4 janvier 2012
Le sapin de Noël…
Posté par Pascaline dans la catégorie : Le sac à Calyces .
Je déteste la mendicité. Pas les mendiants.
J’ai honte de nous.
J’essaie de comprendre les mécanismes qui nous mettent dans telle ou telle situation. Comment réduire la misère ? Comment refaire le monde ? Pour cette dernière question, on a beau me dire que je n’y peux rien, je m’entête.
Équilibre complexe entre mon propre bien-être et le malaise du monde : il est difficile et inconfortable de se situer parmi les nantis quand on souhaite un monde égalitaire. Que je sois malheureuse ne rendrait personne plus heureux, aussi à quoi cette liberté paradoxale me donne-t-elle droit ? À une existence telle que je la souhaite, heureuse et paisible, mais tout en restant sensible aux innombrables malheurs des trop innombrables autres ?
Je rumine ce type de réflexions dès que je me retrouve confrontée, parmi d’autres situations pénibles, à la mendicité.
Un jour, j’ai pris en stop un homme qui a dévoré voracement la nourriture que je lui ai donnée. Quand je l’ai posé à nouveau sur le bord de la route, je lui ai laissé encore quelques bricoles, bien consciente que cela ne le mènerait pas bien loin. Mais était-ce une raison pour ne rien lui donner ?
Qu’est-ce que je pourrais donner à cette fille devant qui je suis passée, et qui a murmuré quelques mots ?
Cela m’a exaspérée davantage que ce soit une jeune femme en train de mendier, une personne a priori dont la seule incapacité à gagner sa vie est de ne pas trouver de (droit au) travail.
À Grenoble, ce vingt-deux décembre, j’avais du temps devant moi et des envies de fantaisie et d’insouciance. Les voitures en étaient à peu près partout à la position parechoc contre parechoc. Les magasins étaient pris d’assaut, j’ai vu une queue de cinq ou six mètres de long sur un trottoir, devant une pâtisserie.
Supposons que j’ai retrouvé cette fille, et que tout ce qui suit soit arrivé réellement. Supposons, car tout le monde sait que Grenoble n’existe pas, pas plus que toutes les personnes dont je vais vous parler.
Comme je l’avais vue une première fois, j’ai eu le temps de penser à elle avant de la retrouver : je souhaitais lui offrir autre chose que quelques pièces, je souhaitais essayer de comprendre ce qui lui ferait plaisir – elle semblait parler français, mais peut-être pas couramment.
Et puis quand je l’ai retrouvée, toujours agenouillée, ou assise, sur le trottoir – on ne la voyait qu’au dernier moment – je lui ai donné une pièce, mais je n’ai rien osé d’autre.
C’est elle qui m’a appelée, pour me remercier. Et puis pour me dire qu’elle a une fille asthmatique de huit ans : il lui faut de la ventoline. La jeune mendiante a un beau visage aux traits réguliers, de longues tresses noires sous un bonnet, un anorak épais.
Elle parle un mauvais français : je lui réponds alors avec des phrases courtes, lentement, je fais tout mon possible pour être comprise. Je ne saurai jamais jusqu’à quel point elle aura saisi, ou pas. Je lui parle d’aide sociale, d’assistante sociale, elle ne semble pas comprendre, mais plus tard elle me parlera de l’aide que l’assistante sociale lui apporte. Ma formulation seule a dû lui échapper.
Bon, quoi faire pour sa petite ? Après tout, je peux tenter d’acheter de la ventoline, mais elle dit que ce n’est pas en vente libre – ou elle aura voulu dire autre chose. Je lui redonne quelques pièces, je garde quand même du liquide pour moi non mais.
Il y a eu à Grenoble une sorte de mendicité organisée, cela fait déjà plusieurs années. Par son fonctionnement, cela évoquait presque la prostitution pour moi. Quand on regardait les petits cartons avec des textes identiques, exposés par différentes personnes dans différentes rues, on avait l’impression que quelqu’un surveillait ces misérables, leur disant comment se comporter, et peut-être même les châtiant en cas de résultats insuffisants. Tout ceci est-il un simple fantasme de ma part ? Si j’ai émis cette idée, c’est à cause d’un ressenti. Il est possible que cette époque de petits cartons avec les mêmes phrases et jusqu’aux mêmes fautes n’ait été que le fruit du hasard.
Et cette jeune Bosniaque me mène peut-être en bateau. Peut-être voit-elle en moi une pigeonne à plumer. Ainsi, pendant notre brève rencontre, vais-je me faire des réflexions, juste pour moi. Je garderai à l’esprit la conscience très nette de ce que je fais, de mon identité de pigeon ou pas pigeon, et du risque que je prends. Le risque : lui donner ce qu’elle désire.
La pigeonne est consentante. Mieux, complaisante.
Le plan pharmacie semble galère, mais la jeune mendiante a de la ressource dans la demande : elle voudrait un sapin de Noël. Ses deux enfants seraient heureux. Non, elle n’a pas dit comme ça, elle a dit “pour mes enfants”, elle m’a parlé de deux d’entre eux qui ont chacun un problème de santé, et à la fin m’a dit en avoir quatre.
J’aurais pu dire que ce n’est pas une chose à faire, des enfants, plein d’enfants, quand on n’a rien à leur donner ! Mais, à moins d’avoir été abusée, si elle les a conçus avec amour et dans le plaisir, au nom de quoi irais-je lui interdire ce plaisir, un des rares éléments de bien-être que l’on peut se procurer gratuitement ?
Et même si le papa est parti. Cela semble être le cas si j’ai bien compris.
Je regarde autour de nous. Je finis par remarquer qu’il y a un sapin devant chaque boutique, décoré petitement, le plus souvent d’une seule boule et d’une guirlande. Peut-être que les décorations sont fauchées par les passants, ce n’est pas la peine d’en mettre des tonnes.
Le plan sapin semble quand même un peu compliqué, je ne vois pas où m’en procurer.
Nous partons en quête.
Après tout, pourquoi ne pas demander ? Il y a là deux hommes occupés à rien : vous sauriez où je peux trouver un sapin ? C’est pour cette dame, elle a quatre enfants, pas de mari, pas de travail, pas de papiers.
Ils se creusent la tête, mais oui, sans doute, au carrefour de Jean Jaurès et du cours Berriat. Une petit trotte, mais je ne peux plus reculer.
Mais arrivées place Vaucanson, un marché se tient, de commerce équitable. Ma jeune amie ne connaît pas ce concept, j’essaie de le lui faire comprendre avec des mots simples. Entrons pour voir s’il y aurait des sapins (éthiques ?).
Je n’en vois pas, mais je me renseigne quand même : cette dame… pas de travail… pas d’argent… voudrait un sapin pour ses enfants…
La personne à qui je m’adresse pousse un soupir compatissant, me demande de quelle association je fais partie. Aucune, je ne suis qu’une passante. Très vite nous parlons d’autre chose, de ce scandale grenoblois, de ce message que j’ai reçu il y a trois jours de R.E.S.F.
« Bonjour,
La famille Ajredinovski / Todorova et leurs enfants Élisée et Ronaldo et Adam, a failli être dispersée ce matin.
Les policiers sont venus chercher le père et les trois enfants, Élisée, Ronaldo et Adam pour les expulser vers le Danemark, bien qu’ils soient macédoniens. Dublin II vous dit-on.
La compagne du père Madame Todorova, a reçu une réponse négative à sa demande d’asile faite en rétention. Elle peut donc être expulsée mais vers la Bulgarie.
Ce matin l’avion n’est pas parti, problèmes techniques ou grève à l’aéroport, le père et les trois enfants sont de nouveau au CRA. »
Cette dame n’a pas de nouvelle information sur ce sujet dramatique.
Je fais une amère réflexion sur Noël qui devrait être une fête, et qui n’est qu’une nouvelle occasion de consommer.
Bon, la jeune Bosniaque m’attend, patiente, souriante. Elle a un caractère paisible. Je crains parfois de marcher trop vite. Sous sa jupe qui touche presque par terre, de grosses chaussures ne sont peut-être pas très adaptées. Elle m’explique que tel vêtement lui a été donné parce qu’elle avait froid. Elle le trouve pratique.
« Eh bien aujourd’hui, il fait très froid ! »
Elle dit que non, il y a eu pire récemment.
Elle me demande si je ne pourrais pas lui donner des vêtements : je pense irrésistiblement à une scène du film “les Ripoux”, quand François Lesbuch, soit Thierry Lhermitte, qui vient de flamber tout son salaire au restaurant pour une paire de jolis yeux, Lesbuch, donc, après avoir sauté au plafond, prend son parti de l’aventure et, en sortant, se dessape dans un geste large pour offrir ses vêtements au personnel. Je m’identifie à lui et je défais mon sac à dos où je garde un polaire au cas où – justement c’est un peu limite, je pourrais l’enfiler. Avec beaucoup moins de classe que Lhermitte, je le fourre dans la main de ma compagne.
La place Victor Hugo n’est pas loin, le marché de Noël, ici, n’a rien d’équitable, et je trouve des sapins devant une boutique sous tente. Je demande à ma compagne de choisir, je paye, je demande à l’employée si elle pourrait offrir quelques guirlandes pour décorer ce sapin, pour cette dame sans travail, sans homme, sans papier, pour ses enfants… Mais l’employée n’a pas le droit, n’a pas le choix, n’a pas le pouvoir de décision.
Je confie le ticket de caisse à ma Bosniaque comme un objet précieux à ne pas perdre. Elle semble comprendre. Si elle se fait accuser de fauche, mon aide lui aura été drôlement utile ! La commerçante emballe le sapin dans un filet, ce qui lui donne plus l’aspect “vendu” que “volé.”
À un marchand de marionnettes – si belles, si douces, j’aurais craqué en toutes autres circonstances – à la démarche commerciale un peu agressive, j’explique : j’achète un sapin de Noël pour cette dame qui, cette dame que, travail, enfants, pas de papa, maman qui pleure tout le temps, pas de papier… Un peu interloqué, “c’est comme vous voulez” me répond-il.
Où va vouloir se rendre ma mendiante ? Elle retourne au même emplacement. Elle voudrait des guirlandes, je lui en montre une dans une vitrine, c’est bien cela, ses enfants voudront un sapin avec des guirlandes.
Nous nous séparons en rejoignant le marché éthique.
J’y trouve des guirlandes toutes simples, trop simples certainement, ce ne sont pas de “vraies” guirlandes de chez nous : des cercles de papier dans les huit centimètres de diamètre, collées sur une ficelle, la guirlande mesure trois mètres. Facile à (re)faire. Elles viennent du Népal. Le vendeur, lui, est sensible à la misère de ma jeune amie, il rajoute une pochette avec un autre type de guirlande, fines et délicates. Elle les sortira plusieurs fois de sa poche pour les regarder.
Elle s’est installée exactement au même endroit, mais assise sur mon pull, elle a moins froid me dit-elle ! Le sapin a disparu : confié à une copine. Soit.
Insatiable, elle a une nouvelle demande : elle voudrait à manger. Un peu plus un peu moins… Rue de Strasbourg, elle me guide jusqu’à un supermarché où elle se lâche, raisonnable cependant !
Des œufs, d’abord, j’en prends six, bio, je ne peux pas faire autrement. De l’huile (petit cours de prononciation du U), du shampooing, du sucre, oh, de l’eau ! “Je peux prendre de l’eau, j’ai tellement soif !” Elle boit à la bouteille et me demandera au moment de payer s’il faut la mettre sur le tapis avec les autres articles.
Enfin, elle dévoile son plus gros désir, son rêve : elle voudrait manger un gâteau. Là, pour ce qui est de bouffe écolo, ce n’est plus possible. Je la laisse choisir une bûche sans doute bourrée d’additifs.
Il faudra acheter un cabas pour fourrer tous ces articles, et le cabas sera plein. Je me demande comment elle rentrera dans son hypothétique chez elle, le sapin, le cabas, son propre sac avec quelques bricoles…
Le vendeur, lui, se demande autre chose – en la voyant fagotée dans ses vêtements sans allure : il me réclame une pièce d’identité…
Dans nos échanges difficiles, j’ai compris qu’elle dispose d’un frigo. Au moins, le frais y sera protégé.
Quand ai-je commencé à la tutoyer ? Alors que j’y prends toujours garde, ayant remarqué comment j’ai vite fait de bousculer les gens, de les gêner, voilà que je ne sais même plus à quel moment j’ai arrêté le vouvoiement.
En chemin, elle me couvre de compliments, me dit que je suis belle, exprime le désir de me revoir… De manger ensemble le gâteau. J’évite de lui avouer le menu de mon repas de midi, encore bien présent dans mon estomac rassasié.
Je consulte ma montre. Je dois y aller. Elle insiste, me dit qu’elle sera là.
Je ne peux rien faire d’autre. Apparemment, elle bénéficie d’aide, rencontre une assistante sociale. Elle travaille même parfois. Connaît une autre femme qui, un peu comme moi, l’aide aussi.
Cette aventure m’aura coûté de l’argent, mon argent, celui que j’ai gagné et sur lequel je paye des impôts, non pas pour les banques, mais pour venir en aide aux plus démunis.
Et je pense au père Hugo, fronçant les sourcils à l’égard de mon irresponsabilité :
« Si tu donnes du poisson à un homme, tu le nourris pour la journée. Si tu lui apprends à pêcher, tu le nourris pour la vie. »
Je ne sais rien de cette amie de passage, même pas son nom ! Elle ne peut pas m’avoir menti. Qu’elle ait été intéressée est une évidence, elle n’a pas cherché à le cacher, mais cette base très matérialiste de la relation n’a pas bloqué le fort courant de sympathie. Elle me plaît. J’aime son caractère égal, sa joie de vivre, sa simplicité.
C’est une amie que je regrette, et que, peut-être, je ne reverrai jamais.
J’ai écrit ce bref récit avec la rage. Il n’est pas une tranche de vie, il est un appel, une lumière posée brièvement sur quelque chose qui ne tourne pas rond.
Il y en a, des choses qui ne tournent pas rond !
Un petit coup d’éclair-Rage par-ci, un petit coup d’éclair-Rage par là, et il ne faudrait jamais s’arrêter.
Mais que faire ?
P.S. La famille Ajredinovski / Todorova a quitté le centre de rétention… pour se retrouver aussi fragile qu’avant, sans papier, sans avenir, sans beaucoup d’espoir…
7 Comments so far...
Zoë Lucider Says:
4 janvier 2012 at 13:34.
Toujours difficile de distinguer si on vient en aide à quelqu’un ou si on entretient un système bien rôdé de mendicité. Si on donne, on doit accepter le risque. Mais il m’arrive souvent de refuser parce que je trouve la mendicité aussi humiliante pour celui qui donne que pour celui qui reçoit.
JEA Says:
4 janvier 2012 at 13:46.
Authentique. Je me faufile de passage en passage dans un Paris imprégné des mêmes odeurs que Bombay ou Calcutta.
Un homme sombre me tend la main. J’avais une pièce en poche. La voici pour lui.
Deux heures plus tard, retour sur mes pas. Le même passage. Le même mendiant. Il me fait signe, m’arrête et dit à peu près : « Je vous rends votre pièce, elle est fausse… »
Pascaline Chion Says:
4 janvier 2012 at 15:07.
@Zoé
C’est vrai. « Ma » mendiante était d’un naturel et d’une simplicité désarmante.
@ JEA
Étonnant, et surréaliste !
Floréale Says:
5 janvier 2012 at 21:22.
Epoustouflant, votre article.
\Mais que faire?\, diantre, c’est vrai ça. Que faire à quoi, d’ailleurs? A la mendicité? Aux mendiants? A la misère du monde? On doit le prendre par quel bout, votre magma?
Par le commencement, c’est peut-être plus simple. La bonne vieille logique cartésienne, ça a du bon.
Votre bosniaque, elle est rom, apparemment.
Alors eux, les roms, ils sont européens, que ça nous plaise ou non. ça fait 1000 ans qu’ils sont installés en Europe, donc, c’est un problème européen. Parce que si on commence à dire qu’ils ne le sont pas après un millénaire de permanence sur le sol européen, on va dire quoi des autres venus ensuite?
Ils sont entre 10 à 12 millions répartis dans divers pays de l’UE. Pas grand chose sur les centaines de millions d’habitants de l’UE. Donc ce n’est pas acceptable qu’ils soient aussi miséreux, très nettement plus miséreux que la moyenne des ressortissants UE, \immigrés\ venus de pétaouchnok compris.
Ce ne sont pas des gens qui réclament la lune. Ils ne revendiquent pas un Etat, ça ne les intéresse pas, mais ils sont cependant une nation, avec une langue et une culture.
Ils ne demandent pas non plus des accommodements religieux particuliers.Ils sont majoritairement chrétiens s’ils sont croyants comme bcp le sont, passent facilement d’une obédience chrétienne à une autre, ont tendance à passer aux églises évangélistes (ce qui n’est pas vraiment ce qui peut leur arriver de mieux) parce que les autres n’en ont rien à foutre, sans plus.
Ce qu’ils voudraient, c’est si possible ne pas vivre dans la boue au milieu des tas d’ordures, avoir accès à un minimum d’hygiène et de soins médicaux, et scolariser leurs enfants.
Pour parvenir à ce minimum décent, ils leur faut des représentants aux parlement européen. Ils en ont quelques uns, principalement en Espagne et en Hongrie (mais en ce moment, il n’y a pas grand chose à attendre de la Hongrie), mais pas suffisamment parce qu’il leur en manque dans les autres pays où ils résident.
Le pays où ils ont été le mieux incorporés, c’est en Espagne où ils sont quelques 700 000. Il ne faudrait sans doute pas trop gratter le vernis, mais enfin les espagnols (et c’est tout à leur honneur) se sont incorporé les leurs tous seuls comme des grands sans que l’UE s’en mêle, en débloquant les crédits nécessaires en des temps meilleurs que maintenant. Les autres pays n’ont qu’à faire pareil et s’incorporer les leurs.
Par la suite, des crédits ont été débloqués et des programmes mis sur pied par l’UE dans certains pays, comme la Bulgarie par exemple, mais ça a posé des problèmes, parce que ça a signifié une guerre de pauvres: nombre de bulgares vivent à peine mieux, ils ont donc mal pris une aide pour des moins pauvres qu’eux et pas pour eux.
Si vous ne voulez pas avoir de rejets et de fâcheux retours de bâton, c’est quelque chose dont il faut tenir compte: d’autres aussi sont pauvres. C’est pourquoi ils ont besoin de représentants (des députés) de leur nation (et que leur nation soit reconnue comme telle) au parlement européen, afin que les aides qu’ils perçoivent soient légitimes aux yeux des autres, sinon ça ne marchera pas et ils continueront à être perçus comme des parasites sans droit de cité.
Pascaline Chion Says:
6 janvier 2012 at 17:40.
Merci, Floréale, pour votre long commentaire et tous les débats qu’il permet.
Cette Bosniaque avait le teint très clair, et vivait en France depuis trois ans… Ce qui ne prouve rien sur son identité, ni dans un sens ni dans l’autre…!
Pour ce qui concerne les modalités de défense des peuples opprimés, avoir des représentants me semble une nécessité. Mais qui ?
Quand j’ai rédigé la chronique sur Grey Owl, faux Indien et vrai sympathique imposteur, que l’on considère aujourd’hui comme un précurseur de l’écologie
http://www.lafeuillecharbinoise.com/?p=2483
j’ai lu, à cette occasion, les travaux de maîtrise rédigés par Sylvia Sähr, qui déclarait :
« Sans sa transformation en Autochtone, cet Anglais aux cheveux longs n’aurait pu faire connaître au grand public la nécessité de sauver la Wilderness et les cultures autochtones.»
Ici, nous avons une culture, un peuple, défendus par une personne qui leur est étrangère – et s’en cache.
Plus proche de nous dans l’histoire, Georges E Sioui, Huron Wendat né en 1948, historien, a choisi cette voie d’études et en remercie la personne qui l’y a poussé « afin que notre Peuple des Premières Nations, au Canada, ait enfin un historien de ce niveau que personne ne puisse jamais exclure du débat sur notre histoire et notre civilisation. »
Parmi quantités de chemins possibles, en voilà deux, différents, tout ceci pour dire que les pistes originales ne manquent pas !
Quant aux guerres des pauvres… nous voilà dans la vraie problématique. Cette espèce de dogme qui nous présente aujourd’hui le libéralisme et ses dommages collatéraux comme incontournables n’arrange rien.
Alors qu’un monde un tout petit peu plus fraternel et partageur, ce n’est pas impossible.
François Says:
10 janvier 2012 at 15:17.
Merci pour ce récit, qui soulève des questions difficiles et douloureuses, auxquelles je n’ai, évidemment, pas de bonne réponse. Mais s’affranchir de nos gouvernements à la solde des banques et des multinationales serait un premier bon pas vers une société plus égalitaire. On peut toujours rêver…
Pascaline Chion Says:
12 janvier 2012 at 20:05.
« Si nous ne rêvons pas que le monde va changer, le monde ne changera pas », je cite Serge Utge-Royo de mémoire…
Tu as raison, François, on peut toujours rêver – ou on doit !
En te lisant, c’est marrant, j’ai pensé à Coluche qui a lancé les restau du coeur, clic, comme ça, sa célébrité impulsant son projet. C’était un truc de dingue et pourtant ça marche encore aujourd’hui – cou-ci cou-ça – si longtemps après sa mort. Ce qui est bon et mauvais signe en même temps…
Il y a forcément des idées géniales, j’en ai deux trois, là, sur le bout de la langue mais pour le moment ça ne sort pas, pour trouver comment s’affranchir de nos gouvernements, comment trouver des chemins de traverse…
Mais faut pas renoncer, hein, faut y réfléchir très fort !