23 septembre 2015

Ah bon ! Il y a toujours un bric à blog sur la feuille charbinoise ?

Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .

Oui mais seulement quand l’armoire à confitures est pleine…

confitures  Mon rythme de publication est toujours au régime ralenti. La période estivale a été plutôt fatigante avec de gros chantiers et un défilé important de visiteurs. Le temps que je peux consacrer à l’écriture est trop morcelé pour que j’avance de façon efficace et la liste des chroniques inachevées s’allonge semaine après semaine. Du coup, certains thèmes effleurés il y a quelques mois me paraissent maintenant peu adaptés à l’actualité galopante ou sont sortis de mon champ de préoccupations immédiat. J’aimerais bien, pendant l’hiver, revenir à une périodicité plus régulière, mais je suis incapable de prévoir ce qui va se passer. Comme le travail intellectuel est pour moi un besoin aussi pressant que l’activité manuelle, je passe beaucoup de temps à lire. Ma liste de sites de référence s’est étoffée et ma revue d’actualité matinale est parfois bien longue. Je me demande si, à force, cela ne joue pas sur mes humeurs et si une pratique raisonnée de la politique de l’autruche ne me laisserait pas plus réactif aux événements…. une réflexion sur le militantisme durable en quelque sorte (tout ce qui est durable est à la mode en ce moment). Le blog « crêpe georgette » (joli nom pour un blog) propose une réflexion sur le militantisme sur internet que je trouve intéressante, d’autant que cette réflexion sur le militantisme s’élargit et que l’auteure se demande « c’est quoi militer ? ». J’ai parfois l’impression de perdre mon temps lorsque j’écris certaines chroniques et de pianoter sur des thèmes sur lesquels il n’y a plus rien à dire. J’apprécie parfois que l’on me rassure et que l’on me dise que ça sert à quelque chose de dénoncer une fois de plus les méfaits de l’argent roi, du cynisme triomphant, du pouvoir corrupteur et tutti anarcho quanti… Celui qui écrit ne sert pas forcément à rien… Un court extrait du texte de crêpe georgette (pour le reste, mieux vaut l’original que sa copie)  :

« Il n’y a pas de petit ou grand militantisme, de militantisme vulgaire ou digne. Et il n’y a certainement pas une façon de militer. Dès le moment où nous constatons les injustices que nous subissons, nous commençons à militer parce que le début de la conscientisation de classe est le début du militantisme. Qu’est ce que cela signifie ? Quand vous constatez que vous êtes victime d’une injustice et que vous comprenez que cette injustice n’est pas due à votre comportement mais émane de préjugés dus à votre genre/race/classe/etc alors c’est ce qu’on appelle la conscience de classe. Et cette conscience là va obligatoirement vous faire évoluer consciemment ou non. Et militer. »

rojava_1 Au cours de mes pérégrinations sur la toile, je me suis beaucoup intéressé à la question kurde et j’ai découvert le portail d’infos « Rojbas ». Cela fait des mois que je suis au plus près la situation dans le Kurdistan syrien. J’ai publié une chronique sur le sujet il y a quelques temps. Je suis maintenant avec beaucoup d’inquiétude la reprise des combats en Turquie. Sur Rojbas, vous pouvez lire « les raids des nervis du président Erdogan« . Cela vous donnera une petite idée de la situation dans le Sud-Est de la Turquie. Tous les moyens sont bons pour permettre au dictateur en herbe de ce si beau pays d’arriver à ses fins. Dans le « jeu électoral » en cours, la vie humaine n’a aucun prix (lire, en complément, un article paru sur le site « lundi matin« ).
Rojbas m’a permis aussi de découvrir un pan de la foi et de la culture islamique que je connaissais mal : l’Alévisme, un courant religieux dont le credo est fort éloigné de l’Islamisme radical. Il y aurait entre 150 et 200 000 Alévistes en France. En consultant ces informations, on se rend bien compte de la complexité de l’Islam et de la bêtise de ceux qui mettent tout et n’importe quoi dans le même panier. Ce qui est certain aussi c’est que les Alévistes n’ont pas la vie facile en Turquie même si la répression qui les concerne est plus subtile que celle qui matraque le peuple kurde depuis des dizaines d’années. Bref c’est intéressant mais ce n’est pas cela qui m’amènera à me convertir à une quelconque religion !

heure de la revolution Turquie, Syrie, Grèce… Je continue ma balade autour de la Méditerranée. La mascarade des élections est terminée en Grèce. D’aucuns commentent la fine stratégie de Tsipras, d’autres espèrent encore que le loup va sortir du bois. Le bruit assourdissant des abstentions (44 %) n’a en tout cas pas atteint les haut-parleurs des médias occidentaux. D’après un article récent du blog « Greek Crisis », la participation aux élections aurait même atteint 2,4 % dans un bureau de vote du Pirée (oui, vous avez bien lu 2,4 et non 24). Il s’agit d’un quartier populaire bien entendu. Mr Tsipras peut se vanter de bénéficier d’un large soutien parmi les travailleurs.
J’ai apprécié l’analyse plutôt combattive que l’on peut lire sur le blog de Yannis Youlountas. L’article s’intitule  : « L’heure des révolutions approche au Sud de l’Europe« . Je suis moins optimiste que lui, mais je partage l’une de ses convictions, c’est qu’il va se passer quelque chose. Nombreux sont ceux qui ont compris les paroles qui figurent dans l’un des couplets de l’Internationale (« Il n’est pas de sauveur suprême… ») mais trop s’attendent encore à ce qu’on les prenne par la main pour les conduire vers un monde meilleur. Quand une carte Joker est mal en point (celle de Tsipras en a pris un coup) ils en ont une autre toute prête dans leur manche. Ils semblent aussi ignorer que leurs adversaires sont des joueurs-tricheurs professionnels ! Ce qu’il nous faut ce n’est pas un atout supplémentaire ; ce qu’il faut avant tout c’est changer les règles du jeu… Une interview publiée sur le blog du Monde Libertaire permet à ceux qui n’ont jamais entendu parler ou qui connaissent mal Yannis  Youlountas de mieux cerner le personnage (à ne pas confondre avec l’autre, très médiatique, Yannis). Un court extrait de cet article dont j’apprécie beaucoup la lucidité :

Yannis-Youlountas « […] L’autre problème de l’anarchie à l’épreuve du réel me semble dans sa rencontre avec les personnes qui la méconnaissent et, en particulier, sa confrontation avec celles qui partagent un autre point de vue, utilisent des outils parfois différents des nôtres et qui, bien souvent, n’ont tout simplement pas traversé le même type d’itinéraire que celui qui nous a conduits à plus de radicalité sur la question du pouvoir. Croyants, votants, réformistes, partisans de la non-violence absolue ou, à l’inverse, d’une violence révolutionnaire sans limite : les positions comme les nuances sont infinies. Sur le front des luttes, nous sommes fréquemment entourés de personnes qui, pour la plupart, ne sont pas sur la même longueur d’ondes, bien qu’actives, généreuses ou déterminées dans un projet commun. Ce qui pose le problème des limites de notre acceptation d’autrui et réciproquement. Où les poser ? De quelle façon ? Et que signifie une limite ? Comment ne pas tomber dans la compromission et le fourvoiement, ni, à l’inverse, basculer dans le sectarisme et le clanisme d’une énième avant-garde éclairée ? […] Définir ce qu’on entend par révolution et comment on désire la faire est encore une mise à l’épreuve du réel de la pensée libertaire, par-delà les formules galvaudées, car cela nous rappelle qu’on doit partir du monde et de ses habitants tels qu’ils sont, et non pas seulement tels qu’on les désire. […] »

apprendre Je disais plus haut que j’avais élargi la liste des sites d’informations que je consulte régulièrement. Parmi les nouveaux venus, « le p@rtage » un site qui publie de nombreux textes dont le contenu interpelle (beaucoup sont des traductions) dans divers domaines : histoire, écologie, géopolitique, littérature, philo… Une masse importante de sujets de réflexion, parfois un peu arides. Je parcours régulièrement aussi le sommaire de « Terrains de Lutte » dont j’ai déjà parlé. Ce site est axé sur les sciences sociales, ce qui ne l’empêche aucunement de coller à l’actualité. Extrait du texte de présentation du site : « Terrains de luttes est animé par des syndicalistes (CGT, Solidaires, FSU), des militant-e-s associatives/ifs ou politiques (Front de Gauche, NPA, Alternative Libertaire) et des chercheuses/eurs en sciences sociales. Nous travaillons de manière privilégiée avec des éditeurs indépendants (Agone, Le Croquant, La Dispute, Libertalia, etc.) ». Je crains un peu de m’égarer dans un tel dédale et je pense que je vais être obligé de faire des choix pour ne pas me limiter à un simple survol. Nous traversons décidément une période où l’on écrit beaucoup et sur tous les sujets. Soyons optimiste et considérons que nous posons peut-être là les bases d’un futur changement radical de l’eau et du décor du bocal bleu dans lequel nous essayons de nager librement !

IMG_7312 Restent les grands anciens, référence quasi quotidienne, dont les adresses figurent dans la colonne « liens » à droite : Altermonde, Reporterre, Libcom, Basta, l’En-dehors, Utoplib… et tant d’autres ! Mention spéciale pour « Seen This » qui est une devanture bourrée de marchandises souvent très alléchantes ! Beaucoup de blogs dont j’ai souvent parlé dans ces colonnes ralentissent leur rythme de publication et c’est bien dommage, mais il faut reconnaître que c’est parfois un travail usant. Après la rédaction d’une brochure sur « l’histoire des communications » que j’avais publiée dans la collection Périscope il y a pas mal d’années de cela, je continue à être attentif à la problématique des relations virtuelles. On parle toujours beaucoup de communication entre les individus, pourtant, je constate que ma boîte mail se remplit de plus en plus de messages commerciaux, ma boîte aux lettres postale ne reçoit que de plus en plus rarement des cartes postales ou des messages personnels… Il me semble aussi que la pratique du « blog » est moins à la mode qu’auparavant ; cette façon singulière d’écrire où l’on peut, sans se mettre martel en tête, précéder (entre autres) un discours souvent politique par quelques phrases sur ses propres états d’âme. Informer en disant « Je ». Tout cela prend sans doute trop de temps dans une société où seule la vitesse semble avoir une quelconque importance. J’ai pris très tôt le virage de l’informatique et du traitement de texte. Je reste en dehors de ces pseudos réseaux sociaux où l’on étale platitudes et faits inconsistants. « Je t’appelle, je t’écris, je t’envoie un « selfie » mais je n’ai rien à te dire… Veux-tu que je te lise la liste des confitures qu’il y a dans notre placard le 22 septembre 2015 ou que je partage avec toi ma photo en gros plan devant une carotte du jardin ? »

On enchaîne…

A400

Pixels ! Pixels ! et le papier dans tout ça ? Je vous causerai « livres » un peu plus tard car j’ai fait de belles découvertes ces derniers mois. Là c’est d’un journal dont je veux vous parler. Depuis des années, comme j’ai la chance de comprendre un peu l’Italien, j’achète quelques numéros de la revue italienne « A rivista anarchica ». Je m’aperçois en fait que j’en achète de plus en plus et je crois bien que je vais finir par m’abonner tant la revue est plaisante, à la fois sur le plan du contenu, et au niveau de la qualité graphique de sa présentation. « A » vient de publier cet été son quatre centième numéro et fait ainsi la nique à ceux qui disent que les anars sont incapables de faire quelque chose de durable (de beau et d’intelligent ajouterai-je aussi au passage). Ce numéro 400 est un véritable annuaire : 404 pages en noir et en couleurs, avec une iconographie somptueuse. La couverture présente un récapitulatif des 399 couvertures antérieures. Le sommaire est aussi varié que possible : luttes en cours (No TAV), textes d’Emma Goldman, cuisine ROM, fiches de lecture, pédagogie libertaire… Impossible de faire la liste des articles tant il y en a. Une remarque en passant : alors que l’on publie en France des livres sur l’anarchisme à 40 ou 50 euro, ce numéro « hors-piste » de « A rivista anarchica » ne coûte que 10 euro en Italie et 11 à l’étranger. Commande possible sur le site de la revue. Même si vous ne lisez pas la langue de Dante et de Michelangelo, vous pouvez l’acheter au moins pour les photos !

Les premiers signes de froidure se manifestent. Je vais essayer de me concentrer sur les belles couleurs du ciel et des feuillages en automne et ne pas trop regarder la boue dans laquelle nos pieds pataugent. Je crois aussi que l’on va faire une brève transhumance dans le Sud… Le conseil du mois : n’abusez pas du vin chaud, c’est encore trop tôt dans la saison !

NDLR – Rendons à César… Le dessin numéro 5 provient du site reseaunons.net.
A part ça : si le contenu de la photo numéro 1 vous aguiche, passez à la maison manger une tartine ! A la loupe, vous verrez que la confiture aussi s’appelle « la feuille charbinoise » (ma grand-mère calabraise disait qu’il ne fallait pas mettre tous ses œufs dans le même panier). Elle (la confiture, pas ma grand mère !) n’est commercialisée que dans nos estomacs et ceux de nos amis•ies.
Photo 6, dans notre cour : il y a celles qui battent des ailes, et celles qui admirent leur élégance.

 

6 Comments so far...

Rem* Says:

23 septembre 2015 at 20:03.

Excellent billet pour s’y reconnaître un peu dans LE TOURNIS de l’actualité galopante, notamment en matière de corruptions (WV…) ou de traîtrises (Tsipras vient de s’attaquer à la télé auto-gérée d’Athènes, révèle le tout dernier billet de YY (Youlountas)…

Zoë Lucider Says:

23 septembre 2015 at 23:27.

Yannis Youlountas a réalisé un film magnifique « Ne vivons plus comme des esclaves » et en sort un nouveau, « Je lutte donc je suis ». J’ai eu l’occasion de l’entendre lors de la présentation du premier. C’est un type chaleureux, dont le discours est d’une grande et claire rigueur.
Oui, le rythme des blogs ralentit partout. C’est une activité très prenante et on ne peut pas toujours y consacrer le temps nécessaire. Lire les autres dissuade parfois d’écrire soi-même. Bien à vous

Lavande Says:

27 septembre 2015 at 12:57.

C’est pas que je te prenne pour un inculte, non, non, pas du tout… mais compte-tenu du contexte de la première photo, je me demande si tu as bien réalisé que LE crêpe Georgette est un tissus, une espèce de mousseline de soie un peu fripée, et pas du tout la cousine de la crêpe Suzette laquelle a fait la réputation de la gastronomie française tout autour du globe.

Paul Says:

27 septembre 2015 at 13:17.

@ Lavande – bon c’est vrai que je pourrais le prendre mal… mais d’un autre côté j’avoue ma totale ignorance de l’information que tu nous communiques là… Alors…

fred Says:

2 octobre 2015 at 10:56.

Un billet encore intéressant, même si le niveau de ma « culture » politique reste désespérément au raz des pâquerettes. Ton allusion à « la politique de l’Autruche » a ranimé également mon côté Militant. Tout comme Perceval, je veux militer pour une réhabilitation de la politique de l’Autruche : une politique qui va vite et qui donne de gros oeufs !
Voilà ! c’est dit !

Paul Says:

5 octobre 2015 at 18:48.

@ Fred – Un grand bonjour des montagnes de la lointaine Calabre, et bientôt des nouvelles zofficielles sur le blog.

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