4 mai 2011
Le Bric à Blog d’avril défile en mai…
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .
Y’a plus de saison ma bonne dame ! V’là que le Bric à Blog d’avril est publié au mois de mai ! Quand vont-ils s’arrêter ! Avec leur nucléaire ils dérèglent tout !
Comme en plus je suis en retard ce mois-ci, pour la publication du bric-à-blog du mois (d’avril) je me permets de rentrer directement dans le vif du sujet, sans tergiverser (ou presque…).
C’est encore à l’excellentissime « Utop’lib » que je dois ma première découverte du mois. Il s’agit d’un livre avec un DVD inclus, intitulé « les sentiers de l’utopie », paru au mois de février dernier. La « bande annonce » publiée sur le site Utopies Libertaires m’avait bien accroché ; j’ai acheté l’ouvrage (prix raisonnable, vu le matériel fourni) ; nous avons ensuite visionné le DVD et j’ai prolongé la séance vidéo en lisant le livre. Je suis bien content d’avoir fait les choses dans cet ordre… Le livre n’est pas un simple rabachage de ce que présente le documentaire ; il est au contraire fort utile car il répond à un certain nombre de questions sans réponses qui se posent au fil des images, et apporte d’utiles précisions sur le sujet… Mais, au fait, de quoi est-il question dans cette publication ? Vers quels lieux insolites nous conduisent ces sentiers parfois fort sinueux ? Le « livre-film » de John Jordan et d’Isabelle Frémeaux, s’intéresse aux communautés, aux lieux alternatifs où l’on essaie de mettre en place de nouvelles façons de vivre, échappant aux normes habituelles et soi-disant incontournables de notre société libérale répressive… Les deux auteurs se sont lancés pendant six mois sur les routes européennes pour découvrir des endroits où l’on expérimente de nouvelles règles de vie, où l’on bâtit de nouveaux modes d’échanges économiques, où l’on cherche de nouveaux rapports au travail. Résultat de leur enquête : une promenade agréable, instructive et souvent étonnante qui conduit les voyageurs, du « camp climat » installé de façon temporaire aux abords de l’aéroport d’Heathrow, aux usines occupées et autogérées de Serbie, en passant par des communautés déjà anciennes comme Cravirola ou Longo Mai. Les deux auteurs-réalisateurs ont volontairement rejeté tous les collectifs fonctionnant autour d’un quelconque gourou ou basés sur une idéologie religieuse commune. Seuls sont traités dans leur documentaire, les lieux de vie fonctionnant de façon autogestionnaire, sans leader charismatique… Un chapitre par lieu : on reste parfois un peu sur sa faim (je voudrais en savoir plus sur le fonctionnement de certaines structures), mais les témoignages recueillis sont tous très intéressants et certains passages m’ont particulièrement interpellé ! Quelques lucarnes ensoleillées dans un mur un peu trop gris ces derniers temps. Et puis tout cela nous rappelle notre belle jeunesse et le vaste mouvement communautaire aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest, sauf que, cette fois, il semble que certaines leçons aient été tirées des échecs du passé !
« Les sentiers de l’utopie », livre-film d’Isabelle Frémeaux et John Jordan, éditions La Découverte/Zones, 256 pages, 25 euro. Reportage et bande annonce sur Utop’lib (je ne saurais trop vous recommander, plus que jamais, de vous connecter régulièrement à ce blog incontournable pour ceux qui s’intéressent à des infos non consensuelles).
Le Japon, un peu comme Haïti en son temps, passe de mode et n’est plus sous les feux de la rampe. Il faut dire que la patience des journalistes et celle du public ne fonctionnent pas sur la même échelle de temps que les divers radionucléides que ces maudits réacteurs nucléaires continuent à essaimer dans l’atmosphère et dans l’océan. Certes, la commémoration des 25 ans de Tchernobyl est venue ranimer un peu la flamme, mais, en France, la sortie du nucléaire n’est toujours pas d’actualité. Comme le dit not’bon président, on ne va quand même pas se couper un bras ! Cette brillante déclaration a provoqué l’ire du Réseau Sortir du Nucléaire, et l’on comprend tout à fait pourquoi ! Même pour réclamer la fermeture de la bonne vieille centrale de Fessenheim, la mobilisation ne dépasse guère quelques milliers de quidams alors qu’en Allemagne les manifestations regroupent des dizaines de milliers de participants… On peut relire ce que j’écrivais à l’époque sur la France et la ligne Maginot. Encore quelques années pour creuser l’écart et quelques mesures intelligentes comme celles qui ont été prises ces dernières années pour développer la politique énergétique de notre beau pays, et nous en serons à l’âge de pierre en ce qui concerne les énergies renouvelables, quand nos voisins allemands se baladeront dans la galaxie. Le seul souci, pour nos voisins européens, c’est que la grandeur de la France ne constituera pas un rempart suffisant pour empêcher nos radiations d’arroser les jardins des pays voisins… Et je suis fier, oui oui oui, et je suis fier…. Pour en revenir au Japon et aux tragiques événements qui s’y sont déroulés, j’ai trouvé un article passionnant sur la question, sur le site de la revue Echogeo. Ce texte, intitulé « Le Japon quatre fois victime« , est signé Philippe Pelletier, auteur, par ailleurs, d’une excellente étude sur Elisée Reclus (Mais non, je ne manipule personne, mes choix d’auteurs ne sont aucunement orientés – je voudrais simplement démontrer que les libertaires sont capables de réfléchir sur d’autres sujets que la fabrication des « marmites à clous »…).
« Prendre au sérieux une insurrection c’est, entre autres choses, tenter de déceler ce qui partout résonne avec elle. Ce qui demande de l’appréhender politiquement : tout autant affectivement, que matériellement ou techniquement. C’est un des objectifs de ce blog. Voir, décrire, ce qui se passe, aujourd’hui en Libye, hier en Tunisie, demain, ailleurs. » Cette citation est extraite du texte de présentation du blog « se trouver« , un blog qui fait régulièrement le point sur la situation en Lybie, mais aussi dans les autres pays arabes touchés par des insurrections populaires. L’un des collaborateurs de ce blog, un jeune Français qui s’était rendu sur place à Misrata, pour témoigner de la situation des habitants, a été grièvement blessé pendant le siège de la ville. Rebellyon ainsi que divers médias alternatifs ont communiqué cette information et ont présenté en détail le travail réalisé par ces jeunes, plus courageux en tout cas que leur aîné(e)s présentateurs/trices officiels des messes du 20 h., sachant que, de surcroit, eux sont bénévoles et n’empochent pas des salaires mirobolants. Les médias « sérieux » ont été plus longs à la détente avant de s’étaler, eux aussi, sur cette affaire : « tu crois que c’est porteur, coco, l’histoire du p’tit jeune qui s’est fait flinguer en Lybie ? » Voici l’adresse d’un article qui donne des informations de première main sur cette affaire ainsi que sur la santé de Baptiste.
Nous irons certainement faire un tour au « premier salon des éditions libertaires de Lyon » les 14 et 15 mai. Il y a quand même des événements qui ont priorité sur le buttage des haricots et la cueillette des fraises. Une soixantaine d’éditeurs participeront à cette rencontre organisée par le Centre de Documentation Libertaire, les amis de la Gryffe, et la librairie La Gryffe. Le salon se déroule à la Maison des Associations de Lyon Croix Rousse, 28 rue Denfert Rochereau, le samedi de 11 h à 19 h et le dimanche de 10 h à 17 h. Programme détaillé et liste des structures participantes sur Rebellyon. Encore une occasion sans doute de dépenser quelques sous. Mais il faut dire que le nombre de livres publiés sur la pensée libertaire, qu’ils soient d’actualité ou historiques, qu’il s’agisse de nouveautés ou de rééditions, est indiscutablement époustouflant. Pour avoir une petite idée de l’activité éditoriale des poseurs de bombes en culotte courte et autres saboteurs de TGV, vous pouvez vous rendre de temps à autre, en plus d’Utop’Lib mentionné plus haut, sur le site « Anar’livres« , autre recueil de pages sur la toile où s’effectue un travail d’inventaire absolument remarquable (je sais, je rabâche, mais je sais aussi que vous avez la mémoire courte !).
Ben Laden est mort. C’est la dernière « grande nouvelle du jour ». Grand bien lui fasse, ce n’est pas moi qui irai pleurer sur son sort. Si l’on a du temps à perdre, on peut s’interroger sur certaines circonstances étranges de l’événement. Les fans de la conspiration à tout va ne manqueront pas de le faire. On peut aussi tout simplement s’interroger, comme le fait Sébastien Fontenelle sur son blog « Vive le feu », de l’étonnante conception qu’ont les Etatsuniens et leurs alliés directs, de la justice. Peut-être devraient-ils s’inquiéter, tous ces braves gens, à partir du moment où ils estiment légitime d’abattre un terroriste sans autre forme de procès. La pratique des « assassinats ciblés » comme l’on dit fort élégamment dans le jargon politico-militaire, semble se généraliser et se construire une sorte de « légitimité »… Comme l’auteur le fait remarquer, l’accusation de « terrorisme criminel » pourrait bien se retourner contre certains des occupants de la Maison Blanche ces dernières décennies. Il serait intéressant d’aller demander aux citoyens du Cambodge, du Nord Vietnam, du Nicaragua, du Guatemala… ce qu’ils pensent des cowboys qui se sont occupés de leurs affaires intérieures. Sébastien Fontenelle ne manque pas, à ce sujet, de faire référence à un certain nombre de citations de Noam Chomsky. Celle ci notamment : « Dans la majeure partie du monde, les États-Unis sont considérés comme un grand pays terroriste, ce qui n’est pas sans fondement. » Lisez l’article « Justice est faite« . Il tombe fort à propos. J’ai toujours aimé les notes discordantes dans les concerts de klaxons. Profitez en aussi pour relire les derniers ouvrages de Chomsky : il y a matière à réflexion.
J’ajoute en dernière minute (et ça tombe bien puisqu’il faut garder les morceaux les plus savoureux pour le dessert) ce court billet d’humeur de Bruno Testa sur « Altermonde » : « Des deux criminels internationaux qui ont ensanglanté les dix premières années du XXIème siècle, l’un est mort. Oussama ben Laden dont on nous dit que les Américains ont jeté le cadavre dans la mer après un rite religieux. Reste le deuxième, George W. Bush à qui l’on doit la guerre illégale en Irak qui a fait des dizaines de milliers de morts. On remarquera qu’aucun journaliste sur les ondes n’a rappelé que le second criminel courait toujours. Soyons patients. Qui sait, peut-être un de ses jours nous annoncera-t-on que George W. Bush a été tué par un commando de l’ONU et son corps jeté dans un puits de pétrole après un rite religieux propre aux Texans. »
Point de note artistique pour conclure ce « bric à blog » autre que les quelques photos de fleurs charbinoises que je vous ai sélectionnées. Tout au long du mois, j’ai eu trop souvent le nez dehors, pour faire d’autres découvertes fascinantes que celles que me réservait la nature dans mon jardin. Mais, après tout, ce n’est pas si mal non ? Pour ne pas entendre le vacarme du monde, les autruches sont réputées enfouir leur tête dans le sable. Moi je préfère le parfum des fleurs et les couleurs subtiles des feuillages : le plaisir est indiscutablement plus grand.
6 Comments so far...
Paul Says:
4 mai 2011 at 14:51.
Bon, je m’aperçois que ça fait deux fois que je vous mets une photo de viburnum plicata (viorne velue) en grand format en fin d’article… Est-il vraiment utile de vous préciser qu’il s’agit là de l’un de mes arbustes préférés ! Rassurez-vous, la floraison ne dure que deux ou trois semaines chaque année. Quoique… Le feuillage à l’automne est ravissant aussi. J’espère que la société « viburnum & cie » n’oubliera pas de me verser les honoraires qu’elle me doit pour ce publi-rédactionnel de choix.
Zoë Says:
4 mai 2011 at 16:38.
Bonjour Paul, j’ai peu fréquenté les blogs ces temps-ci pour les mêmes raisons que vous, le jardin est exigeant au printemps entre tailles, tontes, plantations etc. Merci pour l’info sur les sentiers de l’utopie. j’en avais entendu parler mais votre article me pousse à passer à l’acte. Quant au jeu de gangsters qui occupe si fort l’actualité, c’est simple, ça me fatigue. On n’en finira donc jamais de ces frénésies destructives. Retournons au jardin (j’aime beaucoup moi aussi mon viburnum, il ne dure pas assez longtemps).
Paul Says:
4 mai 2011 at 22:22.
@ Zoë – C’est vrai que « jeu de gangsters », le terme me convient assez bien ! En plus du jardin, j’essaie de trouver du temps pour lire aussi… « Vieux papiers », nouvelles publications, j’ai un appétit féroce en ce moment. Mes goûts évoluent aussi ! Bref j’ai matière à raconter et à partager, mais trop peu de temps pour le faire. Merci en tout cas pour votre intérêt soutenu et régulier.
Cathy Says:
9 mai 2011 at 17:19.
joli convergence d’idée : je viens juste d’acheter le livre \sentiers d’utopie\ et je vois que tu en parles dans ton billet !
Pas encore vu le film… J’ai commencé par le livre…
Bon appétit féroce de lecture ;-))
Je vais me plonger dans Séverine 2 (le retour ;-))
Paul Says:
9 mai 2011 at 21:11.
@ Cathy – Je pense que tu ne seras pas déçue par « sentiers d’utopie ». Ce que je trouve intéressant dans les expériences présentées, c’est à la fois la diversité, mais aussi la durée. La fondation de Longo Maï ne date pas d’aujourd’hui !