4 juin 2008
In libris mégalo Paul is
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour...; Des livres et moi .
Mieux que le franglais, un pas vers l’espéranto, le latinofranglais. Chacun a une petite tendance à la mégalomanie ; certains la répriment ou la maîtrisent, d’autres l’exhibent fièrement et s’en servent pour emm. le monde. L’un rêve de devenir Empereur, l’autre chef de service ou ambassadeur. Ma mégalomanie à moi s’exprime dans la possession des livres. Je rêve de posséder des livres, des tas de livres, une immense pile de livres. J’ai besoin d’acheter, d’accumuler, d’empiler des livres sur tous les sujets qui me passionnent. Lecteurs fidèles de ce blog, vous connaissez une partie de mes dadas (de mes obsessions diraient certains) : les arbres, le bois, les châteaux forts, l’histoire, la musique, le jardinage… Vous subissez, et parfois aussi partagez, l’éventail assez large de mes sympathies qui vont de Louise Michel à Jacques Lacarrière, en passant par Célestin Freinet, Michel Zévaco ou Serge Utge-Royo. Vous ne connaissez encore qu’une partie de l’iceberg, peut-être sa partie émergeante. Vous n’êtes pas au bout de vos peines, le chemin de mes passions est encore long à parcourir (sinon, je crois que le blog s’arrêterait purement et simplement car on ne peut se nourrir que de colère).
Acheter un livre, lire un livre que je possède est pour moi une démarche importante, une preuve de confiance envers l’auteur connu ou inconnu. Quand j’achète, je prends un risque que je n’ai pas l’impression de prendre lorsque j’emprunte. Lire un livre que l’on m’a prêté, j’ai l’impression que c’est à la fois une démonstration de méfiance – je n’investis pas car je doute de la valeur de ce que je vais avoir entre les mains – et/ou une source de frustration : j’adore ce livre que l’on a mis entre mes mains ; il n’est pas à moi ; il va falloir le rendre. Comme il me plaît, il va falloir que je l’achète (cette fois j’ai confiance, et puis je pourrais avoir envie de le relire), mais cette acquisition ne va pas me procurer le même frisson de plaisir puisque l’histoire je la connais déjà… Imbroglio pathologique…
Un sujet m’intéresse : je cherche tous les livres susceptibles de me documenter. Un auteur me séduit : je veux connaître la totalité de ses écrits. Je collectionne donc, mais non par thème global ou par série chez un même éditeur, mais sur un coup de cœur. Certains de mes ami(e)s ou parents sont atteints un peu par le même virus, mais les symptômes ne se manifestent pas de la même façon : l’un cherche tous les volumes de la collection « club du livre d’anticipation », l’autre les éditions du masque, le troisième ne veut que du fantastique médiéval…
Rien de ça chez moi ; je m’en aperçois depuis je me suis posé le problème de mettre en ligne une petite partie de ma bibliothèque sur Babelio (voir chronique du 28 mai). Mon étalage de livres me fait penser à la mercerie du petit village voisin, quand j’étais gamin : on y trouve aussi bien des bouquins de cuisine, qu’une pile de documents sur les châteaux cathares, un amoncèlement de livres sur les arbres, de vieilles éditions de Michel Zévaco (chez Tallandier, ou au « livre populaire » chez Arthème Fayard), une partie des publications de l’Atelier de Création Libertaire… Deux mille, trois mille titres ? Je n’en sais rien. J’ai la chance de ne pas avoir à déménager ! En fait je crois que la bibliothèque est un peu à l’image du blog, ou plutôt l’inverse : des cris du cœur, des cris de colère, des tripatouillages d’apprenti-chercheur. J’ai perdu ma collection de « Club des cinq » mais j’ai toujours les « Biggles » du capitaine Johns (le comble pour quelqu’un qui prétend avoir une éthique libertaire et un goût prononcé pour l’anti-militarisme primaire). Ça ne m’empêche pas de lire Noam Chomsky ou Jean Ziegler. Les contradictions sont le piment de la vie et permettent d’avoir quelque chose à raconter à son confesseur !
Comme beaucoup de malades en phase aigüe (j’espère qu’elle n’est pas encore terminale), j’ai constamment des problèmes de place : un meuble fini est aussitôt rempli. Nous n’avons pas de « salon », comme le commun des mortels, mais une « bibliothèque » dans laquelle l’étrange lucarne ne trouvera bientôt plus sa place. Cette pièce est remplie, de même que mon bureau, les couloirs, les annexes, le grenier… Toute cette pâte à papier, quelle honte pour un admirateur des arbres et des forêts ! En fait, je rêve d’ajouter une tour à ma maison, non pas pour en faire un manoir (je n’en suis pas encore à ce stade-là dans le cadre de mon immersion dans la féodalité), mais pour y installer une très grande bibliothèque avec un escalier en colimaçon (j’y tiens). Je suis alors confronté au problème de la quadrature du cercle et ce n’est pas rien :
– tour ronde, c’est idéal pour un escalier en colimaçon mais c’est un casse-tête pour l’ébéniste qui va réaliser les rayonnages et puis ce n’est pas terrible pour le rangement sauf si le diamètre du cercle est suffisamment grand ;
– tour carrée, c’est beaucoup mieux pour l’ébéniste et pour le bibliothécaire, mais ça ne « colle » pas bien avec l’escalier en colimaçon ; comment atteindre les angles ?
J’ai aussi un autre problème annexe : le financement d’un tel projet et le temps pour le réaliser… Heureusement que je crois de plus en plus en la réincarnation. Je pense que je vais remplir un formulaire pour être réincarné en trois fois moi, pour pouvoir tout faire pendant ma prochaine vie !
En plus du plaisir que j’éprouve à visiter les vieux châteaux tout cassés, imaginez un peu quel est mon bonheur lorsque je peux mettre les pieds dans une grande belle bibliothèque ancienne ! Il y a quatre semaines, à cette heure-là, je pénétrais dans celle du Trinity College à Dublin : 260 000 ouvrages, parmi lesquels beaucoup de très anciens, dont le célébrissime « Book of Kells » et une collection impressionnante d’autres manuscrits enluminés… Prochaine étape dans un voyage non encore planifié : le monastère de Saint-Gall en Suisse… Je m’arrête là, pour l’instant, sinon, de quoi est-ce que je vous parlerai demain ? Un peu de suspens que diable !
NDLR : photos maison, sauf celle de l’escalier en colimaçon de la bibliothèque ancienne du Trinity College de Dublin car les prises de vues y sont interdites. L’ouvrage illustré en premier, « le livre des livres » est sympa mais il est malheureusement épuisé. L’image n°4 y est « prélevée ». Elle représente des vues en couleurs d’Orléans et de Bourges, reproductions de planches gravées entre 1581 et 1618 figurant dans le « Civitates orbis terrarum » de Georg Brown. Il faut rendre à César…
8 Comments so far...
fred Says:
4 juin 2008 at 10:47.
Ô grand ZIHOU, j’ai en ma possession quelques caisses remplies de livres en tout genre qui dorment dans mon garage … En seriez vous preneur ? Car pour être honnête, je ne pense pas avoir assez de vie pour pouvoir les lire tous … A première vue, il s’agît surtout de « polars » des années 50 en grosse majorité … Je serais heureux de vous les céder gracieusement lors de ma prochaine visite en vos terres. Dois je les transporter ? en vous remerciant d’avance …
Sylvaine Vaucher Says:
4 juin 2008 at 13:14.
C’est avec beaucoup d’attention et de sourires que j’ai visité votre
Mégalopaule….Je resterai près de vous jusqu’à la phase terminale…
Si toutefois dieu me prête vie…Comme vous allez à St- Gall et non pas
A Genève…je n’aurai pas l’occasion de vous saluer…
Je m’inquiète un peu pour votre femme…lui avez-vous ménagé
Un boudoir ? Au hasard je pioche dans ma bibliothèque et je prends
Un de ces vieux livres dont on hérite…..Je lis le titre c’est un peu du
Vieux françois…Poëmes et Chants Elégiaques Par Alex. Guiraud. Orné de jolies
Gravures…Seconde édition…A Paris…chez Ladvocat, Libraire, Palais Royal, N° 195,
A.Boulland et Cie, Libraire, rue du Battoir, N° 12….1824.
Il coûtait 15.—Il y a aussi le nom à la plume d’un oncle…Une gravure magnifique « Agar et Ismael » si mes loupes ne se trompent pas…
Voilà bon voyage…Notice : écrite encore plus petit : Pour répondre à d’autres billets…
« Un peu de pain est la vie du pauvre : celui qui les en prive est un meurtrier » (Ecclésiaste)
Paul Says:
4 juin 2008 at 14:05.
Je parle des livres que j’achète, des livres que j’emprunte et je ne parle pas de ceux que l’on m’offre. Ceux-là, je leur accorde une importance toute particulière. Celui ou celle qui les a choisis connait généralement mes goûts, mais cela ne veut pas dire qu’il s’y conforme strictement. Ce que j’aime dans le livre offert comme dans le cadeau en général c’est qu’il bouscule, un peu, pas trop, les habitudes. De nouvelles couleurs se sont ajoutées à mon arc-en-ciel de lectures grâce à ces interventions opportunes. Certaines séries ont commencé par un cadeau… Je pense aux livres de Contrucci par exemple, les mystères de Marseille. Le premier m’a été offert pour un anniversaire et je me suis régalé…
Je suis preneur de tous les livres qui encombrent ; peut-être ferai-je une découverte… Qui sait ? Mais je ne suis pas bouquiniste et ce n’est pas la hauteur des piles qui m’impressionne mais le fait qu’elles soient constituées de bouquins que j’aime ou que j’ai aimé. Apporte tes livres Fred, nous les regarderons ensemble !
fred Says:
4 juin 2008 at 14:18.
okédak ! j’espère qu’il y aura quelques perles alors !
François Says:
4 juin 2008 at 20:25.
Tu ne regretteras pas ta visite, la Bibliothèque de Saint-Gall est vraiment magnifique, mais n’oublie pas de mettre Genève sur ta route. De toute façon, c’est vraiment le meilleur chemin!
Jean-Paul Fontaine Says:
21 octobre 2013 at 10:37.
J’arrive ici par hasard et tardivement.Mon « stock » d’exemplaires d’auteur est aussi épuisé depuis longtemps :je ne pourrai donc pas vous en offrir un. Vous pouvez trouver ce livre sur ebay ou Priceminister : il y en a de temps en temps ….quand leurs propriétaires sont partis au Paradis des gens de lettres …
Jean-Paul Fontaine Says:
21 octobre 2013 at 10:39.
J’arrive ici par hasard et un peu tard. Mon stock d’exemplaires d’auteur, pour les cadeaux, est hélas épuisé depuis longtemps. Vous pouvez avoir la chance d’en trouver un sur ebay ou Priceminister.
Paul Says:
21 octobre 2013 at 10:53.
@ Jean Paul Fontaine – Bien regrettable que votre ouvrage « le livre des livres » en photo dans cette chronique soit épuisé car il est fort intéressant. Si quelqu’un parmi les lecteurs de ce billet a la chance de le trouver d’occasion, qu’il n’hésite pas à l’acheter ! Merci pour votre visite…