17 mai 2008

Le parc national du Connemara

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage .

Restons encore quelques temps en Irlande si vous le voulez bien, d’autant qu’il semble que le climat ici, chez nous, ressemble à ce que nous aurions dû (parait-il) trouver là-bas ! Après la région du Burren, je vous présenterai encore deux ou trois étapes marquantes de notre séjour. L’une d’entre-elles est notre visite au parc national du Connemara, non loin de Letterfrack et de Clifden (une bourgade un peu touristique mais oh combien charmante !). Après avoir pas mal roulé les jours précédents, nous avions décidé de nous dégourdir un peu les jambes. Notre passage dans le Connemara étant bref, trop bref encore une fois (j’aurais tant aimé m’y attarder un peu plus !), et nous avons décidé de gravir un sommet qui nous permettrait d’avoir une vision géographique d’ensemble du paysage. C’est sur l’ascension du Diamond Hill, l’une des excursions balisées proposées par l’équipe d’animation du parc, que s’est porté notre choix et nous n’avons pas été déçus. La balade nous a pris trois bonnes heures, compte tenu des arrêts photos, et de la pause pique-nique au sommet. Elle n’est techniquement pas trop difficile pour les randonneurs moyens que nous sommes. Seule l’ascension finale est un peu raide et a laissé quelques courbatures dans nos mollets peu entraînés après la saison hivernale.

Au fur et à mesure que l’on accède au sommet du mont, le paysage s’élargit et l’on finit par avoir une vue panoramique sur 360° d’une beauté à couper le souffle. On découvre le paysage du Connemara, vaste étendue de prairie et de tourbières, relief vallonné de collines et de petites montagnes (compte-tenu de la proximité de notre région avec les Alpes et le Jura, je n’arrive pas à employer le terme « montagne » !). Le regard se perd à l’infini, de l’océan, à l’Ouest, jusqu’aux brumes couvrant les sommets à l’intérieur des terres. On se met à rêver à d’autres ascensions : les Twelve Bens ne paraissent pas inaccessibles et semblent nous tendre les bras. Le Binn Bhán (Benbaun) et le Binn Chorr (Bencorr) nous tendent des bras envoûtants, tout comme le chant de la Sirène attire les marins aventureux.
Comme dans le Burren, on a l’impression d’un décor extraordinaire et sans limite aucune. On n’entend que le bruissement du vent et le ruissellement des eaux qui cheminent tranquillement dans les pentes, le long des sentiers. Parfois, le bêlement lointain d’une brebis appelant son agneau vient ponctuer ce concert discret. Le son d’une flûte irlandaise serait le bienvenu, mais point de musicien à l’horizon, point de pub à proximité… Il y a pourtant une célèbre joueuse de Tin whistle dans le coin, Róisín Nic Dhonnacha.
Quant aux touristes présents, ils se font relativement discrets. Il y a bien eu un car de marcheurs dynamiques, mais ils ne disposaient que d’un temps très bref pour leur escale et se sont contentés de la plus petite randonnée qu’ils ont faite au pas de charge.

On reste songeur devant de telles étendues désertes, et l’on comprend mieux les tonalités nostalgiques de certaines complaintes chantées du Connemara. Rassurez-vous, ce n’est pas à la chanson de Michel Sardou que je fais allusion, mais aux authentiques mélodies créées ou interprétées par les nombreux musiciens locaux. C’est dans le Connemara que l’on retrouve le mieux, sans doute, les racines culturelles de l’Irlande. L’usage du Gaëlique y est le mieux préservé. De même que dans le Burren, il parait que des pins poussaient dans cette région autrefois. On n’y trouve plus, comme relief, que des rochers, des bruyères et des genêts. Le déboisement, la voracité humaine ont laissé cette terre exsangue. Là encore, les vents de l’océan, l’érosion et l’acidité du sol ont fourni le complément du travail. Un intense travail de reboisement a été entrepris dans certaines régions d’Irlande, mais dans le Connemara, cela semble extrêmement difficile à réaliser… Seuls les fonds de vallée se prêtent à un tel travail. Et il faudra de la patience avant d’avoir des sujets d’une taille comparable à ceux que l’on trouve au centre du pays…

Lorsque l’on observe le paysage, du haut de Diamond hill, on trouve cependant quelques traces d’activité humaine : quelques maisons sur la côte, un peu plus peuplée, quelques taches vertes de-ci de-là, indiquant la présence d’une ferme isolée. La trace la plus marquante est l’abbaye de Kylemore, qui se dresse, là, juste sous nos pieds, blottie au milieu des arbres, au bord d’un lac, dans ce qui semble être un océan de verdure : une singularité dans ce paysage.
L’ensemble du décor qui m’environne me fait penser à certains hauts sommets des Alpes ; encore faudrait-il qu’ils aient l’océan à leur pied. Peut-être les moines ont-ils été plus respectueux de leur environnement immédiat, ou alors l’abbaye possédait suffisamment de richesse pour se permettre de protéger son parc. Je ne sais qu’en penser exactement. En fait, Kylemore, comme beaucoup d’autres établissements monastiques, a été bâtie dans un vallon bien abrité, bénéficiant probablement d’un micro-climat favorable, et cela a beaucoup aidé au maintien en état du site.
Le regard dérive : on essaie d’imaginer l’ensemble du paysage en conformité avec celui qui entoure l’abbaye. On n’y arrive pas : l’image du Connemara est trop forte pour que l’esprit arrive à la bouleverser. Impossible d’imaginer les Maumturk Mountains ou les Twelve Bens, recouverts par un épais manteau forestier…

Je ne conclurai pas cette chronique sans parler un peu du centre d’accueil du parc. Les bâtiments sont intégrés avec soin dans le décor et ne choquent pas. On les perd de vue dès le début de la promenade. L’entrée du parc est gratuite et pourtant les travaux d’aménagement qui ont été réalisés, notamment au niveau des sentiers, sont remarquables. Le centre propose des expositions temporaires et permanentes sur le milieu naturel environnant, avec de nombreux panneaux informatifs sur les tourbières, leur formation et l’activité humaine qui les entoure. Un snack-bar, un espace pique-nique bien aménagé, une salle de réunion complètent les équipements. Le personnel d’accueil est sympathique et répond à toutes les questions qu’un touriste peut bien se poser en un tel endroit, notamment sur le balisage des itinéraires ou la durée des excursions.

Des randonnées de plusieurs jours peuvent s’effectuer dans le Connemara, mais, hors du parc, il semble qu’il y ait peu de chemins balisés. Mieux vaut demander quelques conseils avant de partir, vous munir d’une carte détaillée de la région, et bien entendu de l’équipement adapté à une randonnée en Irlande au mois de mai : Tee-shirt, casquette, lunettes de soleil et crème solaire… La « Western way » permet par exemple de traverser la partie nord de la région, depuis Leenane jusqu’à Wesport. Il faut compter une huitaine de jours pour la parcourir : avis aux randonneurs courageux, à mon avis, l’expérience en vaut la peine !
Pour finir, sachez que nous n’avons pas fait la visite détaillée de l’abbaye de Kylemore. L’entrée est onéreuse car ce sont les touristes qui, visiblement, financent les nombreux travaux d’entretien exigés par les bâtiments. L’endroit abrite par ailleurs une école privée réservée aux jeunes filles de bonne famille… Ce genre d’établissement ne nous attire guère et nous avons préféré nous contenter d’une vision extérieure de l’ensemble. De toute façon, le style architectural un peu kitch n’est pas trop ma tasse de thé. Sorti des maisons multicolores que l’on trouve dans les villages, des châteaux anciens (très anciens) et des pubs traditionnels, je reconnais que je suis plutôt sectaire.

Là-dessus, j’enfile un imperméable, je chausse une paire de bottes en caoutchouc et je vais admirer les fleurs du jardin, sous un ciel… irlandais !

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