20 avril 2015
Bric à blog en avril : ne perdez surtout pas le fil !
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .
Bon, désolé, avec un bric-à-blog mensuel, certains des liens ou des informations que je donne ne collent pas forcément à l’actualité brûlante et ont parfois fait mille fois le tour de la toile, sauf dans les angles. Disons que j’informe ceux qui sont dans les recoins, les mal-branchés, les pas-trop-pressés de savoir ! Allons-y donc pour notre balade du jour. Suivez le bon fil pour ne pas vous perdre !
Dans mes chroniques, je m’intéresse assez souvent aux femmes qui, dans l’histoire, auraient pu être célèbres, mais ne l’ont guère été parce que ce sont des femmes et que les historiens n’ont pas trop de temps à perdre avec les sujets futiles. Je vous ai ainsi parlé de Marianne North, Isabelle Eberhardt, Jeanne Barret ou Nellie Bly (entre autres). Je vous ai parlé des difficultés qu’avait rencontrées Emily du Châtelet pour faire reconnaître ses travaux en mathématiques. Dans cette optique, j’ai trouvé passionnant l’article publié sur le site « égalitariste » au sujet des femmes qui se sont fait gentiment voler leur prix nobel, par un conjoint, un directeur de recherche ou un collègue peu scrupuleux dont le mérite principal était d’appartenir à la gent masculine et d’être donc un peu plus « crédible ». Je vous invite à lire ce billet et mon petit doigt me dit que je vous conterai sans doute plus en détails, un de ces jours, l’histoire de l’une de ces « héroïnes oubliées ».
Intéressant à lire aussi, et non sans rapport avec le début de ce paragraphe, un article de Télérama sur les sorcières (là aussi un thème que j’ai évoqué dans ces colonnes). « Et si les sorcières renaissaient de leurs cendres » est un texte signé Weronica Zarachowicz : « Longtemps persécutée, moquée ou salie, la sorcière revient aujourd’hui sous un éclairage positif. Féministes, écologistes, anticapitalistes : tous pourraient la revendiquer. » La chasse aux sorcières qui a duré plus de trois siècles en Occident (et qui se prolonge encore sur certains continents) est l’un des phénomènes les moins étudiés de l’histoire. Pourtant, ces sorcières, pourchassées par les tenants du pouvoir, étaient souvent la seule ressource médicale des populations pauvres dans les campagnes. Leurs savoirs dépassaient fréquemment celui des médecins officiels et leurs pratiques témoignaient d’une connaissance plutôt approfondie des pathologies courantes de leur environnement.
En ce qui concerne la littérature, ce n’est guère mieux que dans le domaine scientifique. Ces treize dernières années, le programme de Terminale lettre en France comportait l’étude obligatoire de 32 auteurs, parmi lesquels… aucune femme… Visiblement elles ne savent ni lire, ni écrire, ni compter… Heureusement que certaines secouent le cocotier de temps à autre ! L’article « source » s’intitule « femmes de lettre je vous aime« . On le trouve sur le blog dessiné de Diglee.
Une qui a du courage en tout cas, c’est Joséphine Witt, une jeune militante écologiste allemande, qui s’est précipité sur l’un de nos « bons maîtres » de la BCE (ex cadre de la réputée banque Goldman Salch) et l’a sauvagement attaqué à coup de confettis. Je rassure les âmes sensibles : ce bon Mario Draghi est sain et sauf de corps et d’esprit. Les responsables de la sécurité de la BCE ont un cheveu blanc de plus sur le crâne car ils ont été carrément ridiculisés dans le cadre de cette opération. On trouve un bon compte-rendu de ce « fait-divers » sur le blog « Chroniques du Yéti« , et notamment le texte du tract que Joséphine Witt a distribué à cette occasion.
A part ça, dans notre beau pays, le drapeau des libertés individuelles peut être mis une nouvelle fois en berne, grâce à la loi sur le renseignement qui se met tranquillement en place. Merci encore une fois messieurs les « socialistes ». Les réactions sont nombreuses sur la toile mais, malheureusement, dans une sphère de réflexion trop limitée. Certains ont décidé d’agir de façon très concrète : l’hébergeur « Altern.org » a décidé de fermer ses services en France et de les rouvrir dans un pays plus respectueux de la liberté de pensée de ses citoyens. Le communiqué qu’ils ont publié sur la toile à ce propos est très clair. Elle a bon dos la lutte contre le terrorisme, mais ça, on s’y attendait un petit peu depuis la grande messe charliephile. L’objectif de la nouvelle loi est clair : veiller au maintien de l’ordre social par tous les moyens. Dans le collimateur du pouvoir ne figurent pas que les excités de la ceinture d’explosifs. La véritable cible ce sont les acteurs du mouvement social, les écologistes, les militants radicaux… Comme le faisait remarquer un militant : la liberté d’expression de tout un chacun est en jeu car, lorsque l’on se sait surveillé à tout instant, on prend soin de ne plus exprimer ce que l’on pense réellement. Vigipirate partout, liberté nulle part. A ce sujet, on peut lire deux autres textes explicatifs : « une surveillance inacceptable des français bientôt adoptée à l’assemblée » sur la « Quadrature du Net » mais aussi aussi l’excellent billet de Laurent Chemla sur son blog : « lettre à ceux qui s’en foutent« . Ils sont malheureusement nombreux « ceux qui s’en foutent » puisque, selon un sondage récent, nos compatriotes jugent utile la loi sur le renseignement, mais la « craignent »… « Fais moi mal Johnny, fais moi mal Franchoua ! » puisque c’est pour mon bien.
L’une des caractéristiques de nos assemblées « nationales », c’est de n’être absolument pas représentative des couches populaires dans notre pays. Ce n’est pas nouveau, mais toujours intéressant à étudier, dans la mesure où l’on se réfère sans cesse à la démocratie parlementaire comme étant le nec plus ultra des libertés individuelles. On comprend mieux que nombre de ces Messieurs et Dames ignorent grandement la réalité de la vie quotidienne de la majorité de leurs concitoyens. Une très bonne analyse de ce phénomène est publiée sur « Terrains de lutte ». Il s’agit d’un article d’Alain Accardo intitulé « Extinction du populaire« . On peut lire ceci dans l’introduction du texte : « On pourrait s’attendre – si les mots ont un sens – à ce que, dans une démocratie « représentative » comme la France, la composition sociologique de l’Assemblée nationale élue au suffrage « universel » garde grosso modo les mêmes composantes et surtout dans les mêmes proportions que la population réelle. Sinon, il n’y a plus de représentativité, il n’y a que de la délégation. Ce qui, malheureusement, a toujours été le cas, au détriment de la représentation des classes populaires. » Bien réfléchir aux idées exprimées à un moment où certains de nos édiles voudraient rendre le vote obligatoire. Ils sont sans doute frustrés par le fait que le citoyen lambda ne se prosterne plus devant leur image, voire même, pire, n’en ait plus rien à foutre de se déplacer pour aller déposer un bulletin dans une urne avec le nom de leur idole marqué dessus. Depuis qu’une éminence verte d’Europe écologie a eu cette idée lumineuse, elle rencontre un écho favorable au sein de chacune des familles politiques ou presque. Patrick Mignard a commis un bon billet à ce sujet aussi. Je lui pique l’illustration en tête de paragraphe pour le remercier !
Dans le cadre de ma série documentaire « le contribuable va payer », nous avons appris il y a peu dans les médias l’état de santé calamiteux de notre fleuron nucléaire national – j’ai nommé AREVA la boîte qui ne fait plus rêver. Comme le train des mauvaises nouvelles accroche sans arrêt de nouveaux wagons, nous découvrons maintenant un énième problème à la centrale EPR de Flamanville. Cette fois, ce sont des « anomalies » (qu’en termes fleuris ces choses-là sont dites) qui ont été découvertes sur le fond de cuve et sur le couvercle. L’autorité de Sûreté Nucléaire exige des modifications et de nouveaux essais. Si le sujet n’était pas aussi grave il y aurait presque de quoi se marrer en voyant la liste des anomalies signalées au fur et à mesure de l’avancée du chantier ! Les retards s’accumulent ; l’addition grimpe ; qui va payer ? Quand va-t-on informer réellement les citoyens de ce pays sur le coût réel du nucléaire en prenant en compte la totalité de la filière depuis la collecte de l’uranium jusqu’au démantèlement des réacteurs et à la gestion des déchets sur quelques milliers ou millions d’années ? Le Réseau « Sortir du nucléaire » dénonce une fois de plus l’imposture du « tout nucléaire » et met en évidence la malhonnêteté du lobby qui soutient ce choix énergétique douteux. Dans son dernier communiqué de presse, le Réseau Sortir du Nucléaire demande l’arrêt pur et simple du chantier et du gaspillage de l’argent public. Flamanville, encore une belle histoire comme Malville, notre précédent chef d’œuvre expérimental ! Dans les brèves du même site, vous apprendrez aussi qu’en 2014 il n’y a eu que 640 incidents liés à la sûreté nucléaire dans les centrales EDF. « Heureusement » que le plan surveillance de Monsieur Cazeneuve va permettre de neutraliser en amont tous ces « lanceurs d’alerte » qui pourrissent la vie des lobbies industriels ! Je suis rassuré (à la dernière minute) par une déclaration royale de l’ineffable ministre de l’écologie : il paraît que le réacteur de Flamanville n’est pas condamné puisqu’il reste de l’argent dans les poches des contribuables… Ouf !
Ce mois-ci, dans le cadre de mes « ronchonnements » contre la SNCF, ce n’est pas au site « Massif central ferroviaire » que je fais référence mais à « Article 11 » qui vient de publier un excellent billet intitulé « SNCF – on n’est pas sortis des ronces« . Thème de l’article : remplir un questionnaire de satisfaction de douze pages proposé par la SNCF (cela a le mérite d’occuper le temps pendant les retards successifs). Comme toute bonne enquête commerciale qui se respecte, le cadre du questionnaire déborde largement du contexte ferroviaire. Tout cela est bien entendu « anonyme » – ce détail est précisé dès l’introduction – mais il ne vous est pas interdit d’indiquer vos noms, âge, adresse et profession, si vous souhaitez être informé directement par l’entreprise des nouvelles « affaires » promotionnelles qu’elle a à vous proposer. Je pense qu’il serait souhaitable d’ajouter une question finale : « souhaitez vous que la SNCF reste un service public accessible à tous ou préférez-vous qu’elle devienne une entreprise commerciale comme une autre ayant comme but premier d’exploiter ses clients et son personnel comme c’est en train de se produire ? Manque de chance, il n’y a pas de page 13. Ça porte malheur.
Pour conclure non pas en fanfare mais en tout cas en musique, je vous signale l’excellent site « folk et politique » que j’ai découvert ce mois-ci. Les fans de la vraie musique populaire américaine (entre autres) y trouveront leur bonheur : nombreuses vidéos, paroles traduites des chansons, biographies, historique de l’interprétation de différents morceaux. De quoi naviguer pendant des heures et se régaler en écoutant Pete Seeger, Joni Mitchell, Woody Guthrie, Joan Baez et autres vedettes, mais aussi de nombreux compositeurs ou interprètes beaucoup moins connus du grand public en France. Un extrait du texte de présentation : « Le projet de ce site est de permettre de (re)découvrir le riche patrimoine culturel connu sous le nom de « folksong », et à un moindre degré d’autres musiques populaires des États-Unis, comme le blues, avec quelques incursions dans d’autres pays ou continents. » J’écris ces quelques lignes en écoutant « I pity the poor immigrant« , chanson de Bob Dylan interprétée magistralement par Joan Baez. Cela colle bien avec la triste réalité méditerranéenne de ces dernières semaines.
A la revoyure !
One Comment so far...
la Mère Castor Says:
15 mai 2015 at 07:49.
Le première femme à recevoir le Nobel de littérature a été Selma Lagerlof que j’aime tant lire, et le discours qu’elle a écrit pour l’occasion est un petit bijou. (moraliste, conservatrice ? C’est vrai, mais juste et sensible)