7 janvier 2009
Je suis un hortisylvibiobotaniculteur distingué
Posté par Paul dans la catégorie : Delirium tremens; les histoires d'Oncle Paul .
Et non un politologue. Je sais que le mot est dur à prononcer, mais en reprenant son souffle on y arrive. Ça m’a pris comme ça ; en cette période de l’année où l’on distribue les légions d’honneur ou les prix Nobel de bellicisme aux pires cancrelats de la stratosphère, il me fallait un titre honorifique et un bon. Je me suis donc accordé le diplôme prestigieux suivant : chevalier de la feuille d’or de l’hortisylvibiobotaniculture. Je me suis renseigné avant car je craignais que l’on paie les trophées à la lettre, et, comme il y en a vingt-six, ça allait me coûter bonbon. Mon conseiller fiscal m’a rassuré, c’est surtout la complexité graphique de la feuille que l’on a choisie de reproduire qui coûte un max. Je me suis donc rabattu, comme modèle, sur une petite feuille de bout de branche de noisetier (sans les chatons) et je l’ai découpée dans un couvercle de boîte de camembert car mon conseiller bancaire m’a dit que l’or était plutôt coûteux en ce moment. Prêt à tout pour avoir ce trophée, je n’aurais pas hésité à vendre l’intégralité de ma collection reliée de « mon tricot, ma maison » (le Grand Manitou sait pourtant à quel point j’y suis attaché). Je pensais que cela aurait suffi mais mon conseiller juridique m’a assuré que non.
J’ai donc consacré pas mal de temps à la création graphique de mon diplôme, puis, ne reculant devant aucun sacrifice, je suis passé à la réalisation de la feuille d’or sans or. Je suis très content du résultat bien que je n’aie pas réussi à me débarrasser de l’odeur assez prégnante de fromage…
Certains vont peut-être se demander pour quelles raisons j’ai obtenu, à l’unanimité de mon jury réuni au grand complet, une telle distinction honorifique. La réponse facile ce serait de leur rétorquer que je mérite bien un petit quelque chose puisque Sylvie Vartan et Michel Leeb (au hasard !) ont eu la légion d’honneur cette année. Je pourrais même pousser l’outrecuidance jusqu’à insinuer que je fais plus pour mes arbres, mes carottes et mes fleurs que ce que la susnommée starlette ou le non moins célèbre Bashung ont fait pour la chanson française, mais ce serait prétentieux. Malgré cette avalanche de distinctions honorifiques qui me tombent sur la tête, je tiens à rester humble et à garder une relation amicale, simple et humaine avec mes admiratrices (mes admirateurs aussi mais pas pour les mêmes raisons). Afin de respecter cette sublime (mais pas ultime) volonté, j’ai décidé que la remise du titre aurait lieu au cours d’une cérémonie privée. Je suis en train de réfléchir intensément au costume que je porterai à cette occasion, hésitant entre le bicorne des académiciens et le chapeau grotesque des saint cyriens. Dans mon cas, je pense qu’un bonnet orné de plumes de faisan et de gousses de févier me conviendrait parfaitement.
Je tiens à signaler aux notables responsables de ce genre de distribution débile que le diplôme d’HSBB obtenu grâce à mon mérite et à un minimum de corruption me suffit largement. Au cas où certains de ces crétins auraient eu quelques velléités de penser à moi pour un truc genre prix Femina ou Nobel de la Paix, j’arrête. Je ne voudrais pas que mon modeste manoir soit assailli par des hordes de journalistes plébéiens venus faire le trottoir avec des micros. Ces gens-là ne mettent généralement pas de pantoufles pour marcher sur les parquets, qu’ils soient de pin, de noyer ou d’ébène, et il faut courir des heures après la femme de ménage pour qu’elle veuille bien nettoyer. De plus, quand je leur propose de se rendre « au champ d’honneur » pour admirer « de visu » la « grandioseté » de mon travail, ils répondent généralement que leurs frais de déplacements ne couvrent pas la progression en terrain boueux, neigeux ou trop humide, et que ce genre de travail relève plutôt de leurs confrères « correspondants de guerre ». De plus, un sujet d’une telle importance géopolitique risquerait de faire l’ouverture du JT de TF1 et là, je l’avoue sincèrement, ça me ferait carrément gerber. Considérez donc que ce billet sera ma seule intervention dans les médias au sujet de ma promotion. L’audience croissante de la « feuille charbinoise », surtout les jours où elle publie ce genre de chroniques, garantit à elle seule un retentissement suffisant !
Sur ce, je vous quitte ; mon œuvre créatrice continue en 2009. Le temps de poser ma veste d’intérieur en cachemire et d’enfiler ma combinaison en peau d’ours, je m’en vais « aux champs » voir à quel emplacement je pourrai planter le cormier que j’ai promis à Krapo d’installer dans mon arboretum. Je précise à l’attention du robot de veille informatique de la Direction Centrale du Ragot et de l’Improvisation que ce texte n’a rien de politique. Il inaugure simplement une nouvelle catégorie de fictions portant le label « delirium tremens ». L’actualité me rend malade, particulièrement au Moyen Orient. Les propos tenus par certains « supplétifs des chargés de com de Tsahal » qui errent dans un certain nombres de blogs n’arrangent rien. J’espère que nos vaillants nemrods du renseignement ne chercheront pas à tout prix à décoder un message subliminal et néanmoins terroriste qui serait dissimulé dans ce texte. Il ne faudrait pas confondre trophée invisible avec comité du même nom, cormier avec caténaire ou cachemire avec insurrection. Le code (que j’utiliserai peut-être un jour) sera beaucoup plus complexe sans doutes ! Remplacer S…..y par Iznogoud, le petit timonier ou Louis XVI, c’est beaucoup trop voyant.
Notes : tout va bien, Martine Aubry vient de découvrir que les Israéliens avaient envahi la Bande de Gaza. De là à ce que le PS trouve que Tsahal exagère un peu, il n’y a qu’un pas, sans doute franchi dans un mois ou deux.
3 Comments so far...
fred Says:
7 janvier 2009 at 11:30.
Sachez Monsieur l’hortisylvibiobotanicultureur que « le chapeau grotesque des saint cyriens » s’appelle un CASOAR !
Zoë Lucider Says:
30 janvier 2009 at 16:29.
Encore un trophée que je n’aurai jamais. j’en crève de jalousie. D’autant qu’au féminin ce serait encore plus ridicule comme d’habitude. Il me reste à créer ma propre rustine : ce sera la croix et la bannière de la meilleure retourneuse de crèpes et récureuse de chaudron. Et ça j’en suis certaine, personne ne songera à me le disputer
Paul Says:
30 janvier 2009 at 18:05.
« Meilleure retourneuse de crèpes ! » A mon tour d’être jaloux ! Voilà le genre de diplôme pour lequel je veux bien participer au jury ! Ça me branche plus que d’avoir à statuer sur bien des titres idiots. Quant à récureuse de chaudron… Faut savoir ce qu’il y avait dans le chaudron : je veux bien être du service de prérécurage. Je promets que l’année prochaine je créerai une distinction qui soit facile à féminiser. Quoique « hortisylvibiobotanicultrice » ça sonne pas mal je trouve !
Au plaisir de vous relire !!!