28 mars 2008

Toumani Diabaté et la kora

Posté par Paul dans la catégorie : ingrédients musicaux .

toumanidiabate.jpg La musique adoucit les mœurs plus que l’actualité politique sans doute… alors parlons un peu musique. En ce moment, les sonorités que l’on entend le plus sur « radio Charbinat », ce sont celles de la kora de Toumani Diabaté, chanteur griot du Mali. Son dernier album « The Mandé Variations » est absolument superbe. Le disque est d’une qualité constante : je ne pourrais pas dire qu’un morceau soit vraiment supérieur à un autre, à part « Cantelowes » pour lequel j’ai un petit faible. Toumani Diabaté sait tirer partie des sonorités de la kora comme aucun autre joueur au monde. Ali Farka Touré disait à son propos : « Toumani, c’est le dieu de la kora, il est incomparable et fait ma fierté (…) Les mots me manquent pour qualifier ce qu’il fait pour l’art africain. Il n’a pas de rival dans son métier, il est né dans la kora, il sait ce qu’il en fait et c’est unique au monde. N’importe quel joueur de kora essaie d’être Toumani Diabaté, mais c’est très difficile »

toumani-diabate2.jpg Toumani Diabaté est né à Bamako, au Mali, en 1965. Son père était déjà un très grand musicien de kora et Toumani a commencé à jouer dès l’âge de cinq ans. A huit ans il se produisait déjà sur une scène publique et peu de temps après il était invité à se joindre à l’Ensemble National du Mali. En 1983, il a fait une première tournée en France, en tant que musicien accompagnateur de la chanteuse Kandia Kouyaté. En 1987, il débarque sur la scène internationale avec son premier CD « Kaira ». Depuis, il donne des concerts dans le monde entier et il a sorti 11 disques, seul ou en collaboration avec d’autres musiciens. Son album « in the heart of the moon », réalisé en collaboration avec Ali Farka Touré (malheureusement décédé), obtient en 2006 le Grammy Awards du meilleur album traditionnel de musique du monde. Il donne une partie de ses concerts en solo, d’autres avec le « Symmetric Orchestra ». Toumani Diabaté définit lui même ce groupe comme étant la reconstitution culturelle de l’Empire Mandingue. La quinzaine d’artistes qui le composent viennent de plusieurs régions du Mali, mais aussi de pays voisins comme la Guinée, le Sénégal, le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire. Ce groupe réunit des musiciens de différentes générations, parlant aussi bien le Bambara que le Wolof. On comprend que Toumani Diabaté puisse parler de « reconstitution culturelle » : « le Symmetric Orchestra emploie les anciens rythmes et leur donne des arrangements totalement originaux, puis il prend de nouvelles chansons et leur donne d’anciens arrangements traditionnels » explique-t-il.

mande-variations.jpg Dans l’album « Mandé Variations », le musicien joue en solo et nous offre une magnifique démonstration de musique « classique » africaine. Pour Toumani Diabaté, la musique africaine ne se limite pas à des rythmes, des percussions et de la danse. Il y a aussi une musique africaine pour la méditation. Le fait de jouer seul lui permet, en concert ou bien dans ce disque, d’être plus libre et de se livrer plus facilement à des improvisations, qui sont, il faut le dire, particulièrement harmonieuse. Dans un monde qui perd la boule et dans lequel une foule de gens court après l’argent et les biens matériels, le joueur de kora veut délivrer un message spirituel, transmettre la sagesse des griots et inciter à la méditation. « La kora, beaucoup de monde maintenant sait à peu près à quoi ça ressemble, comment c’est fabriqué, qu’elle comporte 21 cordes, déclare le musicien. Mais peu connaissent son message spirituel ».

joueur-de-kora.jpg Malgré l’affirmation de Toumani Diabaté concernant la kora, je ne suis pas sûr que tout le monde sache bien à quoi ressemble cet instrument. Je vous en propose une photo (un joueur du Ghana tient l’instrument dans ses mains) et un bref descriptif. La kora est une harpe-luth traditionnelle, dont l’origine remonte à l’époque de l’Empire Mandingue. Elle est l’instrument incontournable accompagnant le récit des griots. Sa caisse est fabriquée à l’aide d’une demi-calebasse de 60 cm, recouverte sur le dessus d’une peau de vache. Un trou d’une dizaine de centimètres, percé en haut à droite sur le côté de la calebasse permet la sortie du son. Le manche mesure un mètre vingt à un mètre quarante et il sert de point d’attache aux 21 cordes. Des chevilles en bois, ou des clés mécaniques, selon la facture plus ou moins ancienne, permettent d’assurer la tension de ces cordes et d’accorder l’instrument. La décoration de l’instrument peut-être extrêmement riche : sculptures sur le manche et gravures sur la caisse, clous tapissiers dorés pour fixer la peau tendue…

La musique africaine nous réserve décidément de bien agréables surprises et je vous invite à consacrer quelques minutes à l’écoute de l’un des morceaux de « Mandé Variations « . Peut-être serez vous sensible, comme moi, au plaisir de l’instant… Le mieux à faire à ce moment là, c’est de tout arrêter, de vous installer dans un fauteuil confortable avec une boisson à votre convenance, et de savourer… la totalité du disque !

3 Comments so far...

fred Says:

28 mars 2008 at 12:29.

ah ben mince alors ! Moi qui croyais que la KORA était un lieu mystique abritant des fungis et ou les steaks hachés s’amputait de 50% automatiquement !

Paul Says:

28 mars 2008 at 12:54.

Eh oui ! La ferme « la Kora » que tu as connue tirait bien son nom de l’instrument africain… Je dis « tirait » car c’est devenu un centre de logement (une vingtaine d’appartements y ont été aménagés avec plus ou moins bon goût). Feu les stages de jeu ! Encore le bon vieux temps qui fout le camp !

Cousine Zabeth Says:

9 avril 2008 at 17:38.

On peut avoir une copie???

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