La feuille Charbinoise

23 décembre 2010

Andante moderato o moderato espressivo ? Non so troppo !

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .

Un petit peu d’italien par-ci, par-là, c’est aussi une manière parmi d’autres de lutter contre l’anglomania invasive. Tout ça pour dire que le blog ne s’interrompt pas vraiment pour les fêtes, mais tourne, comme vous vous en êtes aperçus, à un rythme ralenti. Le temps me manque pour finaliser les cinq ou six projets de chronique en cours et le ton général de l’actualité ne me donne guère envie d’improviser, en impromptu, sur les méfaits et les malfaçons des malfrats qui orchestrent nos vies. Ce n’est pas tant la préparation de la crèche et le renouvellement de la litière du bœuf et de l’âne qui occupent notre temps, que le plaisir de voir défiler (ou d’aller défiler chez) amis et parents proches dans notre sanctuaire rural. Ce qui mobilise par dessus tout notre attention c’est la présence à la maison ces derniers temps de notre ambassadeur québecois que nous n’avions pas vu depuis plus d’un an. Vous comprendrez que ce genre de retrouvailles éclipse quelque peu le plaisir, pourtant toujours renouvelé, de se mettre au clavier et de papoter gentiment sur le centre d’intérêt du moment. Si je vous raconte ça, ce n’est pas que je ressente le besoin de me justifier… quoique ! Il y a quand même une petite obligation morale qui se glisse dans la pratique lorsque l’on tient le challenge d’essayer de faire durer dans le temps un blog atypique et parfois tout à fait incongru (ce n’est pas moi qui prononce ce jugement, mais l’une de mes lectrices assidues…).

Cet hiver plutôt rigoureux mais d’humeur assez inégale ne pousse pas non plus à adopter un rythme de travail « vivacissimo ». La télévision et le cinéma ne faisant guère d’efforts pour attirer notre attention, nous retrouvons un peu le plaisir des veillées d’antan (ah les veillées des chaumières !) et nous dégustons, par petites touches successives, l’énorme album photo numérique que le fiston émigré a rapporté d’un périple de quatre mois dans le grand-Ouest de l’Amérique du Nord. Nous laissons lâchement les Franciliens se débattre avec leurs centimètres de neige pour contempler les cimes des Rocheuses, les feux du rassemblement de « Burning Man », les tours de San Francisco et les canyons de la Sierra Nevada. Voyage virtuel plutôt économique mais qui allume néanmoins des milliers d’étoiles dans nos yeux éblouis. La houppelande du père Noël nous permettra de rassembler et de tenir au chaud une fois de plus toute la petite famille et c’est suffisamment rare pour être apprécié avec autant de passion que le spectacle grandiose offert par la nature dans quelques coins magnifiquement préservés de la planète. Le grand alambic de la vie nous distille quelques instants de bonheur intense qu’il faut préserver dans un coin de son cœur à défaut d’être capable de stopper le défilé du temps et la consommation effrénée que nous faisons d’années, de jours et d’heures. Nous pouvons ainsi repartir plus solides et résister un peu mieux aux vagues de tristesse qui déferlent parfois sur notre quotidien. De la musique de chambre au lyrisme, il n’y a qu’un pas !

Histoire de vous faire partager un peu notre voyage hivernal, je vous parlerai bientôt, c’est promis, des grands séquoïas qui poussent imperturbablement dans les forêts de l’Oregon, indifférents aux injures du temps et aux petits bobos des humains. Leur regard contemplatif millénaire sur les rocs qui s’étalent à leur pied devraient nous enseigner la patience, mais je ne suis pas un élève attentif et je trépigne au plaisir anticipé de découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles histoires ainsi que les inconnus qui les habitent ou les font vivre. J’espère que les fêtes à venir vous apporteront au moins une papillote de bonheur tous les matins. Gare aux crises de foi : l’abus de connerie peut être gravement nuisible pour la santé mentale et physique… On se retrouve dans quelques jours : je suis trop bavard pour résister longtemps au plaisir de bloguer et de blaguer avec vous. Si je m’écoutais d’ailleurs, je vous écrirais bien une petite chronicounette… allegra appassionata, ma non troppo politica !

NDLR – Les photos proviennent du blog du voyageur dont il est question dans ce billet : « les aventures du Pourquoi pas« . Allez y faire un tour vous en découvrirez des centaines d’autres et un récit de voyage riche en péripéties !

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