26 avril 2010
Dix ans qu’on plante…
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour...; Notre nature à nous .
Non, je ne publie pas aujourd’hui une autocritique exclusive des programmeurs de Windows. D’abord ça ferait plus de dix ans et ensuite ça pourrait laisser envisager que j’ai une nette préférence pour Mac OS et Apple, ce que l’on ne dit pas, histoire de ne pas relancer une polémique aussi stérile qu’éternelle… Non je vous parle du terrain qu’on a récupéré grâce à un échange de propriété en 2000 et que l’on essaie, peu à peu, de faire évoluer du stade initial « champ de maïs » à un stade final indéterminé auquel on a bien du mal à donner un nom : parc ? parc arboré ? arboretum ? Aucun des qualificatifs ne correspond vraiment. Le terme de parc laisse entendre que l’on habite un château et ça me gêne un peu aux entournures, d’autant qu’habiter un château cela laisse supposer qu’on aurait les moyens financiers de faire bosser quelques sous fifres dûment salariés à notre place pour « paysager », planter et entretenir…. Nous n’en sommes malheureusement pas là et nous cumulons les emplois non rémunérés mais néanmoins indispensables au bon fonctionnement de cette neuvième merveille du Dauphiné en devenir. Chaque année, l’arrivée du printemps est à la fois enthousiasmante et stressante, car nous savons qu’une avalanche de travaux va nous tomber sur le paletot, les tâches en retard ayant le don de s’ajouter aux nouveaux travaux liés à la saison. Depuis quelques années j’ai découvert deux choses fondamentales : d’une part le temps n’est pas extensible et chaque nouvelle activité qui s’ajoute en élimine automatiquement une autre à laquelle on s’adonnait au préalable ; d’autre part il y a une pièce particulièrement fragile dans le dispositif ambitieux que je mets en place pour répondre à la demande saisonnière… il s’agit du dos du travailleur. Au sortir de l’hiver, quand on charrie les premières brassées de bois ou qu’on creuse les premiers trous pour de nouveaux végétaux à mettre en place, je m’aperçois que ma colonne vertébrale n’est pas constituée de pièces de Légos techniques et qu’elle est parcourue par un réseau de nerfs particulièrement sensibles. A moins que je ne me trompe aussi sur les Légos : peut-être ceux-ci souffrent-ils quand on les manipule à tort et à travers.
Comme la charge de travail printanière habituelle ne devait pas me paraître suffisante, j’ai décidé aussi de construire un nouveau local, spatieux et rationnel, pour installer ma chaudière à bois et l’ensemble des dispositifs complexes qui accompagne ce système de chauffage a priori pourtant « naturel » : un ballon pour ceci, un ballon pour cela, une collection de tuyaux, de vannes, un branchement pour un chauffe-eau solaire dont l’installation a été sagement reportée à l’année prochaine…. Une vraie centrale nucléaire sans plutonium si j’en juge par la doc que m’a laissée mon plombier, et par les schémas que j’ai trouvés sur les sites de bricoleurs fous sur Internet. Déjà l’ancienne installation, j’avais dû numéroter les robinets pour m’y retrouver… alors la nouvelle, faudra envisager une gestion avec un système informatique (qui ne plante pas !). Donc, entre deux paniers d’herbe à la tondeuse, un petit retournement de tas de compost et quelques sarclages de pommes de terre, je m’adonne avec joie au plaisir de la bétonnière que l’on remplit pour la vider aussitôt, et aux exercices d’équilibre sur échaffaudage avec parpaings en béton à bout de bras. Parfois je me mélange un peu et j’en viens à observer l’allure de mes pommes de terre avec un fil à plomb ou à envisager un scellement au prompt pour une salade qui penche un peu sur sa racine… Rien de bien grave jusqu’à présent puisque je n’essaie pas de « greliner » ma dalle en béton ou de semer des radis dans les trous des moëllons. Mais quand même, l’excès de travail, c’est clair, ça travaille le mental (en plus du physique !).
Vous noterez avec quelle habileté je vous ai déroulé ces deux paragraphes, chapelet d’excuses faciles, avant de vous parler de l’état de friche dans lequel somnole le blog en ce moment. Je tourne au ralenti en ce qui concerne l’ordinateur et je me contente de rédiger des chroniques qui s’arrêtent au bout d’une dizaine de lignes, en me disant que dès que j’aurai une heure ou deux il faudra que je développe car l’idée est intéressante. Notez bien qu’il suffirait que le baromètre se dérègle un peu et que le mauvais temps s’installe pour qu’une avalanche de chroniques vous tombe sur le coin de la figure comme des parpaings bien mûrs. Il n’y a en effet nulle velléité de ma part d’abandonner ce blog parce que je serai fâché par les Huns ou par les zôtres. J’avoue même que l’absence de ma dose d’écriture quotidienne me manque un peu, mais que voulez-vous, il faut savoir parfois souffrir un peu et répondre ainsi à l’appel de la destinée : la mienne est de planter des arbres et des arbustes. Une infirmière psychopathe a dû me faire en douce une piqûre de Giono quand j’étais un peu plus jeune. Je suis investi d’une mission non divine (pour un assimilé libertaire ce serait le comble) et je ne peux y échapper. D’autres quêtent le graal ou veulent bouter les hordes étrangères de France (un sacré boulot aussi quand ils auront réalisé – ces cons-là – que nous sommes tous plus ou moins étrangers à ce pays à un moment donné de notre histoire généalogique)…. Moi, je plante, au grand dam de ma chère et tendre compagne qui me suit vaillamment dans cette aventure délirante. Ce comportement pathologique reste incompris par beaucoup de mes visiteurs ; un certain nombre d’entre-eux estime qu’un comportement plus « sain » pour un retraité serait sans doute de passer d’un trois étoiles en Andalousie à un camp d’internement pour touristes en Crète, en prenant du « fun » à bronzer au bord de la piscine… Je m’y vois tout à fait, dans ce rôle là, le tube de crème solaire à la main, vautré dans une chaise longue en train de compter mes orteils pour voir si j’en ai toujours cinq à chaque pied. Pour que je me fasse prendre au piège, il faudrait au minimum que l’hôtel soit autogéré et que les clients soient incités à mettre la main à la pâte pour construire les bungalows…
La « Feuille charbinoise » va donc avoir une nouvelle utilité pour vous : il se pourrait bien qu’elle remplace la grenouille dans le bocal météorologique. Ça donnerait un truc du genre : » tiens, il a publié une chronique… il pleut ou il vient de pleuvoir » ou alors « il ne publie plus que des commentaires laconiques de temps à autre, la pression atmosphérique est élevée, il fait chaud et beau (ou l’inverse, c’est une contrepèterie) dans le Dauphiné du Nord-Est, là où on s’est fricoté avec ces sacrés Savoyards pendant pas mal de siècles. Ils font les malins ceux-là parce que ça fait 150 ans qu’ils sont rattachés à la France… Le jour où les tarés qui rêvent de bouter les étrangers hors du monde auront les pleins pouvoirs, ils sont mal barrés nos gentils montagnards… Cent cinquante ans, à l’aune de l’histoire de l’humanité, ça ne pèse pas lourd. Seuls ceux qui pourront prouver que leurs ancêtres habitaient Lascaux et autres HLM de la préhistoire en Dordogne ou dans les Pyrénées (sur le bon versant) auront le droit de rester. Ils ne sont pas nombreux ceux-là. Mes quartiers de francitude ne remontent qu’au XVIème – XVII ème siècle en ce qui me concerne. Je ne suis pas sûr d’avoir le droit légitime à la nationalité du béret et de la baguette. De surcroît j’ai hérité des terres agricoles de mes proches ancêtres mais pas de leurs convictions religieuses, alors…
Bon tout ça ce n’était qu’une introduction, un prétexte à publier une jolie série de photos de notre jardin, parc, arboretum… Si ça vous dit de venir visiter, n’hésitez pas, on aura toujours une pelle, pioche, brouette, tondeuse, fourche (rayer les mentions inutiles) à vous confier… Et puis la saison des amélanches approche !
Commentaire des photos : peu d’arbres, surtout des arbustes plus spectaculaires en cette saison. Rassurez-vous, les arbres auront leur « mosaïque » pour eux tout-seuls dans quelques semaines. En cliquant sur les images on peut les agrandir. Si l’une d’entre-elles vous plait particulièrement, envoyez un courrier sympa et je vous l’enverrai « personnellement » en plus grande résolution, dès que l’heure de la prochaine sieste aura sonnée. (1) travaux d’agrandissement de la maison « des maîtres » ! – (2) la floraison du pommetier est toujours aussi extraordinaire – (3) Par devant ce sont des coeurs de Marie, par derrière des spirées japonaises – (4) L’entrée du clos où nous allons construire notre future cabane – (5) Gloire au père David et à son érable – (6) qui va gagner la guerre ? bambous ou pissenlits ? on se demande… – (7) un lilas fleuri, classique mais charmant et surtout odorant ! – (8) une partie de la rocaille – (9) un « rond » de spirées avec un photinia au milieu : c’est très seyant – (10) Nuances de rouge sur Berberis, photinia, prunus, lilas et autres – (11) Viorne boule de neige s’apprêtant à bouledeneiger intensivement – (12) Viorne plicata en boutons et chèvrefeuille de Tartarie (encore un métèque) – photos © Monsieur ou Madame Feuille-Charbinoise.
15 Comments so far...
JEA Says:
26 avril 2010 at 16:26.
Mais « parc » peut aisément se passer de l’ombre d’un château, regardez les parcs à huîtres…
Lavande Says:
26 avril 2010 at 16:46.
La première photo est mieux en petit qu’en grand, où l’on voit une moche camionnette !
Le bâtiment (je veux dire l’annexe du château) n’est pas encore fini que l’arbuste censé l’embellir a déjà poussé: chapeau!
Paul Says:
26 avril 2010 at 19:10.
@ JEA – Non pas les huitres, pas les huitres…. Brr ! Quelle horreur ! Transigeons plutôt sur parc d’attraction – l’attraction étant l’illuminé qui saute du motoculteur à la tondeuse, puis de la tondeuse à la pioche – ou à la rigueur parc éolien, vu le vent qui a soufflé aujourd’hui…
Paul Says:
26 avril 2010 at 19:13.
@ Lavande – Aujourd’hui il y avait un pingouin qui faisait de l’équilibre en altitude sur l’annexe du château, histoire de prendre des repères pour construire les deux pignons et positionner la poutre faitière. Le pingouin ayant le vertige, le travail n’a pas avancé ben ben vite !
Paul Says:
26 avril 2010 at 19:15.
@ Etrusque – avant qu’il ne commente pour râler. L’article où il était question d’Etrusques bizarres est remis à d’autres lendemains. Je prie ceux qui ronchonnent parce que je ne réponds pas à tous les commentaires ou bien pas assez vite que cette fois j’ai répondu à l’un des prochains commentaires avant même qu’il ne soit écrit. Pour ce qui est de la promesse non tenue je me condamne à boire un petit verre de rouge pour arroser tout ça !
Paul Says:
26 avril 2010 at 19:58.
@ JEA – Va pour « parc d’abstraction » ; j’ajoute foliaire. Ça me va bien ! Bravo à l’imagination des Ardennais !
Grhum Says:
26 avril 2010 at 20:31.
J’imagine que la piqûre de Giono fait référence subtilement à la belle nouvelle de l’auteur « L’homme qui plantait des arbres », dont je ne saurais également trop recommander la lecture…
JEA Says:
27 avril 2010 at 15:47.
« l’homme qui plantait des arbres » a été transposé en dessin animé, voici belle lurette (du vivant de Giono si je ne me plante à mon tour), mais de manière aussi artistique que très crédible
Phiphi Says:
28 avril 2010 at 10:42.
Non seulement le bunker grandit, mais je constate avec stupeur qu’une voie carrossable s’avance dans le parc!
La trop grande fréquentation de membres de l’Equipement, sans doute 😉
Paul Says:
28 avril 2010 at 12:55.
@ Phiphi – Dans carrossable il y a carrosse… Château, parc, carrosse… ça ne s’arrange pas ! La principauté du Charbinat envisage le rétablissement du transport en cabriolet, carrosse ou diligence. Pour la chaise à porteurs on a renoncé : aucun porteur bénévole n’a répondu à notre petite annonce…
Paul Says:
28 avril 2010 at 12:58.
@ JEA et Grhum – C’est bien à « l’homme qui plantait des arbres » que faisait référence mon allusion à Giono. Petits, moyens, grands, je plante, je plante… Ça me console de couper ou d’acheter déjà coupé. Je ne connais pas le dessin animé. Je ne me souviens que d’un téléfilm passé à la télé il y a longtemps, mais j’en ignore le réalisateur… Ce n’était pas trop mal, sans plus.
la Mère Castor Says:
30 avril 2010 at 08:41.
Bonne idée de jouer la grenouille, je ne suis pas trop là non plus, mais le jardin avant tout, heureusement !
Jack C Says:
12 mai 2010 at 17:39.
Très beau votre jardin ! Pour ma part, j’ai planté (ou plutot l’horticulteur pas cher du tout de Géraldine nommé Chenavier est venu planter) une haie diversifiée (61 arbustes)le long de la route plus quelques arbres. ça change tout !!! faudra venir voir ça ! tu m avais promis de venir cet hiver avec une bûche de bois, mais les promesses on sait ce que c’est……..Cela dit ta bûche tu peux encore l’amener car le poele tourne toujours !
a bientot
Jack
Paul Says:
12 mai 2010 at 19:34.
@ Jack C – planter, faire planter, l’essentiel c’est que ça pousse. Bravo pour la haie variée, ça casse la monotonie. On ne manquera pas de passer un de ces quatre pour admirer l’ouvrage…