16 avril 2018
Potins désabusés sur une putain d’actualité hexagonale
Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour; Vive la Politique .
Le Président Macron, comme nombre de ses prédécesseurs malheureusement, ne laissera dans l’histoire, après un passage sans doute assez bref, que le souvenir d’un Président qui aura matraqué les jeunes, volé les vieux, démoli encore un peu plus le service public, bref répondu en disciple appliqué aux objectifs de la feuille de route de la Finance toute puissante. Point barre. Là devrait s’arrêter les commentaires que j’ai envie de faire sur l’actualité hexagonale du moment, à savoir le mouvement social piloté par les cheminots et les étudiants, ainsi que sur la casse monumentale effectuée par les « Forces de l’Ordre » sur la ZAD de Notre Dame des Landes. Mais mon dégoût est trop immense pour ne pas déborder. Deux mille cinq cents policiers, armés jusqu’aux dents, pour démonter une chèvrerie en bois et quelques beaux lieux de vie communautaire ; le tout dans une ambiance de guerre civile : bouclage d’une région (comme au bon vieux temps à Creys-Malville), interdiction de présence aux journalistes des médias officiels, pourtant habitués à passer la brosse à reluire sur les paroles et les actions du démagogue qui préside à nos destinées. Les chemins creux de la ZAD, je souhaiterais de tout cœur que ce soit le bourbier dans lequel va définitivement s’enliser la fameuse « République en Marche » vers on ne sait trop quoi, si ce n’est plus de profits pour les uns et moins de libertés pour les autres. Sacrée Révolution : aller de l’avant en retournant vers l’arrière dans ce qu’il a de pire !… Encore une fois, on voit ce qui se cache derrière les promesses électorales des uns et les soi disant engagements écologiques des autres. Comme l’a si bien dit Emma Goldman : « si les élections changeaient quelque chose, il y a longtemps qu’elles seraient interdites ! »
En attendant, les espoirs de certains néoruraux se sont envolés en fumée, les pâturages sont tellement imprégnés de produits toxiques que les vaches ne sont pas prêtes à retourner brouter et notre matamore national et son équipe de gros bras ont pu montrer, le temps de faire quelques estropiés, qu’ils avaient « la situation bien en main ». J’espère que les espèces protégées dans le secteur apprécient les fumigations envoyées par les écologistes en bleu marine… Quelques jours après le début d’un saccage qui n’est que l’illustration du crétinisme des élites qui président les diverses administrations concernées, les bonnes volontés accourent d’un peu partout pour reconstruire ce que les robocops ont mis à terre. Je crois qu’à NDDL, il n’y a pas que les blindés de la gendarmerie qui s’embourbent. La « démocratie » dont certains se gargarisent aura du mal à sortir indemne de la crise. En attendant, cher Monsieur le Président, on comprend qu’il n’y ait pas d’argent pour créer des postes dans les écoles : l’opération d’assainissement en cours à NDDL coûterait de 300 000 à 400 000 euros par jour…
Quand on voit ce que valent les propos apaisants tenus par la Préfète du secteur de NDDL, ou par l’Enarque nommé à la « communication » à la SNCF, on se fait une idée du point auquel toute notre hiérarchie administrative est gangrénée par les profiteurs, les carriéristes et les cyniques. De la monarchie absolue, nous n’aurons bientôt plus changé que le nom et le mouvement qui a été amorcé en 1789, il va bientôt falloir le recommencer tout à la base, sinon, faute de pain, il faudra bien qu’une large fraction de la population se contente de brioche sans lait et sans œufs. Que ceux qui ferment les yeux sur la situation actuelle, ceux qui jouent l’indifférence, la lassitude ou l’individualisme, sachent bien que c’est pour eux que se battent les cheminots. Aux ruines de la SNCF s’ajouteront rapidement celles de tous les autres services publics : école, hôpitaux, services postaux… Le travail de sape est largement commencé, il ne manque plus que quelques coups de butoir que le gouvernement tient tout prêts dans ses dossiers. Il suffit de regarder le discours des Médias aux Ordres : tout ce qui est public est ringard… L’école publique on n’y fait plus rien à part essayer de maintenir un semblant d’ordre. Les hôpitaux, on crève dans les urgences et l’on est moins bien soignés que dans les cliniques. La Poste vend des pin’s, des cartes à gratter, des placements boursiers et ne s’occupe plus qu’accessoirement d’acheminer du courrier… On voudrait nous faire croire que tout cela c’est parce que les fonctionnaires ne font plus leur travail ! Il serait plus honnête de préciser qu’ils le font dans des conditions de plus en plus inhumaines, depuis que la ligne directrice de tous les projets de réforme c’est devenu « licencier, économiser de l’argent, faire du profit ». Ce qui ne correspond en rien à l’objectif premier d’un service public.
Comment supporter que le fonctionnaire en chef de tout cela, celui qui joue au chef d’orchestre depuis son palais, puisse se permettre de répondre au personnel d’un hôpital que l’on ne peut pas faire de miracle et qu’il n’y a plus d’argent alors que dans un même temps on annonce le déblocage d’une quantité astronomique de milliards d’euro pour rénover la force nucléaire militaire. La réponse honnête serait plutôt de dire que l’on préfère jouer la carte de l’industrie d’armement plutôt que celle de la santé publique. Dans ces conditions, le choix de ceux qui croient encore au pouvoir des urnes au XXIème siècle, serait peut-être légèrement différent ! « Vous préférez qu’on soigne votre cancer ou que l’on bombarde les civils du Yemen, par mercenaires interposés ? » Tout cela bien entendu ne peut se faire que si l’ordre régalien règne sur toute la France. Que ceux qui pensent encore que l’équipe de malfaiteurs au pouvoir mène une politique progressiste se demandent par exemple ce qu’il serait advenu du Larzac et de ses exploitations agricoles en parfaite santé, si le « camarade » Collomb avait été au pouvoir en 1981 ? Une « coopérative » gérée par Vinci ? Un centre international d’entrainement à la guerre civile et à la guérilla rurale pour les polices de l’UE ? Un aéroport pour « désenclaver » Millau ? Sinistres Crétins… En tout cas, bravo à l’aide-soignante qui a refusé de serrer la main du Président, considérant que ce n’était qu’un « menteur ».
Bref, pour répéter ce que j’ai dit plus haut. Tout cela m’écœure mais ne me laisse en rien indifférent. Je soutiens, le plus activement possible, les luttes en cours. Une belle « commémoration » de Mai 68 me ferait bien plaisir. Mais pour l’heure, je préfère me réfugier dans mon jardin, ma ZAD privée, en étant bien conscient de la précarité de mes précieux acquis ! Ne me jetez pas la pierre : je suis fatigué de danser depuis des années un pied en avant, deux pieds en arrière… Sauf erreur de ma part, j’ai la triste impression que l’on recule dans trop de domaines, même si l’on avance dans d’autres. La génération montante me paraît heureusement largement porteuse de projets plus authentiquement révolutionnaires que celle des représentants de commerce « d’En Marche ». Un jour, promis, je vous ferai une liste sommaire de tous ces lieux où se construit un avenir serein pour l’humanité… Pour illustrer mon propos, je lève ma tasse de thé à la santé des ouvrières et des ouvriers de la coopérative Scopti. Si j’ai limité ce billet aux événements nationaux, ce n’est pas parce que j’oublie la situation au Yemen, au Kurdistan ou en Palestine… C’est malheureusement parce qu’il faut bien faire des choix…
PS : l’heure arrive d’illustrer cette chronique puis de la publier. Je n’ai pas envie de repeindre ce blog en bleu marine, alors je vais essayer de trouver autre chose que des alignements d’uniformes. Merci à Reporterre, Basta, Patrick Mignard, et à quelques photographes non identifiés.
One Comment so far...
la Mère Castor Says:
19 avril 2018 at 11:05.
Sans informations depuis une dizaine de jours, je découvre cette histoire, ici et ailleurs, images à l’appui. Des images de guerre…Merci pour ce billet (et pour l’autre, le promis version positive, hein ! )