26 décembre 2007
Rêve hobbital
Posté par Paul dans la catégorie : Boîte à Tout; Humeur du jour .
Je me suis réincarné en hobbit… Réincarné, en fait je ne sais pas, car cela s’est fait progressivement, sans que je ne m’en aperçoive vraiment. Je m’en suis rendu compte l’autre jour, en fin d’après midi, alors que j’étais entrain de contempler, dans une béatitude proche de l’extase, le clignotement du sapin de Noël qui se dresse fièrement dans un angle de la salle à manger. Je me suis dit alors que quelque chose avait changé en moi pour que je sois capable de rester ainsi, une bonne dizaine de minutes, et ce à une heure plutôt éloignée de celle de mon réveil, en méditation devant les joies simples de l’existence. Depuis, mon cerveau s’est mis à réfléchir à cette grave question, notamment lors de mes insomnies, et j’ai mesuré toute l’ampleur de cette « transfomutation » surprenante. J’ai cherché les analogies et les différences avec les petits personnages de Tolkien, et j’ai finalement trouvé pas mal de similitudes. Certes je n’ai pas les pieds poilus, mais j’adore les « charentaises » bien fourrées et bien chaudes dans lesquelles je suis capable de passer des journées entières ; Dame Nature m’a pourvu d’une taille qui me permet de me déplacer, sans avoir le dos voûté, dans les caves construites par mes ancêtres qui ne devaient pas être bien grands, ou alors pas très courageux… Ma maison est construite au pied d’une colline boisée où coulent un grand nombre de sources claires… Mon médecin estime même que je porte quelques kilos superflus, à cause desquels il voudrait m’infliger un régime bien cruel… Mais ce n’est pas tant au niveau physique mais au point de vue moral que je trouve les symptômes les plus aigus de la mutation. Quelques exemples…
J’adore avoir beaucoup d’amis. J’aime qu’ils me rendent visite. J’adore qu’ils me fassent plein de cadeaux et j’aime leur en offrir à mon tour. Un cadeau doit absolument être emballé, car il faut, pour jouir pleinement du plaisir du cadeau, entendre le bruit du scotch qu’on décolle et celui du papier que l’on déchire et que l’on froisse. Le cadeau, c’est avant tout la surprise : recevoir quelque chose que l’on attendait, mais pas tout à fait, quelque chose qui se situe sur la marge de l’une de nos passions ou de nos centres d’intérêt. Le bon cadeau c’est le « coup de pouce » pour franchir le pas, l’interdit, satisfaire le désir un peu inavouable, un peu honteux peut-être… La « chose » que l’on aurait pas acheté parce qu’elle est un peu trop luxueuse pour un budget raisonnable, ou un peu trop « juste à côté » de ce à quoi on s’intéresse de façon bornée. Le cadeau bien choisi ouvre l’esprit de celui qui le reçoit, comme l’ami que l’on rencontre au détour d’un chemin et qui vous raconte une histoire nouvelle. Du coup, choisir un cadeau, c’est un vrai travail et cela demande du temps. C’est un vrai plaisir aussi lorsque la démarche aboutit : parmi tous les objets que j’ai sous les yeux, quel est celui que je vais choisir et qui aura l’effet escompté, la petite lumière, le petit déclic dans les yeux… Evidemment il y a aussi des « ratés », des « matoms » comme l’on dit chez les hobbits. Pour eux, c’est un sport national de faire circuler ces « matoms » de maison en maison, puisque l’on se fait des cadeaux en tous lieux, en tout temps et à toutes occcasions. J’ai remarqué que le « matom » c’est plus souvent un cadeau « relationnel » (peut-être professionnel devrais-je dire) qu’un témoignage d’amitié. Moi je diverge un peu avec les hobbits à ce sujet là : je conserve mes cadeaux les plus bizarres dans un grand carton. L’avenir, avec sa grande sagesse, décidera sans doute de leur usage le plus rationnel.
J ‘aime avoir une « dépense » (chez nous on dit plutôt un cellier) bien remplie. Les étagères couvertes de pots à thé, de confiture, de verrines en tous genres, me sécurisent. Le spectacle d’un gâteau entrain de lever dans un four peut me ravir l’âme au degré numéro 6 sur l’échelle de Simplet. Par contre je ne fais pas autant de repas qu’un hobbit moyen et j’ai réussi à résister jusqu’à présent au thé de cinq heures avec son incontournable pâtisserie effroyablement calorique. J’aime le jardinage, surtout les fleurs, et les feux d’artifice font partie de mes spectacles favoris. J’ai bien sûr le goût d’une bonne bière, blonde, ambrée ou brune, selon l’occasion, mais, pour moi, l’alcool n’est pas un plaisir solitaire mais une découverte partagée… Comme mon lointain cousin Bilbo, j’aime les aventures, surtout quand elles sont terminées, pour pouvoir les raconter, devant une chope de…. Bon, je sens que je bégaie… Un bon hobbit doit raconter de belles histoires mais doit absolument éviter de radoter ! Là-dessus il parait que Peter Jackson remet la main à la pâte et nous prépare le tournage de « Bilbo le Hobbit » pour 2009, en deux opus successifs qui plus est ! Rien que du bonheur… Si j’étais maître Tolkien, je m’en retournerais d’aise dans ma tombe et j’inviterais mes amis les nains à radoter devant une pinte de…
Et bien voilà c’est fini. Encore un témoignage de la décadence petite bourgeoise intellectuelle aurait dit un mien ami, il y a une bonne trentaine d’année. Il avait l’art de lire les pensées de Mao dans le marc de café, et m’aurait sûrement fait une ordonnance pour trois mois de rééducation à la campagne, aux champs, avec les « travailleurs de la terre ». Pff ! Moi, aux champs, j’y serai, dans moins de trois mois, vous pouvez me croire, et sans avoir besoin de la condamnation d’un quelconque tribunal populaire ! Je m’excuse enfin pour la dernière image de cet article. J’espère qu’elle n’est pas trop insoutenable en ces lendemains de fêtes. Je n’ai pas voulu placer de photo de sapin enguirlandé ; j’avais peur que certains ne « zappent » cette chronique en croyant qu’elle parlait de Noël et de Petit Jésus… Que votre sapin béni clignote longtemps pour vous et vous protège des frimas de l’hiver !
One Comment so far...
fred Says:
26 décembre 2007 at 12:46.
Je te rassure ô grand ZIHOU, rien d’insoutenable dans ton article. J’y ai même trouvé de quoi alimenter mes rêveries bureautales. Sans oublier la petite digression sur l’emballage des cadeaux qui m’ouvre des perspectives vraiment alléchantes … Finalement, moi aussi, j’ai de plus en plus l’impression de m’hobbitiser. C’est peut être le début de la sagesse ?
Par solidarité je vais remettre à la mer cette méduse bourrée qui se prenait pour un oeuf en gelée.