15 décembre 2014
Bric à blog panoramique de décembre
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .
Publicité, poil aux casse-pieds
Marre de la pub qui envahit tout sur internet, sature nos boîtes aux lettres électroniques, s’immisce dans les informations, se répand sur les pages de blog (voire même bloque l’accès à ceux-ci tant que l’on n’a pas fini de subir un affichage rédhibitoire). J’ai renoncé à donner un coup d’œil rapide sur le site de Yahoo, où l’on passe allègrement d’un fait-divers à une publicité pour un produit miracle contre la calvitie, en s’arrêtant sur les derniers méfaits du virus Ebola… Le site Acrimed a fait un très bon article à ce sujet… On est littéralement submergés par la publicité, et, ce n’est pas nouveau, celle-ci nous prend vraiment pour des cons. Un coup d’œil sur un bouquin, sur Amazon ou sur Price Minister, et voilà que ces industriels de la pêche aux (et à) gogos ne vous lâchent plus. Vous êtes littéralement traqués dans la moindre démarche que vous effectuez sur le web. « Ce livre est toujours disponible sur… » – « Vous n’avez toujours pas fait l’acquisition de… » – « Auriez vous par hasard oublié de… ». C’est pire qu’agaçant, c’est carrément écœurant.
En tout cas bravo à la ville de Grenoble qui n’a pas renouvelé ses contrats de location avec les pollueurs urbains et annonce le démontage de tous les panneaux publicitaires en 2015. Il paraît, d’après les médias zofficiels que c’est un « superbe coup de com » ! Ce que moi j’espère c’est que d’autres villes suivront et qu’on arrêtera de voir ces hideux panneaux envahir des paysages qui sont déjà suffisamment enlaidis par l’urbanisme chaotique des zones commerciales.
Mégalomanie, poil aux paparazzis
Une nouvelle qui fera plaisir à nos amis Kurdes… Le TPPT (Tout Puissant Président de la Turquie), Recep Tayyip Erdogan, a cru bon de rectifier une erreur commise par certains journalistes de la presse de son pays de cocagne : non, son palais ne comporte pas un « millier » de pièces, mais 1150 très exactement. Je suis content de savoir qu’il y a encore des élus (du peuple) qui sont relativement soucieux de transparence. Contrairement à ce que prétendent de vils esprits mesquins toujours prêts à clabauder, il ne s’agit aucunement d’un bien personnel, mais d’un bâtiment dont le peuple turc, qui en est le réel propriétaire, doit être particulièrement fier. L’humble dignitaire n’a pas précisé si les autres heureux propriétaires, notamment ceux qui dorment dans la rue, peuvent occuper quelques chambres par-ci par-là quand il fait un peu trop froid dehors. Mais on se doute bien qu’au nom des grands principes religieux dont il se targue, il ne créerait aucune difficulté à ses concitoyens dans le besoin. Ça me laisse rêveur… A raison d’une minute consacrée à chaque endroit (à condition de faire le tour au pas de charge), il faut presque une journée pour visiter ! Est-ce que quelqu’un sait, parmi mes lecteurs et lectrices cultivés, combien il y a de pièces dans le château de Versailles ? Dans son pavillon de banlieue d’une superficie de 200 000 m2, le président turc a déjà reçu deux visiteurs de marque (marque non précisée dans le communiqué) : le camarade Poutine, et le camarade François (pas le nôtre, celui qui se balade en scooter, mais le maître à penser des catholiques). Les journaux, mal informés, n’ont pas précisé s’ils avaient occupé leur temps à jouer à cache-cache ou s’ils s’étaient contentés d’un thé à la bergamote.
Sans rapport avec l’article précédent (plusieurs conditions ne sont pas remplies par le personnage), j’ai appris grâce à « Terrains de lutte » qu’il existe une « association d’entraide de la noblesse française ». C’est une information fondamentale que je ne voulais point vous celer. Moi qui rêvais d’acheter un manouar – je vous avais expliqué ça dans une chronique au passé antérieur – il ne me reste plus qu’à me procurer une particule, une généalogie avec quelques quartiers, et zou, je clos la feuille charbinoise pour m’occuper de mon hérald’hic. Comme je connais vos tendances perverses, je me fais un plaisir de vous offrir le lien vers l’article.
Au pays des droits de l’homme, poil aux mangeurs de pommes
L’armée au-dessus de tous les droits, de toutes les juridictions ? Nos gouvernants seraient-ils en train de rétablir la peine de mort, en douce, en légalisant les assassinats « ciblés » par le biais des drones comme le font à longueur d’année les Etatsuniens et les Israéliens ? Basta publie un très bon article à ce sujet dont je vous recommande la lecture. Manque de chance, nous sommes en retard sur les Ricains dans ce domaine là et nous voilà donc obligés de leur acheter du matériel (si tu croyais comme moi que c’était la crise et qu’on n’a plus de sous, eh bien tu te trompes) : d’ici 2019 ça nous coûtera 619 millions d’euro. Rassurez-vous, dans un premier temps, ces engins ne seront utilisés que pour faire du repérage, de la cartographie, des photos artistiques… Nous achetons des « Reaper » dépourvus d’armement. La grande question que fait semblant de se poser (discrètement) le Ministère de la Défense, c’est quand et comment va-t-on les armer ? C’est quand même dommage d’acheter du matériel performant comme celui-ci et de se contenter de s’en servir pour photographier les forces du mal alors que, nous aussi, on pourrait en missiliser un ou deux de temps en temps… Problème : si on tire aussi mal que nos alliés, on risque de bousiller quelques civils au passage et d’égratigner la Convention de Genève à laquelle on se réfère si souvent pour dénoncer la barbarie des « autres ». En plus, nos concitoyens ne sont pas des bellicistes acharnés et quelques bavures malvenues pourraient faire glapir les pisse-copies en mal de scandale… L’article de Basta nous explique donc que, à défaut de consulter l’opinion, nos braves technocrates se contentent d’études spécialisées discrètes des réactions potentielles de cette même population. Genre : si j’appuie là, est-ce que ça va les faire crier ? Un peu ? Beaucoup ? Miracle de la démocratie contemporaine…
En tout cas, selon une étude du groupe de défense des droits de l’homme « Reprieve » en Grande Bretagne, cela coûterait 28 vies d’innocents pour abattre un seul chef terroriste. Les drones seraient largement responsables de ce massacre. Chirurgical ? Diantre, je vais hésiter si je dois un jour retourner dans une salle d’opérations…
Pitreries à la sauce écologie, poil aux vieilles bourriques (barriques ?)
Pendant combien de temps vont-ils amuser la galerie (écologique) avec leur débat sur la pollution engendrée par les cheminées parisiennes, les barbecues de banlieue et autres atteintes gravissimes au Nouvel Ordre Ecologique Public ? J’ai bien aimé, sur Mediapart, la tribune de Jean-Jacques Birgé, qui ne peut que satisfaire le vieux rebelle à l’ordre établi que je suis devenu. La mesure phare de ce gouvernement de guignols pour lutter contre la pollution atmosphérique ce n’est point d’instaurer des règles drastiques à l’encontre des industriels pollueurs ou des pléthores d’automobilistes qui envahissent les rues de la capitale jusqu’à les saturer… Non… Rassurez-vous, c’est seulement d’interdire les feux dans les cheminées chez les particuliers. Ce serait risible si ce n’était encore une mesure à la con prise à l’instigation de décideurs européens dignes émules de Don Quichotte. Comme le rappelle Jean-Jacques Birgé, l’écologie fournit l’occasion à nos décideurs de pondre toute une série de décrets coercitifs et de rappeler la brillante affaire des ampoules à économie d’énergie ou celle de l’interdiction des préparations agricoles genre purin d’ortie. Je note aussi une très bonne remarque dans les commentaires de l’article : « tout ce qui ne tue pas le Totalitarisme Economique le renforce, et l’Ecologisme est totalement intégré dans son système de défense immunitaire. » Je ferai simplement un distinguo entre « luttes environnementalistes » et « écologie sociale ». On peut être écologiste et convaincu que seul un changement radical des choix économiques actuels permettra la mise en place d’une société réellement attentive à son environnement. En attendant, préparez-vous à remplacer bientôt vos ampoules à économies d’énergie (de vraies merdes, soit dit en passant) contre des ampoules à Led qui sont deux fois plus chères ; renoncez à vos poêles à bûches pour acheter des poêles à granulés (Total, et oui Total est là pour vous approvisionner !) ; balancez vos fenêtres à double vitrage pour des triples ; optez pour le diésel vert et….. (crash ! censuré ! ça devenait trop grossier !). Ceux qui considèrent encore que la combustion du bois dans les cheminées est à l’origine d’un grave problème de pollution dans le ciel parisien peuvent aussi consulter l’excellente étude de « Que Choisir » à ce sujet. L’art de détourner le train des vrais problèmes sur une voie de garage.
Plus grave que cette pantalonnade, l’hypocrisie abjecte de dirigeants comme ceux du Pérou qui organisent un sommet sur le climat, se gargarisent de grandes déclarations, et, parallèlement, considèrent les écologistes locaux comme des terroristes. Il faut lire à ce sujet l’article de Viviana Varin, publié sur Basta et intitulé « Au Pérou, pendant que les dirigeants discutent du climat, les mouvements écologistes sont durement réprimés« . Il n’y va pas avec le dos de la cuillère, le président péruvien, Ollanta Humala : « Depuis janvier 2014, la police et l’armée ont reçu le feu vert pour mater les mobilisations par la force grâce la promulgation d’une loi spéciale. Aucun policier ni militaire ne pourra être jugé s’il blesse ou tue une personne. » En tout cas, ce genre de décision ne semble pas perturber notre ministre de l’écologie, pas plus que le fait que la réunion, dénommée COP 20, se déroule dans les casernements de l’armée : un lieu symboliquement appelé « petit Pentagone » et tristement célèbre depuis la guerre civile. Minerais exploités à tout va, gaz de schiste à l’horizon… les écologistes ont du pain sur la planche et le changement promis par le président Humala lors des dernières élections a bien lieu, mais pas dans le sens espéré par la population. Les conflits sociaux et/ou environnementaux se multiplient et le blanc-seing donné aux forces de répression laisse présager le pire.
Pendant ce temps là, du côté des nucléairocrates de chez Areva, trois milliards sont partis en fumée et les dirigeants vont bientôt en être réduits à faire la manche dans la rue. Ce n’est pas très grave : l’argent qui est gaspillé, c’est le nôtre, pov’con-tribuables à merci.
On termine de par chez les aminches, poil aux amygdales
Rien que du bon sur les blogs amis qui survivent à la navigation sur une mer agitée. Grâce aux cénobites tranquilles, j’ai enfin pu mettre un nom sur le visage de la femme jeune et belle que l’on voit en photo pour illustrer de nombreux articles sur la Révolution espagnole. Elle s’appelle Lucia Sanchez Saornil et c’est une poétesse (erreur d’identification, voir commentaires). L’ami Erwan a su lui rendre hommage dans sa chronique avec talent et humour comme d’habitude. On peut vivre sans consulter son site. Certes… mais on manque quelque chose, ça c’est sûr ! A propos d’Espagne, il y a une affiche que j’aime beaucoup aussi mais que je n’arrive pas à retrouver sur la toile ; c’est un pied chaussé d’une espadrille en train d’écraser un nid de serpents dont la forme évoque une croix gammée. Si quelqu’un peut me fournir un lien… J’en ai trouvé une mais ce n’est pas celle à laquelle je pense…
Patrick Mignard propose une réflexion intéressante sur « la fin des grands projets » (lien sur Altermonde mais on peut aussi lire l’article sur le blog de l’auteur « Fédérer et libérer »).
Floréal propose d’écouter les propos tenus par le mathématicien Alexandre Grothendieck il y a quelques décennies de cela : conférence dans l’amphithéâtre du CERN en janvier 1972 à Genève. A l’époque, nous étions abonnés à la passionnante revue « Survivre et vivre » fondée par le même Grothendieck, tout en ignorant l’importance du personnage dans la recherche contemporaine en mathématiques. Ses réflexions du moment sur l’écologie mériteraient d’être relues par les pantins élus d’EELV… Je peux prêter quelques numéros de S&V à ces braves gens s’ils ont le temps de s’intéresser à autre chose qu’à leur carrière.
Quant à moi, je conclus en vous rappelant que c’est bientôt le solstice d’hiver, une bonne occasion de lever le verre avec les amigos de passage. Comme pourrait le dire si bien un cénobite de ma connaissance « amis des fêtes païennes et du riz créole », portez vous sans béquille !
Ne quittez pas ! C’était une fausse sortie ! J’en remets une louche ! – Ah et puis non ça serait dommage, je ne résiste pas au plaisir de vous coller une petite citation. La dame qui parle c’est une de mes écrivaines préférées aux USA, Ursula K. Le Guin. Lors de la remise d’une distinction littéraire célèbre, elle a prononcé un discours de remerciement dans lequel elle a dit notamment : « Les livres ne sont pas seulement des marchandises ; la recherche du profit est souvent en conflit avec les objectifs de l’art. Nous vivons dans une société capitaliste, son pouvoir semble illimité – comme semblait l’être le droit divin des rois. Toute puissance humaine peut être combattue et modifiée par les êtres humains. La résistance et le changement commencent souvent dans l’art. Très souvent, dans notre art, l’art des mots. »
3 Comments so far...
Zoë Lucider Says:
15 décembre 2014 at 22:07.
Merci Paul pour la découverte de Lucia Sanchez Saornil. La conférence de Lima accouche d’un enfant mort-né. Je suis également d’avis que la question sociale est indissociable de la préoccupation environnementale.
PS : le mot de passe que me propose le robot est 1968 🙂
Paul Says:
16 décembre 2014 at 09:29.
@ Zoë – Comme quoi il faut se méfier même des robots qui deviennent subversifs. Va-t-on avoir droit à 1936, 1789 ou encore @@@@ ? La conjoncture sociale est morose même si les coups de gueule se font de plus en plus nombreux… Mais de la révolte ne nait pas forcément une révolution…
Paul Says:
19 décembre 2014 at 18:48.
Errare Humanum Est – Je me suis un peu emballé et j’ai commis une erreur. Non la photo du dernier paragraphe, celui de la jeune milicienne espagnole, n’est pas un portrait de Lucia Sanchez Saornil. Ce visage déterminé et souriant est celui de Marina Ginestà. La photo a été prise par Juan Gutmann. Marina Ginestà est morte à Paris en janvier 2014 à l’âge de 94 ans. La photo figure en couverture de l’excellent ouvrage de Burnett Bolloten « La guerre d’Espagne », publié aux éditions Agone. Ce livre aurait mérité de figurer dans la hotte du père Noël noir et rouge, mais je l’ai eu trop tard entre les mains.