24 juin 2008
La traçabilité des chaussettes…
Posté par Paul dans la catégorie : au jour le jour... .
Un peu de retard pour cette chronique du mardi… La vie quotidienne est tellement riche en évènements palpitants ! Quelques dysfonctionnements aussi du côté des connexions (certains ont eu du mal à accéder à la « feuille »), mais ça ce n’est pas de notre faute (quoique…) : problèmes de fonctionnement pour le serveur qui nous héberge. Je ne pensais pas que ma chronique d’hier aurait des effets pareils. Il parait que la température est montée à 45° dans la salle des machines, suite à une panne sévère de la climatisation. Selon les infos transmises en journée par la société concernée, l’un des climatiseurs aurait même explosé, entrainant un dégagement de fumée, le déclenchement des appareils d’alerte incendie et l’intervention des pompiers. Je pense que j’ai dû un peu exagérer ces derniers temps ; chroniques trop sulfureuses, trop fumeuses, trop incendiaires somme toute ! Mon « lundi sapristi » a fait sauter les disjoncteurs.
A part ça, aujourd’hui c’était la journée shopping… Ça n’arrive pas souvent alors c’est plutôt instructif. On va dans la grande ville (20 ou 30 000 habitants quand même) et on va promener un chariot dans l’hypermarché de la civilisation. Les courses c’est éprouvant ! Tous ces gens avec leurs téléphones portables, leurs angoisses existentielles devant le rayon des pyjamas, et leurs problèmes conjugaux qui éclatent lors d’un face à face avec les laitues… On charge, on décharge, on recharge, on redécharge, on rerecharge et pour finir on reredécharge. Impressionnant de manipuler six fois le même paquet de pâtes avant qu’il n’aille dormir plusieurs semaines dans un placard. Ça serait un gosse qu’on se passerait de main en main, il aurait le tournis ! Heureusement que les nouilles ça ne craint pas le mal de mer ! Et puis il faut gérer « l’après-courses » ; et là, on est parfois confronté à des problèmes inattendus !
En rentrant, par exemple, j’ai passé un bon moment à suivre mes chaussettes à la trace sur Internet. J’ai en effet acheté des chaussettes « éthiques » (non je n’ai pas écrit « étiques » ; elles sont comme il faut mes chaussettes !). Elles ont un « code ADN » qui permet de suivre leur histoire personnelle sur le site indiqué par le frabricant. Ça m’intéressait, moi, de connaître l’origine génétique de ces machins avec lesquels je vais être en contact finalement assez intime… Il faut dire que j’innovais, essayant d’adopter un comportement de consommateur responsable. Après avoir acheté, pendant des années, des chaussettes qui ne compriment pas, ne glissent pas (mensonge), tuent les bactéries responsables des mauvaises odeurs, ou sont fabriquées en coton bio, j’ai fini par donner dans la chaussette « éthique ». Ce n’est pas une mince affaire… Mais je ne recule devant aucun effort quand il s’agit d’une grande cause… En deux temps trois mouvements, l’enquête était lancée. Je me demandais avec curiosité si j’allais voir la tête de la gentille couturière qui les avait assemblées, en pensant au confort de mes petits petons. Je me connecte donc sur « www.respect-inside » et, comme demandé sur la page d’accueil, je tape le code secret (que je ne vous indiquerai pas car ce sont mes chaussettes à moi ; vous avez qu’à vous en acheter).
Amère déception : j’ai beau cliquer sur tous les boutons possibles, pas de couturière souriante, ça c’est une chose… Mais pas de détails non plus sur le coût de fabrication, sur les frais de transport, sur la marge du magasin, sur les conditions de travail dans l’usine de production. Uniquement des infos géographiques : usine en Roumanie (pas d’adresse) ; coton provenant de Turquie (Nuryldiz) ; Polyamide arrivé d’Espagne (Defiber : ville ? marque ?) ; Elasthanne provenant d’on ne sait où ; Transporteur inconnu au bataillon. Point final. Deux conclusions :
– on se fout de ma gueule en matière d’éthique car aucun des renseignements fournis ne me permet d’opérer une vérification quelconque ;
– les chaussettes ne m’ayant pas coûté un prix faramineux et les constituants s’étant promenés d’Espagne en Roumanie, en passant par la Turquie, pour arriver en France, je pense que ma couturière n’a pas dû gagner de quoi s’en acheter une paire.
En tout cas, au moins, je ne me suis pas trompé de pointure et elles ont des couleurs qui vont faire craquer toutes mes copines quand je vais poser mes bottes boueuses en rentrant du jardin…
Tant pis pour les chaussettes, on a fait des efforts aussi pour consommer plus humainement au rayon chocolat et café. Pour le café, on n’est pas « éthiques » on est « équitables ». C’est un peu cher, mais quel choix en grande surface ! Encore quelques années et les producteurs de cacao et de café rouleront tous en Mercédès si ça continue ! Pour faire original, il faudra acheter des produits fabriqués par des gosses réduits à l’esclavage (NDLR c’est de l’humour, t’énerve pas Juliette). Les paquets de café, c’est simple, il y en avait un plein rayonnage : Ethiopie, Ghana, Mozambique, Guatemala, Mexique… Vous imaginez ! Des hordes de paysans marxistes travaillant dans des coopératives luxuriantes en chantant des hymnes à la gloire du Che, avant de se jeter comme des sauvages sur le monde blanc civilisé. On a passé un bon moment à déchiffrer, à soupeser, à comparer, à humer, à réfléchir, avant de jeter notre dévolu sur du « Goroka » provenant de Papouasie. Vous saviez, vous, qu’ils faisaient du café ces gens là ? Incroyable ! Quand on pense, ma bonne dame, que leurs ancêtres coupaient sans doute des têtes et ne connaissaient même pas la Ricorée ! Cette leçon de géographie « grandeur nature » nous a un peu tourné la tête : on s’est plantés ; on a rapporté du café en grains au lieu du café moulu et on n’a pas de moulin. On a bien une meule de pierre qui traîne dans un coin de la grange, mais c’est pas facile d’obtenir une mouture régulière. Et puis nos ancêtres à nous, ils ont inventé une machine pour ça. Quelle galère !
Cette histoire de café c’était une arnaque aussi… La preuve, pas de code ADN sur le paquet… Pas moyen de suivre le produit à la trace. C’est suspect ! Ils ont quelque chose à cacher sans doute. Les fabricants de chaussettes, eux au moins, ils sont honnêtes et transparents. A ce propos d’ailleurs, chaussettes, café, eau bouillante… Il y a peut-être moyen de faire quelque chose !
La journée s’est terminée. Pas de chronique pour « la feuille charbinoise » et puis on avait faim. On s’est donc fait une petite pierrade, mais comme on avait un peu honte d’utiliser de l’électricité nucléaire, on s’est branchés sur le compteur du voisin (qui a des photopiles). C’était donc un festin « éthique », « biodégradable » ou « naturel », je ne sais plus trop. En tout cas on a terminé la fête en mangeant nos pêches, « mûres à point », et pour faire bonne mesure et ne rien jeter, on a dégusté l’emballage en maïs et planté les noyaux dans les pots de géranium. Le prix Nobel de l’écobobologie ça existe ? (et paf reparti dans les jeux de mots idiots, gare la clim du serveur !)
NDLR : merci à l’agence de voyage Intertravel pour la jolie image de Papou ; merci à moi pour la jolie photo de chaussettes (comme ça vous pourrez, Mesdames, me reconnaître, lors d’un prochain rendez-vous)…
4 Comments so far...
Clopine Trouillefou Says:
25 juin 2008 at 17:17.
Hélas, mes chaussettes à moi ne rêvent qu’à une chose : se faire la paire. Elles sont de farouche militantes du divorce par consentement mutuel (enfin, sans le mien), et il y en a toujours une qui se barre, laissant l’éplorée se consoler avec une ridicule socquette, voire une d’une autre ethnie, pas de la même couleur quoi. Alors, du coup, éthique ou pas éthique, je les veux économiques, moi. Et toc.
Clopine
Pascaline Says:
25 juin 2008 at 20:51.
En attendant, on peut taper sur google « traçabilité des chaussettes ». Pour l’instant, à défaut de tomber sur « la feuille » ce qui ne saurait tarder, voici ce qu’on peut trouver, pas inintéressant, même si le terme « code ADN » crée trop de confusion selon moi
22.08.2007 *respect-inside annonce un nouveau partenariat avec la compagnie textile Olympia
Olympia, reconnu pour ses chaussettes confortables et colorées, franchit une étape éthique de plus en terme de transparence et de traçabilité, avec l’introduction du label *respect-inside sur plusieurs des produits de son catalogue hiver 2007.
Ainsi, Olympia n’est plus seulement une chaussette en phase avec les exigences de marchés aussi différents que ceux du grand public, des professionnels ou des sportifs ; *respect-inside permet à Olympia de se distinguer un peu plus encore avec un produit socialement et environnementalement responsable. En effet, ce label lancé en 2005, garantit la transparence, la traçabilité et la visibilité sur les chaînes d’approvisionnement de ses partenaires ainsi que les mesures prises pour améliorer les conditions de vie et de travail des personnes impliquées dans les processus de production.
Afin de réduire la consommation d’énergie et d’améliorer continuellement les conditions de vie de ses travailleurs, Olympia s’allie avec *respect-inside pour fournir au consommateur des informations sur chaque étape de la production de ses chaussettes, du champ de coton jusqu’au consommateur. Ces derniers peuvent trouver les codes adn « respect-inside » sur plus de 25 références Olympia et accéder à leur traçabilité en les introduisant sur le site http://www.respect-inside.org.
Paul Says:
26 juin 2008 at 07:29.
Bon, je me suis peut-être laissé un peu vite aller à l’ironie sur cette affaire de chaussettes. Comme je le disais, on est parfois confronté à des problèmes inattendus. Il y a plus d’informations que je ne le pensais sur le site respect-inside. Notamment une notation de l’usine de tissage en fonction de critères assez difficiles à évaluer. De plus, la démarche est naissante et il ne faut pas noyer le bébé avec l’eau du bain. Je vais creuser la question et j’en reparlerai sûrement car c’est une problématique qui m’intéresse… En tout cas, le code ADN étant attribué à la paire et non à une chaussette unique, pas moyen de retrouver la paire au cas où l’une des deux se la ferait ! Quant à porter deux socquettes différentes, pas de problème : il y a longtemps que ça serait « tendance » si cela ne présentait pas l’inconvénient de limiter la consommation ! Amitiés à tous !
Paul Says:
26 juin 2008 at 07:34.
Ne voulant être accusé ni de publicité, ni de contre publicité (avant d’avoir un peu approfondi la question), c’est volontairement que je n’avais pas cité de marque. Pascaline l’a fait. Va-t-il falloir que je révise ma copie ? Ce que je peux vous dire d’ores et déjà c’est que l’usine de tissage d’où proviennent mes chaussettes est plutôt bien notée sur le site « respect-inside » et qu’elle n’emploie ni enfants ni travailleurs forcés. Maintenant rien n’est dit quant aux conditions de travail et au niveau des salaires… Ces chaussettes n’ont pas fini de faire cliqueter les claviers !