7 décembre 2007
Le Héron dont on parle ici n’est pas celui que l’on croit…
Posté par Paul dans la catégorie : Histoire locale, nationale, internationale : pages de mémoire; Sciences et techniques dans les temps anciens .
mais c’est un sacré bonhomme !
Héron d’Alexandrie, vous en avez entendu parler ? C’est un inventeur grec qui a vécu au premier siècle avant J.C. à l’époque de l’Empire romain. En fait les projets et les travaux qu’il a réalisés sont mieux connus que le personnage lui même, puisque l’on ne sait ni en quelle année il est né, ni en quelle année il est mort. Je me suis intéressé à Héron lorsque j’écrivais mon histoire de l’informatique pour la collection Périscope des défuntes P.E.M.F., car il a beaucoup travaillé sur les automatismes et créé plusieurs machines hydrauliques assez passionnantes.
Ce thaumaturge (puisque c’est ainsi que l’on désignait les inventeurs à son époque) devait être un bon vivant puisqu’on lui doit notamment une fontaine à vin assez perfectionnée, et un mécanisme d’ouverture et de fermeture automatique des portes du temple de … Bacchus (On trouve une très belle illustration de ce montage à cette adresse). Le seul problème qu’il y a avec Heron d’Alexandrie, c’est qu’en fait on ne connait ses travaux qu’à travers les multiples réécritures et rééditions de ses ouvrages, aussi bien en langue latine qu’en arabe, qui ont été faites au fil des siècles. Il est donc un peu difficile de déterminer la part réelle du savant grec dans les documents qui nous sont parvenus.
Heron d’Alexandrie met au point également l’éolypile qui est une forme primitive mais ingénieuse de machine à vapeur. De l’eau est chauffée dans une chaudière hermétique de laquelle ne sort qu’un seul tuyau qui pénètre dans une sphère montée sur un axe. Deux tubes coudés en opposition sortent de la sphère et la font tourner.
Dans son livre intitulé « traité des automates », Heron décrit plusieurs dispositifs qu’il propose d’intégrer au fonctionnement d’un théâtre. L’un des chapitres évoque un mécanisme permettant à des figurines de se déplacer au devant des spectateurs ; l’autre propose au contraire aux spectateurs de se déplacer pour suivre le déroulement de l’action des automates. Voici comment l’auteur décrit la scène (qui concerne encore Bacchus !) :
« On installe l’appareil automatique en un lieu déterminé dont on s’éloigne incontinent. Peu d’instants après, le théâtre se met en marche jusqu’à un certain endroit, où il s’arrête. Alors l’autel placé en avant de Bacchus s’allume, et, en même temps, du lait ou de l’eau jaillissent de son thyrse, tandis que sa coupe répand du vin sur la panthère. Les quatre faces du soubassement se ceignent de couronnes, et au bruit des tambours et des cymbales, les bacchantes dansent en rond autour de l’édicule. Bientôt le bruit ayant cessé, Bacchus et la Victoire, debout au sommet de la tourelle, font ensemble volte-face. L’autel, situé derrière le dieu, se trouve alors amené en avant et s’allume à son tour. Nouvel épanchement du thyrse et de la coupe; nouvelle ronde des Bacchantes au bruit des cymbales et tambours. La danse achevée, le théâtre revient à sa station première. Ainsi finit l’apothéose. »
Cet ouvrage d’Heron d’Alexandrie, inspirera, après sa traduction de l’arabe, plusieurs réalisations d’automates, mais une quinzaine de siècles plus tard. Comme quoi, la célébrité peut attendre parfois un délai assez long !
Pour conclure cette brève étude sur Heron d’Alexandrie, je dirai qu’il est connu aussi des mathématiciens pour quelques obscures formules que je ne prendrai pas le risque de vous détailler ici. Certains de ses biographes disent enfin qu’il aurait travaillé avec le célébrissime Ptolémée, mais là, on navigue dans le flou le plus total.
One Comment so far...
Lavande Says:
7 décembre 2007 at 13:36.
L’architecte de feu le théâtre mobile de la Maison de la Culture de Grenoble s’était donc inspiré de Héron d’Alexandrie? On pouvait faire tourner la scène autour des spectateurs ou les spectateurs à l’intérieur de la scène. C’est le même mouvement relatif bien sûr mais en faisant les deux en sens inverse on double la vitesse et j’ai le souvenir d’un spectacle (appelé je crois marathon!) où les acteurs couraient comme des malades…en donnant l’impression de faire du sur-place!