherons le savent bien : lorsqu’il y a trop de sève, le bois sèche mal et la coupe est difficile car les dents de la scie ou de la tronçonneuse sont empéguées (ça c’est un emprunt au parler méridional). Ce que je dis là s’applique évidemment aux forêts de plaine en zone tempérée. Le jour où l’une de mes chroniques concernera plus particulièrement les Inuits, les Lapons ou les Savoyards (du haut), je le préciserai bien gentiment. Comme toutes les années, je ne me suis pas occupé d’entretenir, de réparer, de graisser, d’affûter, de réemmancher mon matériel (dans ce blog ce sont les pelles, les pioches et les râteaux dont on renouvèle le manche – désolé pour ceux qui sont arrivés ici de façon malencontreuse à cause de leur moteur de recherche). Je suis un homme de « dernière minute ». je ne comprends pas l’intérêt de nettoyer, de consolider, de dérouiller, de peindre, de bricoler… des affaires dont j’aurai besoin en mars, et ce avant le 1er mars. Il faut dire que, plus jeune déjà, je n’ai jamais compris l’intérêt de faire les dissertations demandées pour le lundi matin, avant le dimanche soir… Mais à l’époque je n’avais pas un hectare de terrain à entretenir ; je n’avais qu’à subir des cours rasoirs de français… Il va donc falloir, en quatre semaines, faire fonctionner les machines rebelles, tailler les haies, préparer des plants de tout un tas de légumes et de fleurs, planter de nouveaux arbustes, de nouveaux arbres, histoire de se faire pardonner (intérieurement – c’est un débat privé) d’en avoir mis dix fois plus par terre… Le motoculteur, la tronçonneuse, le broyeur… vont donc vrombir en même temps : essayez, vous verrez que ce n’est pas une mince affaire de tronçolabourer…
Note : ce second paragraphe est dédié à ceux qui ont honte de faire des répétitions quand ils écrivent, des listes à rallonge ou qui croient qu’il faut avoir un doctorat de français pour écrire un texte d’un quelconque inintérêt… Une dose de « feuille charbinoise » et hop ! les complexes s’envolent…
Heureusement que de surcroît il n’y a pas encore besoin de tondre ! Les engins à fabriquer des épinards hachés vont pouvoir rester au garage pendant un bon mois. En avril, je pourrai changer les bougies de ces satanées cochonneries qui refusent de démarrer et affûter les lames qui sont fatiguées d’avoir découpé les taupinières en rondelles. Il faut bien qu’avril ait aussi sa dose de stress (siou plaît, amis du Québec, donnez moi un bon vieux terme français à la place de cet emprunt dissonnant). J’ai horreur des digressions (mensonge évident) et je vous parlerai de ce satané mois d’avril… en avril. Les jardiniers bricoleurs intelligents profitent également des longs mois (beaucoup trop longs, j’insiste) d’hiver, pour s’intéresser à l’aspect matériel de la décoration géniale qu’ils vont mettre en place pour la belle saison. C’est le moment où l’on fabrique jardinières, bancs, nichoirs et autres portiques ou gloriettes. Pendant les longues veillées, à la lueur des chandelles électriques, on trace les plans des cabanes, on dessine le cheminement des allées, on réfléchit aux endroits où l’on va demander aux oiseaux de venir chanter pour que les visiteurs soient enchantés. Un rossignol bien élevé se doit de faire des trilles juste à côté du banc que l’on a judicieusement placé à côté de la claire fontaine. S’il s’installe à la verticale du tas de compost, c’est qu’il est vraiment grossier ou immature. Malheureusement, cette année encore (et les prochaines sans doute) cela ne se passe pas comme cela chez moi. Il est fort probable que c’est dans les semaines à venir que je vais réaliser qu’il me faut absolument des nichoirs (c’est idiot car il vaut mieux les mettre en place à l’automne), que j’ai décidé l’an passé de bâtir une gloriette au centre de mon univers végétal, histoire d’enquiquiner la mésange charbonnière (baptisée Clopine) avec le son mélodieux (?!) de mon accordéon. A ce propos, essayez, vous verrez que ce n’est pas une mince affaire d’accordéonofaucher. J’ai quand même une excuse officielle à ma paresse hivernale : mon atelier n’est pas chauffé et ce n’est pas vraiment motivant de dégauchir une planche quand les doigts restent collés sur la table en fonte glaciale de la machine (non Lavande, ce n’est pas un appel à souscription, du moins pas encore).
Note : ce troisième paragraphe a été rédigé en prenant grand soin d’enquiquiner ceux qui considèrent que l’abus de parenthèses nuit à la vigueur et au rythme d’un récit. Je te vais leur en coller moi du rythme !
Certains doivent penser que c’est assez incroyable que j’ai le temps d’écrire ce tissu d’inepties alors que j’ai un planning aussi chargé. Que ces lecteurs préoccupés se rassurent. Mon plan de travail est légèrement décalé. J’ai décidé que mars n’était pas encore officiellement commencé dans notre principauté. Mars débutera le jour où, à mon réveil, un soleil radieux brillera dans le ciel bleu en face de mon lit. Ce jour là, alors, il est fort probable que le rythme des chroniques ralentira. Mes amis syndicalistes l’avaient bien compris, à l’époque : le semis des haricots, la plantation des pommes de terre et la taille des rosiers passent avant la Révolution. Heureusement, depuis, les choses ont changé. Je suis retraité, de plus en plus écœuré par le b… qui règne dans cette société soi-disant organisée (en fait, elle l’est organisée, mais uniquement pour le profit de quelques uns) et j’ai donc un peu plus de temps. Mars est aussi un bon mois pour manifester, hurler sa colère et quitter son jardin pour s’occuper du monde tel qu’il va (mal). Le 19 mars les syndicats organisent leur défilé costumé bimestriel d’indignation ; il ne faut pas oublier de participer. Si ça marche, la fréquence pourrait devenir mensuelle (ou hebdomadaire comme en 2003, histoire de bien casser toute tentative de grève générale illimitée).
Note : cette conclusion est destinée à ceux qui allaient abandonner la lecture de ce blog en se disant que décidément, avec la carte vermeil, on ne s’intéressait plus qu’à « Rustica », à « Veillée des chaumières » ou à « Viens chez moi, y’a de la confiture de rhubarbe… »
Renote : la chronique entière est dédiée à l’amie Clopine ; elle est, en partie, inspirée par la lecture de son blog ces derniers temps.
Mauvaise note : “Les retraités de la fonction publique ne rendent plus de services à la Nation. Ces gens-là sont inutiles, mais continuent de peser très lourdement. La pension d’un retraité, c’est presque 75% du coût d’un fonctionnaire présent. Il faudra résoudre ce problème » (propos aimables du Sinistre de la Fonction Publique – encore un qu’il va falloir composter).
Queue note : il ne faut pas croire que vous allez avoir une chronique intelligente, instructive et culturelle tous les jours. Par contre, elle respecte le plan traditionnel : blatère, déblatère, condéblatère et synthèse. Comme quoi ça sert d’avoir écouté son professeur de philo en terminale. En attendant le dégel, je suis l’Hegel du jardinage.
4 Comments so far...
zoë lucider Says:
6 mars 2009 at 17:17.
Joli ! Je me sens moins seule dans mes lamentations. La dernière photo est sublissime. J’ai les mêmes petiotes dans mon jardin mais nous sommes sous des latitudes moins austères elles ne tremblotent pas sous la glace. Je vous avais un peu oublié, honte sur moi ! heureusement que Lavande se manifeste chez Clopine (pour vous dénoncer soi dit en passant, comme quoi vous auriez comparé la Clopine à une petite tête de piaf ! ce n’est pas joli joli ça en revanche). J’ai retenu pour aujourd’hui que l’usage immodéré de point virgules et de parenthèses ne nuit pas à la suavité des propos. Bon, je ne vous oublierai plus, vous met de côté
Paul Says:
6 mars 2009 at 18:17.
Aïe j’avais choisi pour Clopine la mésange bleue, la nonette, mais je me suis dit que ça allait être mal interprété ! Content de voir que Zoë est de retour. Je pensais que vous aviez abandonné la lecture, déprimée par une overdose de froid québecois ; mais non, alors tant mieux. je suis allé faire un tour, il y a peu de temps, sur votre blog, « l’arbre à Palabres ». je crois bien que j’en parlerai dans le prochain « bric à blog » (fin mars) car j’ai beaucoup apprécié les premiers textes publiés. En tout cas, ma chronique de ce matin a eu un mérite : la neige, effrayée par mon agressivité (!!!) a cessé de tomber et les traces blanches se sont vite estompées.
Jack C Says:
6 mars 2009 at 18:29.
Hello les retraités !
En parlant du prochain 19 mars, ne crois tu pas que ce qui s’est passé en Guadeloupe et à present à La Réunion ne pourrait pas faire des petits en metropole?….Je sais bien qu’il y a la crise (qui arrange bcp de patrons…) mais c’etait juste une idee en l’air, comme ça…
Bon week end
Jak
Philippe Says:
10 mars 2009 at 11:26.
Sinon, pour faire plus léger, j’aime bien la confiture à la rhubarbe (et l’utilisation des parenthèses – quand elle est maitrisé – peut tenir du grand art – avec un ‘a’ majuscule, comme de bien entendu).