27 septembre 2009

Parler portugais…

Posté par Pascaline dans la catégorie : Carnets de voyage; Le sac à Calyces .

evora Carte postale du Portugal – 5

Pour être honnête, j’avoue d’emblée avoir déjà fait une visite dans la langue portugaise, il y a bien longtemps, quand nous commencions à tourner nos projets vers ce lointain ouest. Deux trois leçons apprises dans un livre, et dont il n’était resté que les « ch ». En effet, le portugais chuinte beaucoup et l’on en fait vite un jeu. « Tu fais quoi che choir ? – Che chors ! » Portugais niveau moins 2 environ.

Courant août, j’ai bien vu que Paul avait des fourmis dans les pattes, des rêves en azulejos, du fado en surimpression, et j’ai compris qu’il y avait urgence à rouvrir le grand livre : parler une langue étrangère m’est un bonheur… et mon niveau est toujours beaucoup plus bas que celui auquel j’aspire. Pouvoir échanger directement, sans chercher ses mots, comprendre ce que dit votre interlocuteur, diverger sur un sujet ou un autre, voilà mon rêve. Je suis une incorrigible bavarde de la multi-langue…

Mais le grand livre, je ne l’ai guère ouvert que début septembre. Et puis chez soi, à quoi bon dire des mots qui n’ont pas de sens autour de soi ? Et une fois dans le pays qu’on est venu chercher, on a autre chose à faire, les yeux écarquillés sur les paysages, pour les plonger dans les lignes du bouquin.

Je dois préciser que j’ai ramé : en portugais, le « s » se prononce non seulement « s » ou « z » comme chez nous, mais aussi « ch ». Sont fous, ces Portugais. En plus, ils élident comme c’est pas permis : nous, nous disons « du » à la place de « de le », franchement, c’est élégant, non ? Mais les Portugais pratiquent cet art de façon systématique.

Et je n’en suis qu’au commencement du début du démarrage.

En anticipant, en feuilletant quelques pages à l’avance, je me suis aperçue que mes difficultés ne faisaient que commencer !

ecolemusique Franco-française d’origine, ayant eu un bon niveau en espagnol quand je le pratiquais, baragouinant en italien le strict nécessaire (bonjour – au revoir – merci – je ne comprends pas), je trouve le portugais plus difficile que les autres langues latines, et suis bien trop novice pour pouvoir comparer les difficultés entre le portugais et le français.

Cela dit, une langue qui a besoin de quatre syllabes pour dire « merci », je trouve cela fort sympathique : « obrigada », au féminin, « obrigado » au masculin, quand tant de gens, se contentent du monosyllabique « thanks »…

Alors, parler portugais ? Tous les guides vous le diront : les Portugais sont ravis que vous leur parliez dans leur langue. Je me mets à leur place : en France, j’apprécie moi aussi que l’on s’adresse à moi dans ma langue, quitte à aller chercher moi-même quelques mots dans celle de mon interlocuteur si l’échange se fait difficile. Les guides vous diront aussi d’éviter l’espagnol pour vous adresser à des Portugais. L’espagnol n’est pas du portugais pas plus que le portugais n’est de l’espagnol. Je suis d’accord avec les guides. Comme si on me parlait espagnol, italien ou portugais en exigeant que je comprenne, sous prétexte que ce sont des langues très proches de la mienne !

tagfeminisme Sans vouloir pousser trop loin le discours, je trouve que parler la langue du pays où l’on se trouve est une forme de respect de l’autre, une acceptation de sa culture, sans laquelle l’échange sera appauvri.

Comme tout un chacun, j’ai donc commencé à me familiariser avec la langue, sans chercher à aller vite, mais approfondissant à mesure, afin de consolider le minuscule bagage constitué. J’ai bénéficié d’enregistrements (méthode achetée et exercices trouvés sur internet) sans lesquels j’aurais eu un mal fou à former mon oreille et ma propre prononciation.

Est venu le moment de me jeter à l’eau, le neuf septembre précisément, dans l’après-midi, à l’entrée d’un terrain de camping. Mon premier discours est resté très modeste : « Bonjour, parlez-vous français ? » Moment magique : cette suite de syllabes sans queue ni tête pour moi, choisies avec soin, prononcées au moment opportun, a obtenu un résultat, une réponse. Bon, la dame parlait français et nous en sommes restés là pour les langues étrangères.

Mais j’avais prononcé la formule correctement et le résultat avait suivi !

Un moment plus tard (compter le temps d’installer le campement) deuxième coup de baguette magique dans une rue à Bragança. J’ai demandé à une passante le nom de la rue où nous nous trouvions, et le résultat a été d’abord décevant : elle a marmonné je ne sais quoi et continué sa route. Sur le seuil de sa boutique, une femme a levé les bras au ciel, articulé lentement le nom de la rue, et, cerise sur le gâteau, nous l’a située sur notre plan.

Que de chemin parcouru depuis ces balbutiements !

Aujourd’hui, je rentre dans un commerce, je demande telle ou telle chose, et c’est seulement au bout de deux ou trois phrases que je prononce l’incontournable « parlez-vous français ? »

Mon niveau s’est élevé rapidement avec la remontée en mémoire de l’espagnol, qui aide, je ne peux pas le nier !

napoleon Un dimanche soir, à Coimbra, nous étions pris en sandwiche (sandes, prononcer sandèch) entre deux couples de Français, l’un des deux sympa et l’autre… français. Le serveur était débordé, pourtant il était hyper content que je lui parle en portugais et il prenait toujours un moment pour échanger. « Vous parlez bien » m’a-t-il dit, et j’ai répondu que je parlais très peu, ce qui est vrai – s’il savait ! Il a été aux petits soins avec nous.

Le couple, là, est parti, hautain, fier, raide, droit, rigide, avare de paroles, pendant que nous offrions notre reste de vin à l’autre couple – erreur dans la commande, mais, franchement, je préfère ne pas prononcer correctement « demi-carafe » et être comprise quand je dis « le Portugal est un beau pays, on y mange bien », ce genre de choses qui font s’élargir les sourires.

Alors – puisqu’il me faut bien prêcher un peu – je vous en prie : quand vous allez dans un pays étranger à l’étranger dialecte, apprenez-en quelques mots. Mieux, commencez à l’avance pour vous pénétrer de l’esprit de la langue. Apprenez peu de mots, mais sachez les assez pour répondre automatiquement les incontournables « bonjour – au revoir – merci – je ne comprends pas », et si vous avez un tempérament liant, vous ferez des rencontres par la seule magie des mots. Des mots des autres qui ne sont pas les vôtres.

Bon, on parle quoi, en Roumanie ? J’anticipe, j’anticipe, mais je me demande si…

4 Comments so far...

Pourquoi Pas ? Says:

27 septembre 2009 at 22:17.

A deux reprises déjà, des méthodes d’espagnol ont traînées sur ma table. Mais je n’ai pas le talent de ma mère pour l’apprentissage dans les livres. Je lis la page, je relis, pis après ? Bin… hum… bon, il faudra que j’attaque la deuxième page d’un guide un jour ! Au moins être capable de dire « buenos dias, astaluego, gracias, no abla spanol, no comprendere ». Peut être même l’écrire !

Leirn Says:

28 septembre 2009 at 10:50.

En Roumanie ? on parle romanche… ou inversement.
J’ai découvert récemment que roumains et romanche se comprenaient…

Clopin Says:

28 septembre 2009 at 19:00.

C’est marrant, on a eu les mêmes expériences pendant notre escapade à Lisboa à Pâques avec le Portugais et à Firenze cet été avec l’Italien ! Vive les langues étrangères !
Mais on en reparlera…

LePtitLu Says:

28 septembre 2009 at 20:24.

Oi ! J’ai bien reçu votre carte. Obrigada, obrigado.
Très sympa cette chronique. Elle donne envie de partir en voyage.
Gros Beijos !

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