16 mai 2008

Burren, quelque part en Irlande

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage .

Lors de notre séjour en Irlande, nous avons découvert une région vraiment fascinante, le Burren, qui avait échappé à nos investigations précédentes. Le Burren se trouve dans l’Ouest de l’Irlande, au Nord de Doolin, au Sud de la baie de Galway. C’est un immense plateau rocheux calcaire, désertique, balayé par les vents océaniques et inhospitalier à souhait. En traversant cette vaste étendue de blocs karstiques sillonnée par des fissures quasiment parallèles, on a l’impression de parcourir une chaussée de géants pavée d’énormes blocs. Le paysage est vallonné mais il n’y a ni arbres ni amas rocheux pour accrocher le regard : un immense désert, une terre nue et désolée à laquelle même les colonisateurs anglais n’ont pas jugé bon de s’intéresser. On attribue à l’un des ministres de Cromwell la phrase suivante : « Pas assez d’eau pour noyer un homme, pas assez de bois pour le pendre, pas assez de terre pour l’enterrer ». A ce niveau là, on se rend compte aussi que l’intérêt porté par un touriste à un paysage n’est pas vraiment le même que celui que pourrait y accorder un éventuel autochtone ! Séjourner n’est point demeurer…

Nous avons fait deux étapes dans le Burren. Nous avons d’abord parcouru la route côtière qui va de Doolin à Ballyvaughan, passé la nuit dans cette charmante bourgade, puis accompli une boucle dans l’intérieur du pays, afin de visiter deux des nombreux sites archéologiques qui parsèment le plateau. Nous aurions pu rester des heures à marcher et à profiter du charme sauvage de la côte ; l’afflux de touristes est encore modéré en cette saison et il n’y avait pas grand monde pour nous empêcher de rêver et de contempler un spectacle botanique de première qualité. Ce désert rocheux abrite en effet une flore exceptionnelle. Dans les anfractuosités entre les blocs de calcaire pousse en effet une quantité innombrable de plantes de toutes sortes : un jardin « alpin » s’étalant sur des dizaines de kilomètres carrés, de quoi faire baver d’envie un jardinier. Au mois de mai, la plupart de ces plantes sont en fleurs et le spectacle est époustouflant : une véritable symphonie de formes, de couleurs, de parfums.

Il faut quitter la route, marcher sur les blocs pour découvrir toute l’étendue et toute la richesse de ce phénomène. Les plus petites fissures, les failles les plus étroites abritent des fleurs, parfois minuscules, mais dont la couleur éclate sur le fond rocheux gris. Il parait que près de 75% des fleurs sauvages connues en Irlande poussent dans le Burren. Quand j’emploie le qualificatif de « jardin alpin », je suis très restrictif car l’on trouve côte à côte, aussi bien des représentants de la flore méditerranéennes que de celle de l’Arctique par exemple. Un mélange détonnant qui s’explique par le fait que, dans le micro système dans lequel elles se sont installées, ces plantes bénéficient d’un climat exceptionnel : accumulation de sédiments dans les failles, stockage de la chaleur par la roche, humidité de l’air due à la proximité de l’océan et aux pluies fréquentes… Un paradis végétal pour plantes miniatures…

La présence de sites préhistoriques nombreux montre que la région a pourtant été occupée dans des périodes très anciennes, vers 5000 ou 6000 ans av. JC. Nous avons pu admirer le dolmen de Poulnabrone à une dizaine de kilomètres de Ballyvaughan, ainsi qu’une enceinte circulaire construite en blocs de pierre pour protéger un village. Il existe d’autres sites du même type que nous n’avons pu voir car, lors d’un séjour de courte durée, il faut malheureusement faire des choix ! L’état actuel de la région serait en partie due à ces occupants anciens. L’exploitation trop poussée du couvert végétal (sans être une zone forestière, le pays possédait quand même des arbres !) livrant le sol à une érosion trop intense, aurait provoqué la disparition de la maigre couche de terre et fait apparaître les grandes dalles rocheuses. Ce n’est pas le premier exemple, dans l’histoire ancienne, d’un site qui ait été rendu inhabitable par ses occupants…

Un arrêt prolongé, juste avant de faire étape à Ballyvaughan, nous a permis également d’admirer un château-tour médiéval, avec une forme originale en L, celui de Gleninagh. Ayant décidé de ne nous refuser aucun petit plaisir, nous nous sommes installés dans un bed & breakfast confortable, présentant la double particularité d’avoir une vue magnifique sur la baie de Galway et de se trouver à une cinquantaine de mètres d’un pub pourvu de tout l’équipement nécessaire pour satisfaire à la demande d’une troupe de voyageurs épuisés. Un seul regret, le manque d’animation en soirée : dans beaucoup de petits villages, la musique est un privilège de fin de semaine, en dehors de la période estivale. En Irlande comme ailleurs, la télévision meuble de plus en plus les veillées ! Nous avons quitté la région avec regret, d’autant que la visite de Galway nous a un peu déçus. Il est clair que cette région d’Irlande mérite un séjour prolongé.

2 Comments so far...

Lavande Says:

16 mai 2008 at 09:51.

Superbes ces photos! mais pas très praticable pour nous le Burren apparemment.
Tiens je vais vous raconter une petite expérience irlandaise qui donne bien le ton.
Nous étions à Dublin, François et moi, en compagnie de Gisèle, il y a plus de vingt ans. Suivant fidèlement les conseils du Routard, nous décidons de passer la soirée au pub « O’Donovan » (si je me souviens bien), un des plus célèbres de la ville. Evidemment archi-complet jusqu’au milieu de la rue. Musique géniale. Nous avisons un couloir d’immeuble derrière la salle du pub, où l’on entendait évidemment très bien mais sans rien voir; on s’installe là. En fait on était exactement derrière la « scène » où les musiciens étaient installés. Au bout d’un moment la porte s’ouvre et un musicien sort pour aller aux toilettes. Il s’aperçoit de notre présence. François étant en fauteuil roulant, le musicien se confond en congratulations et amabilités, rentre dans la salle, ouvre tout grand la porte et installe d’autorité François au milieu des musiciens, qui ont blagué avec lui et lui ont payé des pintes de bière toute la soirée. Il était complètement submergé et nous passait les verres en douce, à Gisèle et moi. Je ne vous dit pas dans quel état nous avons rejoint le camping: la musique irlandaise n’avait plus aucun secret pour nous!

Sylvaine Says:

16 mai 2008 at 11:50.

je pensais que vous me parleriez des chevaux…Ma grand’mère allait en Irlande pour y acheter les siens…et à part Venise c’est le seul pays qu’elle ait jamais visité…elle détestait voyager !
Et merci tendrement de la part d’Obélix ….pour le « les gros cailloux »

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