17 novembre 2009

Tout ce dont ce blog n’a pas parlé en deux ans…

Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .

Une chronique anniversaire (g)lucide mais sans lipides…

mon-liquidambar-en-2009 Ce blog a deux ans et le liquidambar emblématique (*) qui guide nos pas a grandi aussi. Plutôt que les bougies traditionnelles, je choisis donc une photo de l’arbre prise ces derniers jours. Je me laisse encore aller à fêter cet anniversaire-là mais je vous ferai peut-être grâce des deux ou trois suivants. Ce n’est pas certain, car j’adore les anniversaires…  Mais bon, je ne vais pas non plus passer mon temps à contempler le nombril de « La Feuille », ça deviendrait lassant, d’autant qu’il est d’autres œuvres plus anciennes et plus respectables que la somme des élucubrations dont mon clavier est l’auteur depuis vingt-quatre mois. Si j’accuse mon « clavier » c’est parce que, d’une part il faut toujours un responsable à tout, et que d’autre part, lorsque je me lance sur la rédaction d’une chronique, j’ai parfois l’impression que ce sont mes petits doigts ensorcelés qui prennent le commandement du navire. Pour changer un peu, j’ai décidé de souffler la bougie de ce deuxième anniversaire, non en faisant la liste des sujets abordés dans ce fourre-tout écolo-historico-libertaire, mais en lançant quelques réflexions sur les ingrédients que j’ai omis d’ajouter dans le bol du mixer. Ce besoin de me justifier est un peu lié à la maxime figurant, tel un fer de lance, dans l’en-tête de cette « Feuille » en technicolor : « Pour tout dire et ne rien dire à n’importe quel sujet, n’importe quand, mais pas tout à fait n’importe comment… ». J’ai mis un moment à l’élaborer et je la revendique toujours comme devise pour cet empilement de chroniques. Restons modeste : cela ne veut pas dire que j’ai l’intention de parler de tout et d’imiter l’encyclopédie de Diderot. Disons que je suis un peu surpris, car je constate que j’ai purement et simplement ignoré certains sujets d’actualité importants, ou que je me suis contenté de les effleurer… d’où cette interpellation. Je constate qu’il y a quelques lignes de force dans mon propos, mais aussi bon nombre de sujets ignorés, mal traités, ou volontairement laissés de côté. La pirouette que je pourrais faire à ce sujet, c’est de dire tout simplement que cette « définition » de mon blog a le mérite de me laisser une porte ouverte pour l’avenir… Ce serait pure lâcheté de ma part, car bon nombre de thèmes brûlants de l’actualité n’ont pas été abordés jusqu’à présent pour des motifs délibérés : soit par inculture totale ou désintérêt pour la question, soit par crainte des débats stériles, lorsqu’il s’agit de sujets particulièrement polémiques, donnant lieu uniquement à des échanges d’invectives d’un inintérêt notoire. Exemple type de problème à caser dans cette dernière catégorie : Israël et la Palestine. Dès que l’on dénonce la politique extrémiste d’Israël, la caravane passe, les chiens aboient et une pluie d’invectives s’abat sur l’auteur du texte… Si par hasard on prétend soutenir la cause du peuple palestinien mais que l’on n’adhère ni au nationalisme ambiant, ni à l’islamisme radical, ou que l’on exprime une quelconque méfiance à l’égard des leaders du moment, la caravane passe, les chiens….Ce jeu là ne m’intéresse pas pour l’instant car il n’a aucune influence sur l’essentiel à savoir l’amélioration des conditions de vie des peuples concernés.

fontaine-lamego-portugal Il ne s’agit pas là du seul sujet brûlant de l’actualité de ces dernières années. Un phénomène du même genre se produit (mais avec des retombées moins incandescentes) lorsque l’on aborde la problématique Chine – Tibet. Choisis ton camp camarade, évite les nuances trop subtiles, seule la langue de bois conduit au Paradis. Les équations sont simples : Tibet indépendant = Dalaï Lama, pro-palestinien = antisémite ou pro-palestinien = pro-burka… J’en passe et des meilleures. Nos grands « philosophes de salon » sont là, notamment en ce qui concerne le Moyen-Orient, pour veiller à ce qu’il n’y ait pas de dérapage, immédiatement qualifié d’antisémite : on ne remet en cause ni le dogme « un grand Israël, un seul peuple élu… », ni l’excuse facile de la légitime auto-défense, genre « tu m’envoies une pierre, je te bombarde au phosphore ». Ce genre de polémique me donne la nausée et je préfère m’abstenir (ou presque) de dire tout haut ce que je pense tout bas. Notez bien que la situation n’est pas nouvelle ! Il fallait voir dans les années 1920, de quelle manière on traitait ceux qui doutaient de la dictature du prolétariat comme voie royale pour conduire au communisme et à l’émancipation des peuples… Les « justiciers masqués » essayaient déjà de faire régner la loi et l’ordre sur le champ de bataille. Les communistes orthodoxes méritaient le titre de champion en la matière… Plus récemment, et bien entendu à un degré beaucoup moins élevé de gravité, je me souviens de certains débats lors d’une élection présidentielle récente… Ceux qui ne voulaient pas tomber dans le piège électoral et pensaient qu’il ne fallait voter ni Chirac ni Le Pen,  furent largement invectivés par leurs « camarades de gauche » : il faisaient le jeu de l’extrême droite, le lit du fascisme… J’en passe et des meilleures. Quand ces arguments « massue » (**) s’avéraient insuffisants, d’autres ajoutaient (sans rire) que Chirac, élu par des voix de gauche, serait obligé de mener une politique « sociale » ! Bref l’utilisation des techniques de l’assimilation hâtive, de la déformation des propos et de la calomnie n’est pas vraiment nouvelle dans ce bas monde.

ange-azulejos-lamego Je reconnais très humblement qu’il y a aussi des sujets que je n’aborde pas, non par souci de polémique (je ne rejette pas toutes les polémiques… loin de là) mais simplement par incompétence notoire. Il y aurait beaucoup à dire sur la situation politique, économique ou écologique en Afrique par exemple, et je me rends compte qu’au fil des articles que j’ai publiés, je n’ai pratiquement jamais parlé de ce continent. Peut-être est-ce l’ampleur du dossier qui me fait peur, ou le fait que le monde est si vaste qu’il est difficile d’en examiner toutes les régions à la loupe. Pour des raisons identiques ou presque, je ne parle que très peu d’économie… Beaucoup de choses très intéressantes (et surtout très intelligentes) sont publiées dans ce domaine-là et j’avoue que je suis quelque peu impressionné. Lorsque j’aborde ce registre, c’est surtout pour faire part de mes interrogations ou de mon indignation profonde. Le fait de ne pas connaître un dossier de façon approfondie n’empêche pas, à mon avis, d’avoir une opinion instinctive. Lorsque l’on me raconte qu’il faut absolument « renflouer » les banques qui perdent de l’argent, vous comprendrez que je sois méfiant, même si je ne connais que de façon très très superficielle les mécanismes boursiers. Mon poil se hérisse lorsque l’on m’explique que la démolition systématique et programmée des services publics est « incontournable » et qu’il ne faut pas s’attacher à toutes ces « vieilles conquêtes sociales » inadaptées à notre moderne société libérale.  Les « a priori » ne sont pas forcément une catastrophe pourvu que l’on soit prêt à en changer. Bien des pistes, évidentes dans un premier temps, peuvent s’avérer être des choix erronés.
Dans le domaine culturel, je préfère m’intéresser plutôt aux phénomènes marginaux, laissant à d’autres, plus compétents, le plaisir de disséquer le dernier prix Goncourt, les prouesses de tel ou tel soprano, ou commenter jusqu’à plus soif les dernières sorties cinématographiques. Il y a des « tares » que je revendique fièrement, comme celle de préférer le roman policier aux romans classiques ou de préférer la lecture d’un bon Zévaco à celle des prix littéraires (règles souffrant bien entendu de nombreuses exceptions). Je n’interviens dans le champ culturel que lorsque je pense avoir déniché un trésor que j’ai eu plaisir à ranger dans mon placard des curiosités (comme l’angelot qui figure en tête de ce paragraphe !).

sculpture-cathedrale-rouen La recherche d’une troisième voie n’est pas forcément un faux-fuyant, mais certains ne l’ont visiblement pas compris. Ne revendiquer aucune appartenance politique précise, n’adhérer à aucun parti existant, permet au moins de conserver un regard critique, et évite de construire des raisonnements en empilant des slogans tels des boîtes de conserve. Je ne trouve aucune chaussure à mon pied, dans les mouvements écologistes structurés. Je reproche aux uns leur fascination pour le modèle politique existant et leur participation acharnée au jeu électoral. Je n’admets pas la vision très étroite et par conséquent déformée du monde, de la part de certains groupes devenus plus « environnementalistes » qu’écologistes. Pour moi, l’homme fait toujours partie de l’écosystème ; il en est certes le prédateur le plus redoutable mais ce n’est pas une raison pour exclure toute considération humaniste et sociale du débat sur l’avenir du monde. En résumé, lorsque j’entends certains abrutis déclarer que « c’est terrible la guerre au Congo parce qu’il n’y aura bientôt plus de gorilles », j’ai envie de sortir mon revolver et de faire place nette. Je revendique assez clairement (du moins je l’espère) une philosophie et une éthique libertaire, mais côté action politique, je doute un tant soit peu. D’abord j’ai du mal à voir l’autogestion généralisée devenir l’idée force de la bande de vieux frileux sécuritaires qui donne le « la » à l’orchestre social ces dernières années. D’autre part, pour faire bref, aucune des mouvances révolutionnaires actuelles  ne me convient : trop d’analyses simplistes ou uniquement critiques, trop de slogans, une « pureté idéologique » bidon qui amène parfois à critiquer plus violemment ses proches que ses ennemis héréditaires… Je me méfie des banderoles et des militants prompts à faire le tri entre ceux qui ont le droit de marcher derrière et ceux qui ne l’ont pas. Les gens qui n’ont pas d’autres recettes à proposer que celles qui ont déjà conduit à des impasses autrefois m’inquiètent également. Une lecture historique de la politique est indispensable si l’on veut faire avancer le schmilblic. Je me contente donc de propager quelques idées venimeuses sur le web, lâchement dissimulées entre un billet sur le désherbage des carottes et un autre sur l’art de picoler bio. Pour échapper à cette propagande subliminale, il ne vous reste plus qu’à vous faire vacciner ou à prendre un comprimé de Tamichose tous les matins.
J’en reviens à mon autocritique du jour : ça fera toujours plaisir aux derniers lecteurs staliniens de mes divagations petites bourgeoises.

chemin-forestier Mea culpa pour plein d’autres raisons aussi : à l’occasion de cet anniversaire-là, je voulais changer le bandeau du blog, refaire le texte de présentation, vous annoncer l’ouverture d’un site un peu plus étoffé que celui-ci (que je vais finir par intituler « l’Arlésienne » si ça continue), reprendre en main les autres pages de « La Feuille »… Je voudrais notamment que la page « solidarité Tarnac » devienne « solidarités » tout court. Les exactions commises par nos gouvernements se multiplient de même que les mesures liberticides. Nombreux sont ceux qui en paient la facture et il y a un devoir d’information qui est, à mon avis, impératif. Mieux vaut mettre deux couches de confiture sur une tartine plutôt que manger le pain sec.
J’ai l’immense honneur de vous annoncer – et vous avez de suffisamment bons yeux pour vous en apercevoir – que rien, absolument rien, de ces promesses que je m’étais faites n’est réalisé. Pour un blog qui « surménage » c’est un peu raté. Mais je suis tenace et ne renonce point, ce qui fait qu’à Noël (au balcon) ou à la Trinité (au gibet), je suis sûr qu’un tsunami viendra un peu lécher les côtes de ce continent un peu trop pépère… Ce que j’espère surtout c’est que les lectrices et les lecteurs qui apprécient la biodiversité (dans toutes ses excentricités) resteront encore fidèles pendant quelques mois ou quelques années ! Amitiés à toutes et à tous et n’hésitez pas à boire un canon à la santé de ceux qui sont impliqués dans cette aventure « feuillesque » !

Notes complémentaires : (*) depuis la publication d’une gentille chronique intitulée « sous l’écorce de mon liquidambar« , le nom de cet arbre est devenu la première clé de recherche permettant d’aboutir à ce blog sur un moteur de recherche bien connu. J’avais lâchement exploité ce succès en publiant, à l’occasion de la deux centième chronique de la « feuille charbinoise », un billet traitant réellement de cet arbre (« Liquidambar, la star« ). J’ai décidé de publier chaque année une photo du liquidambar que j’ai planté en 2001 dans mon mini arboretum. Il faut dire que mi-novembre c’est le moment idéal pour lui « tirer le portrait » : son feuillage est éblouissant.
(**) Un argument « massue » c’est un argument que l’on pouvait employer sans complexe à l’âge de pierre….

5 Comments so far...

Phiphi Says:

17 novembre 2009 at 13:32.

Bon anniversaire à la Feuille!
Et longue vie à elle!
Je ne doute pas que nous aurons longtemps le plaisir de lire vos divagations petites bourgeoises 😉

fred Says:

17 novembre 2009 at 15:02.

Bon anniversaire à la feuille Charbinoise ! Prospérité et longue vie !
(manque plus que des chroniques sur le Foot et le catch pour que mon bonheur soit total, euh non, pas « TOTAL », ce suppôt pétroléifère ! disons plutôt « complet » comme le pain.)

la Mère Castor Says:

19 novembre 2009 at 09:57.

bon anniversaire et merci de ne pas enfoncer les portes béantes de la toile. C’est pour ça que je viens ici.

Paul Says:

19 novembre 2009 at 18:45.

Merci pour vos bons vœux et bon anniversaire aussi à REZO.Net, le portail des copains qui fête ses dix ans ! Longue vie à ce portail d’informations très complet et très ouvert…

Lavande Says:

20 novembre 2009 at 15:03.

Quelques jours d’absence et on n’arrive plus à suivre le mouvement.
Un très bon anniversaire et longue vie aux bonnes feuilles du Charbinat.

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