27 mai 2008
Bientôt le retour à Versailles ?
Posté par Paul dans la catégorie : Humeur du jour; Vive la Politique .
Le rétablissement de la monarchie absolue n’est pas encore à l’ordre du jour, mais va savoir… Celui des lettres de cachet et des emprisonnements pour avoir « déplu au Prince » semble en bonne voie. Quelques anecdotes recueillies dans l’actualité de ces derniers temps montrent qu’un Président de la République peut se permettre de faire, de dire et de laisser faire par les autres… absolument n’importe quoi !
Une info locale pour commencer, qui ferait la joie, on s’en doute, des médias chinois. Vienne, Isère, le 13 mai, Nicolas Sarkozy est attendu en début d’après-midi, pour participer à une table ronde, à la salle des fêtes, sur la modernisation de l’économie. Quelques heures avant, les policiers en civil font le ménage au centre-ville pour éviter que le Prince ne soit dérangé par des opposants aussi vulgaires que mal venus. Le service d’ordre contrôle systématiquement les militants présents (LCF, PC, PS, syndicalistes), s’empare des tracts, des piles de journaux et de tout ce qui pourrait servir à « contaminer » la population locale. Les récalcitrants sont interpelés, menotés et conduits au poste de police. Rien ne dérange le zèle des policiers, en tout cas pas la présence d’un journaliste et d’un photographe de Libé Lyon qui observent attentivement la scène. Il ne s’agit que de mesures préventives : le Président a horreur d’être incommodé par la présence d’opposants. Lorsque cela se produit, il s’énerve, il a l’injure facile et c’est mauvais pour son image de marque…
Lorsqu’il n’était que Ministre de l’Intérieur, notre bon Maître était déjà irascible, et d’autres faits plus récents montrent, que de surcroît, il est plutôt rancunier (ou que tout au moins ses augustes serviteurs le sont pour lui). A Toulouse, un militant écologiste, fondateur de l’association « vélorution », en fait l’expérience, ou plutôt subit les conséquences d’un acte citoyen qu’il a commis en 2004. Alors qu’il circule en vélo dans l’agglomération, Olivier Théron se trouve malencontreusement sur le trajet d’une limousine pressée qui ne respecte ni les sens interdits, ni les feux rouges, ni les limitations de vitesse. De rage, notre héros, lance, sur la vitre arrière de la voiture en infraction, deux pots de yaourt périmés. Notre futur bon Président est prêt à karchériser les banlieues, mais visiblement pas son véhicule de fonction ! Depuis cet incident, les problèmes s’accumulent sur le dos d’Olivier Théron et la préfecture de police fait preuve d’un acharnement exemplaire à son égard : arrestation à chaque manifestation de cyclistes ou lorsqu’il circule en vélo dans les rues pour de prétendues infractions. Sous couvert de « rébellion à agent » et autres motifs du même acabit, le militant purge une peine de prison de sept mois. Dernière brimade en date : alors qu’il allait bénéficier d’une remise de peine de 14 jours et être libéré le 13 mai, une ordonnance du juge d’application des peines a annulé cette mesure… Lorsqu’il pourra enfin sortir, je suggère à Olivier Théron de demander l’asile politique… ailleurs ! Sinon, la prochaine fois, ce pourrait bien être la déportation à Cayenne !
La semaine dernière, ce sont des tee-shirts qui ont exaspéré not’bon maître. Le voilà qui porte plainte contre des fabricants de vêtements, estimant que ceux-ci n’ont pas le droit de fabriquer des modèles portant comme slogan son nom suivi de « tolérance zéro », une parodie de la campagne contre l’alcool au volant. Il est évident que la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité », maculée d’une tache de sang et figurant en dessus du nom, est du plus mauvais effet. Et pourtant, quand on voit la façon dont sont traités les immigrés sans-papiers au centre de rétention de Vincennes (annexe de l’école de police voisine, permettant aux représentants de l’ordre en formation de se faire un peu la main sur des cobayes bien surveillés) ou à celui du Canet près de Marseille, cela rappelle de bien mauvais souvenirs. Il est commode d’avoir un ministre de l’intérieur d’extrême droite pour faire le sale boulot. Dis moi qui te sers, je te dirai qui tu es ! Si vous trouvez que j’exagère concernant les centres de rétention, vous pouvez compléter cette chronique en lisant ce texte sur HNS : http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=14391
Lorsqu’il ne se met pas en colère, notre Prince en chef commet bien des erreurs, sans doute dues à son emportement proverbial. Il n’hésite pas à déclarer, à propos de la grève des dockers, que les Français sont privilégiés car leurs collègues italiens et espagnols travaillent 4000 heures par an, ce qui représente la bagatelle d’environ 11 heures par jour, 365 jours sur 365. Au Moyen-Age, les manouvriers sur les chantiers des cathédrales travaillaient moins que cela ! Erreur de calcul ? Lapsus révélateur d’un fantasme bientôt révélé par le biais d’une énième réforme du code du travail…. ? Autre lieu, même personnage : notre petit Timonier pourfend d’un propos rageur les chômeurs fainéants qui profitent lâchement de l’indulgence des ANPE. L’exemple illustrant les propos présidentiels est choisi avec soin : du bien réel… En visitant l’ANPE de Melun notre Robin des Bois a appris qu’un plaquiste (pas un gars qui s’est fait plaquer, mais un ouvrier spécialisé dans la pose du placoplâtre) a refusé une soixantaine d’offres d’emploi dans sa branche en une année. Toutes les semaines, une entreprise locale avait besoin de ses services et ce mauvais Français dédaignait l’embauche, préférant continuer à croupir dans la luxure et la paresse liées à son état de chômeur. Bien évidemment, l’ANPE concernée a signalé que le Président avait été mal informé, et a laissé supposer, en termes très diplomatiques, qu’il racontait n’importe quoi (63 offres d’embauche de plaquiste en un an à Melun) ! Le directeur de cette agence aurait mieux fait de se taire. Quand on voit ce qui est arrivé à Olivier Théron pour une banale histoire de yaourt, on peut se poser des questions sur le devenir professionnel de ce fonctionnaire !
Quelques exemples seulement, choisis parmi beaucoup, car c’est une chronique que je vous livre et pas un ouvrage documentaire, mais il y aurait beaucoup à raconter sur l’évolution « démocratique » de notre société. Le moindre mouvement de protestation, la moindre réclamation se heurte à un barrage de forces de l’ordre de plus en plus présentes, mais de plus en plus arrogantes aussi car elles savent qu’elles bénéficient d’une impunité croissante. Encore une illustration de cet état de fait ? Le 20 mai à Grenoble un groupe de parents d’élèves tente de protester à l’Inspection Académique contre une réunion de formation des directeurs d’école à la base élève. Il y a plus de policiers que de parents et les slogans et les tracts ne font guère le poids face aux matraques, aux flash balls et aux grenades lacrymogènes.
L’ordre qui règne est de plus en plus nauséabond et il est clair aussi que notre Prince est très chatouilleux en ce qui concerne son image. Ce n’est pas peut-être pas pour rien qu’une cellule de veille a été mise en place… à l’Elysée. Les locaux, à Versailles, nécessitent encore quelques travaux… Il est vrai que, quand les Rois avaient quitté la capitale, ils craignaient pour leur sécurité. Ce n’est sans doute plus le cas aujourd’hui… Mais voir son image reflétée par des centaines de glaces, c’est quand même plus prestigieux que de la voir tous les soirs au journal de 20 h !
4 Comments so far...
fred Says:
27 mai 2008 at 11:01.
Prend garde ô grand ZIHOU ! Ne va pas t’attirer les foudres de notre Leader Minimo !
De toute façon, que pouvait on attendre venant de la part d’un buveur d’eau ?
(ça doit être la raison de son amour pour le Karcher !)
Clopine Trouillefou Says:
27 mai 2008 at 12:52.
euh, vous avez prévu une base de repli, Paul ? va falloir y penser, vous me paraissez atteint par le mauvais esprit, là…
Sinon, article lumineux et éclairant, mais il y a une phrase que je n’ai pas comprise. « une réunion de formation des directeurs d’école à la base élève » ?
une école à la base élève ?
Une réunion à la base élève ?
La base élève ????
Clopine
Paul Says:
27 mai 2008 at 14:48.
Mille excuses pour le manque de précision au sujet de « base élèves ». il s’agit d’un logiciel de fichage des élèves qui a été mis en place en 2007 : une gigantesque base de données, intégrant tous les enfants depuis la maternelle jusqu’à la fin de leurs études. Une masse importante de renseignements y est consignée : aussi bien d’ordre personnel que d’ordre familial ou scolaire. Tous les « accidents de parcours » y sont mémorisés : interventions de réseau d’aide, de psychologues, redoublements… Il faut savoir que ce fichier est une énorme machine, nationale, permettant, dixit l’administration qui l’a mis en place, de simplifier les travaux de gestion des directeurs d’école et/ou des personnels administratifs. En réalité, cette « base élève » stocke une multitude d’informations qui n’ont rien à voir avec la gestion administrative. Un tel fichier, interconnectable avec ceux de la justice, du fisc, de la police, des services médicaux ou sociaux, permet d’avoir une vision « globale » d’un individu, depuis son premier rhume, jusqu’à sa dernière contravention, en passant par ses échecs en maths, le fait que ses parents sont d’origine étrangère et (je caricature à peine) qu’il ne mange pas de porc… Le rêve de big brother. Certains enseignants naïfs (ils sont nombreux), n’ont pas vu le problème… D’autres s’opposent vigoureusement et par tous les moyens légaux possibles à la mise en place d’un tel outil, à cause des dangers qu’il représente. La mise en œuvre du logiciel n’étant pas simple, l’administration propose aux directeurs d’école des stages de formation pour leur apprendre à devenir de bons petits adjoints des services de police. Beaucoup de parents ont compris le danger d’une telle entreprise et on rejoint les enseignants « rebelles » dans leurs actions. C’était le cas à l’Inspection académique de l’Isère, incident mentionné dans la chronique. Il y a beaucoup de très bonnes infos sur le web au sujet de cette procédure de fichage. Vous pouvez par exemple donner un coup d’œil à : http://souriez.info/Refusons-Base-eleves
François Says:
27 mai 2008 at 21:36.
Chaque nouvelle anecdote confirme mon sentiment premier: ce type me fait froid dans le dos.
Quant à M. Théron, qu’il choisisse bien son lieu d’exil, il y a des Porsches, à Cayenne (désolé, j’ai pas pu m’empêcher).