5 novembre 2015
Bric à blog aux couleurs indiennes, italiennes et automnales
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .
Un an de plus, ce jour, pour le scribouilleur et bientôt un de plus pour le blog, qui, apparemment, vieillit à la même vitesse que moi. J’en profite pour envoyer mes meilleurs vœux à ma conscrite Vandana Shiva. Mes convictions sont toujours entières, mais mon énergie bouillonne un peu moins que la sienne. On fait avec tout ça comme avec le temps du ciel : brouillard le matin, on attend l’éclaircie qui ne vient pas toujours… Dans l’un de ses derniers billets, Zoë, la conteuse de l’arbre à palabres (mais non ce n’est pas elle sur la photo !), explique qu’elle évite de se brancher sur l’actualité le matin au réveil et préfère s’envoler dans le jour le cœur serein. Je ne résiste pas au plaisir de lui voler ces quelques phrases sympas :
« Le matin, je ne veux rien savoir de cette avalanche de malheurs qui tournent sur la planète, rien de rien. Je regarde le ciel, les arbres, le chat. Je me dis que j’ai beaucoup de chance d’habiter ce tout petit morceau de planète, pour l’instant préservé. Et j’ai quand même une pensée pour tous ceux que le sort et la folie des hommes ont jetés hors de leur vie ordinaire, exposés au froid, à la peur, à la haine. »
Moi je me jette avec élan sur la toile, espérant toujours (dans ma naïveté profonde) que l’espérance de liberté va enfin accompagner le soleil dans son voyage du jour. Mais en fait le rideau de plomb qui obscurcit l’horizon est juste bon pour se blesser les ailes. Peut-être vais-je suivre la voie de la sagesse et m’intéresser d’abord au spectacle des beautés naturelles qui m’entourent, plutôt que de boire le bouillon insalubre dont les dirigeants de ce monde veulent abreuver leurs peuples. Je n’en sais trop rien. Démêler le vrai du faux devient une tâche de plus en plus complexe. En attendant, je me livre encore une fois au petit jeu du bric à blog, celui de la chasse aux nouvelles qui m’ont ou qui peuvent intriguer les aventuriers suivant patiemment mes divagations…
Je trouve que ce beau texte de Dario Fo (auteur italien, prix Nobel de littérature), publié sur Altermonde, prolonge bien cette introduction entre deux eaux. Je vous en livre la conclusion : « depuis toujours le pouvoir veut faire taire les voix dissidentes : mais dans un système sain, d’habitude il trouve une limite en ceux qui s’opposent à lui. Les intellectuels, un temps, guidaient l’opinion publique. Mais aujourd’hui, qui ose relever la tête ? » A vous de découvrir le début !
Dans le monde
Si l’histoire ne te convient pas ou ne sert pas assez tes arguments, pas de problème, arrange la ! C’est la dernière trouvaille sans doute des conseillers en communication de l’ineffable Netanyahu. L’holocauste est certes l’œuvre d’Hitler, mais si ce dictateur est allé aussi loin dans sa politique d’extermination des juifs, c’est la faute… aux Palestiniens…, en l’occurrence au Grand Mufti de Jérusalem de l’époque qui a conseillé au führer de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Fallait oser, mais il est vrai que plus un mensonge est gros, plus il a des chances d’être gobé par la grande masse des fanatiques, et la non moins grande masse des indifférents à tout. Comme dirait Dudule au café du commerce, « z’ont qu’à se péter la gueule entre eux, tant qu’ils salissent pas les trottoirs chez nous ! ». Mais l’humour n’est guère de mise dans une telle situation. Je vous invite à lire l’analyse parue sur le site « Les Mots Sont Importants ». Vous aurez quelques arguments pour contrer Dudule.
Au pays de « feu les droits de l’homme », chez nous, sur cette terre qui, paraît-il a vu naître Diderot, Rousseau et Voltaire, il est maintenant contraire à la loi d’appeler aux boycott des produits exportés par un Etat qui viole quotidiennement les libertés fondamentales et s’empare des terres de ses voisins… Je ne mentionne pas le nom de cet Etat du Moyen-Orient ; vous êtes assez grands pour le deviner tout seul. Il n’en reste pas moins que lorsque j’achète des pamplemousses, des avocats ou des oranges (entre autres), je regarde attentivement où ils sont produits et je choisis. Ça, j’ai encore le droit. L’église ayant fini par admettre que la terre tournait autour du soleil et qu’elle s’était légèrement trompée face à certains astronomes de la Renaissance, on peut espérer que la clique à Hollande fera marche arrière dans quelques siècles et comprendra (quoi ? je n’en sais rien !).
Kurdistan syrien, une autre zone « chaude » de la planète. J’ai lu sur le site « la voie du jaguar » un texte intitulé « une épistémologie de la liberté« . Dépasser l’état-nation pour rétablir la paix au Moyen-Orient : voilà enfin une idée audacieuse. Mettre en place un nouveau mode de fonctionnement de la société qui échappe aux écueils les plus courants (autoritarisme, népotisme, racisme…), c’est le processus qu’ont entamé les militants kurdes des districts de Kobané, Cizîrê et Afrin en Syrie depuis qu’ils ont réussi à repousser les fanatiques de l’Etat Islamique. Un extrait du texte pour vous donner envie d’aller plus loin :
« En 2012, les Kurdes ont réussi à expulser les forces de sécurité syriennes hors des régions kurdes. Afin de combler le vide consécutif à ce retrait, le PYD a proposé de créer un nouveau modèle d’auto-administration. C’est le modèle qui fonctionne dans tout le Kurdistan occidental (Rojava, Kurdistan syrien), dans les trois cantons de Cizîrê, Kobané et Afrin. Ce type d’administration peut être qualifié d’administration politique non étatique, parce qu’il ne gouverne pas, il administre. La prise de décision part d’en bas (le peuple) vers le haut. Tous les gens peuvent s’exprimer directement dans les assemblées locales qui sont ouvertes à tous les partis politiques et à toutes les ethnies. L’écologie et le féminisme sont aussi des piliers importants. »
Dans mon assiette
Voilà que l’OMS ajoute, à son tour, un élément au débat « végétarien, non végétarien ». L’article publié sur Reporterre et intitulé « Voici pourquoi je remange de la viande« , va un peu à contre courant des tendances écolos actuelles. Quitte à me faire taper dessus une fois de plus, j’avoue que je partage les opinions et la conduite de l’auteure. Je trouve qu’il s’agit d’une réflexion intelligente sur la question (intelligente au sens de argumentée et ne se limitant pas uniquement à un point de vue affectif). Je pense aussi que seul le modèle « polyculture/élevage » dans un cadre familial ou coopératif peut permettre le développement harmonieux de l’agriculture bio. Je comprends tout à fait les motivations des végétariens, mais je suis en désaccord total avec le véganisme très à la mode actuellement. Je reviendrai sur cette question, avec des arguments à l’appui, moi aussi, dans un futur plus ou moins proche selon mes préoccupations du moment. Le choix qui me paraît écologique c’est de consommer uniquement de la viande de qualité, lorsque l’on peut en connaître la provenance, et de n’en manger que des quantités raisonnables. Il faut aussi maîtriser les conditions d’abattage. On peut éliminer complètement la viande à condition d’équilibrer ses repas, et de consommer d’autres sources de protéines provenant de l’élevage, lait, œufs ou fromages. L’OMS est simplement en train de valider ce qu’énonçait, il y a plusieurs dizaines d’années, l’agronome Claude Aubert, dans son livre « l’industrialisation de l’agriculture ». Depuis pas mal d’années, je me pose des questions sur mes choix alimentaires ; je réduis progressivement la part de la viande dans mon alimentation, mais je reste un gastronome et je continue à ne pas mettre dans le même panier un bon camembert et des cubes de Tofu grillé !
Bien entendu l’article publié sur « Reporterre » a fait des vagues. Le sujet est bientôt aussi polémique que le conflit israélo-palestinien (*). De nombreux lecteurs ont réagi aux propos de l’auteure, en bien ou en mal. La rédaction a fait une sélection parmi toutes ces réactions.
Toujours dans le même domaine, on peut lire sur « Basta » une belle démonstration du fait que l’élevage bio ça peut marcher et permettre au client de manger de la viande de qualité et aux agriculteurs de fournir une quantité de travail raisonnable et d’être rémunérés décemment. L’article présente un élevage porcin en Auvergne. Les esprits chagrins noteront que la côte de porc bio vendue sur les marchés locaux coûte deux fois et demi le prix de celle vendue dans les hypermarchés… Ma conclusion logique c’est que s’il faut en passer par là, et si c’est justifié, on mangera tout simplement deux fois et demi moins souvent de côte de porc. Quant au saucisson, eh bien on fera des tranches deux fois et demi plus fines ! C’est meilleur… Contrairement à ce que pensent certains végans (dont l’absence d’ouverture d’esprit me fait un peu peur), tous les éleveurs ne sont pas des sadiques et des assassins en herbe. Un peu de retenue permettra de progresser dans le débat !
Pour finir avec le contenu de mon assiette, il y a un autre sujet, moins polémique à aborder, mais très « tendance » aussi, le gluten. Je trouve, encore une fois, que Reporterre a publié une bonne synthèse à ce sujet : « Intolérance au gluten, la malbouffe est responsable« .
Culture anarcho-biologique
De l’estomac, direct au cerveau ! Je suis, entre autres, un fan de la grande dame du roman américain qu’est Ursula Le Guin. Je trouve qu’elle est fort peu connue en France et lorsque je trouve enfin une étude intéressante qui lui est consacrée sur un site francophone, cela me fait bien plaisir. Signé Adeline Baldacchino, cet article publié sur « The dissident » et intitulé « Ursula le Guin, ou la politique en poésie« , fait le tour de l’œuvre extrêmement diverse de cette auteure prolifique. Dans l’un de ses derniers textes publiés, « Lavinia », Ursula K. Le Guin, renouvelle le genre du roman historique. Lavinia, épouse d’Enée, survivant de la guerre de Troie, raconte sa vie dans un petit village du Latium… Ce n’est pas le livre que je préfère d’Ursula Le Guin, mais je reconnais avoir éprouvé un plaisir certain à le lire. Parmi ses ouvrages les plus récents (traduits en français), je préfère la trilogie « Dons – Voix – Pouvoirs », et parmi les plus anciens, des titres comme « La main gauche de la nuit » ou « les dépossédés »… Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de découvrir son œuvre, je vous invite à le faire… Si votre niveau en anglais est suffisant, je vous propose d’aller faire un tour sur son blog. Je vous recommande notamment d’écouter le discours qu’elle a prononcé à l’occasion d’une remise de médaille littéraire importante… Je vous ai peut-être déjà fourni ce lien, mais bon, avec l’âge, faut pardonner le rabâchage !
A part ça, toujours dans le domaine de la littérature, j’ai appris la disparition d’Ayerdhal, le 27 octobre… Encore un mec bien qui disparait… La faucheuse fait vraiment n’importe quoi. Si elle a besoin d’une liste d’objectifs intéressants, je la lui fournirai sans peine, mais, de grâce, il faut qu’elle cesse de rayer des cadres actifs les gens que j’aime bien… Un bel hommage, à lire d’urgence, sur « Actu du Noir » : « Ayerdhal, merci pour tout« . Mon roman préféré : « Parleur ».
Notre voyage en Calabre, m’a donné le goût d’approfondir mes connaissances en Italien : celles ci sont trop parcellaires et bien désordonnées, ce qui me pose de sérieux problèmes dans une conversation. Je me suis donc mis à lire quelques textes dans cette belle langue, notamment les articles de la revue « A » à laquelle je me suis finalement abonné. J’ai commencé aussi à écouter plusieurs chanteurs dont les textes me plaisent beaucoup : Fabrizio De Andrè (disparu en janvier 99), Marco Rovelli, Alessandro Lega, pour n’en citer que quelques uns. Comme j’ai besoin des paroles écrites pour comprendre, mes recherches sur la toile m’ont ramené vers un site que je connaissais déjà mais qui est particulièrement précieux dans le domaine de la chanson dite « engagée ». Il s’agit de « Antiwar’s song », ou, version italienne « canzoni contro la guerra » et même « chansons contre la guerre » dans la langue que je connais le mieux. Je vous indique le lien vers la chanson « la comunarda » de Marco Rovelli, mais les paroles ne sont pas traduites ! La base de données est colossale. Le site est hébergé et administré en Italie mais propose des chansons « piochées » sur tous les continents. Il s’agit d’un site contributif : personne ne vous interdit d’envoyer vos propres découvertes.
L’événement de ce bric à blog : une info ayant trait au « sport » !
Il y a une photo qui avait fait couler pas mal d’encre lorsqu’elle a été publiée en 1968 à l’occasion des jeux olympiques de Mexico. On y voit trois athlètes sur un podium. Deux noirs qui lèvent un poing vindicatif, et un blanc qui pose bien gentiment… L’histoire de cet athlète blanc est maintenant connue, grâce à une étude publiée sur le site « démotivateur ». Elle n’est vraiment pas réjouissante et nous rappelle à quel point la question de l’apartheid a été et reste (sous une autre forme) brûlante à une époque pas si éloignée que ça. Le texte s’intitule « Voici la véritable histoire de l’homme blanc qui n’avait pas levé le poing« . Je ne vous en dis pas plus, si ce n’est qu’il ne s’agit aucunement d’un conte de fées.
De plus en plus de monde, autour de moi, se prend de passion pour la course à pied. Il paraît que quand on court beaucoup l’effet ressenti est le même qu’en fumant un bon p’tit joint des familles (et de culture bio). De là à ce qu’on découvre que la chaîne « Décathlon » dissimule un réseau de narcotrafiquants !
Ajouts de dernière minute : (*) de nombreux exemples pourraient étayer cette affirmation. Un qui me fait marrer : dans son dernier numéro, le mensuel CQFD a reproduit en photo un bombage sur un mur : « protégez un pissenlit, mangez les végans ». Ça n’a pas manqué. Quelques jours après, les locaux du journal étaient tagués : « sauvez du PQ, torchez vous avec CQFD »…
Pitain, j’ai pas noté le crédit des photos, ça craint
5 Comments so far...
la Mère Castor Says:
8 novembre 2015 at 15:41.
tiens, ça fait tellement du bien à lire, tout ça, que je sens la névralgie s’évanouir, le rhume se ratatiner, l’estomac respirer…
La Feuille Charbinoise, panacée de l’internet, merci !
Paul Says:
8 novembre 2015 at 18:27.
@ Mère Castor – Alors ça, des vertus thérapeutiques, quelle fierté ! De la fierté au mercantilisme ou à la professionnalisation il n’y a peut-être qu’un pas… Ah ! ah ! je sens que je vais étudier une formule d’abonnement style Médiapart. Mort au rhume vive les grogs !
la Mère Castor Says:
9 novembre 2015 at 18:52.
(je sens poindre la secte… j’ai toujours pensé que c’était un métier d’avenir, et y’a pas d’âge pour s’y mettre)
Zoë Lucider Says:
15 novembre 2015 at 20:50.
Merci cher Paul de citer l’arbre et ainsi de cotoyer une femme que j’admire beaucoup .
Hélas je n’ai pu passer à côté des dernières nouvelles même si j’ai soigneusement évité de regarder les cadavres. Je hais la guerre et ce goût de la mort que développent tous ces furieux. J’ai lu les textes que vous avez postés (plus haut) en commentaire du carnage .Youlountas est un type très bien que j’ai eu le plaisir de rencontrer au cours de la présentation de son film « Ne vivons plus comme des esclaves » stimulant! J’irai voir « je lutte donc je suis ». Quant à vos positions gastronomiques, elles sont très proches des miennes. J’ai la chance de pouvoir acheter de la viande à une éleveuse qui respecte ses bêtes. J’en mange peu et ça ne coûte pas vraiment plus cher. C’est le seul poste où je ne cherche pas l’économie. Pour les autres, ma foi récup et débrouille. En attendant que le cric nous croque…
Paul Says:
16 novembre 2015 at 08:17.
@ Zoë – Merci pour la visite et pour ce commentaire qui me va droit au cœur. Pour garder l’espoir il faut quand même suivre un peu l’info et entendre d’autres voix, les voix de celles et ceux qui sont encore capables de jouer le rôle de phares dans un monde d’obscurité et de destruction. Toutes les semaines précédentes j’ai vu passer les infos sur le commerce d’armes florissant de la France. J’ai vu et entendu les médias parler de « heurts » pour les victimes palestiniennes et de « terrorisme » pour les Israéliens tués. J’ai vu et entendu les médias parler de « frappes » pour les « attaques ciblées » des avions français et de « bombardements meurtriers pour la population civile lorsque c’étaient les Russes qui s’excitaient. J’ai vu l’indifférence des médias pour les victimes du crash aérien dans le Sinaï, parce qu’il n’y avait pas de citoyens de la première zone du monde… Je vois des peuples entiers, comme les Kurdes, servir de marchandise et d’objets de tractations entre les marionnettes sinistres qui décident du bien et du mal…
Bon courage aux survivantes du « Rana plaza » qui montent leur coopérative textile. Bonne chance aux hommes et aux femmes du Rojava qui tentent de survivre à la guerre avec de nouvelles règles communes. Bonne chance pour nous, que nous puissions continuer à jouir paisiblement des couleurs de l’automne pendant encore quelques années…