3 juillet 2008
3 juillet 1608 : fondation de Québec
Posté par Paul dans la catégorie : Histoire locale, nationale, internationale : pages de mémoire .
Lors de son troisième voyage en Nouvelle France, Samuel de Champlain remonte le fleuve Saint-Laurent avec l’intention de trouver un site favorable où il pourrait installer un comptoir d’échanges de fourrures permanent. Les Français font déjà du commerce avec les Indiens Montagnais, Hurons et Algonquins. Le navire de Champlain, le Don-de-Dieu, fait escale à l’emplacement actuel de Tadoussac, puis le navigateur continue son périple, en barque, jusqu’à un endroit qu’il a repéré précédemment, où le cours du fleuve devient plus étroit. La présence d’un promontoire boisé présente aussi l’avantage de pouvoir établir un campement permanent relativement facile à défendre. Les Indiens Montagnais acceptent la présence des colons français sur cette partie de leur territoire. Champlain décide donc d’établir en ce lieu son nouvel établissement qu’il nomme « l’Abitation de Québec », sans faire preuve de beaucoup d’imagination puisqu’il emprunte le nom aux autochtones (« détroit » se dit Quebec dans la langue des Indiens Micmacs). Le terme de « village » peut difficilement s’employer pour qualifier le nouveau comptoir, qui ne comporte que trois maisons en bois à deux étages, établies autour d’une cour fermée par une palissade. Les logements sont construits au pied de la falaise, sur une pointe étroite qui s’avance vers le fleuve. Le dispositif défensif est complété par un fossé, un pont-levis et deux plateformes à canon. Un bien modeste début pour la future capitale historique de la Province de Québec. Mais les dés sont jetés, et à partir de cette date, un certain nombre de colons français vont « prendre racine » au bord du fleuve majestueux.
Ces pionniers sont une trentaine, uniquement des hommes. Dès leur installation, les ennuis commencent : une tentative d’assassinat est préparée contre Champlain, par quelques hommes du groupe, soudoyés par les Basques rencontrés à Tadoussac ; ceux-ci ne veulent pas que les commerçants de Rouen, qui ont financé l’expédition, s’approprient le monopole de la traite. Le complot est découvert, et son chef est pendu. Pont-Gravé, l’un des accompagnateurs de Champlain, rentre en France en Septembre, emportant avec lui une importante cargaison de fourrures et les trois autres associés de la conspiration. Les colons ne sont plus que 28 et ils se préparent à affronter la saison froide. Le premier hiver dans la colonie est terrible… Faute sans doute d’être assez attentifs aux conseils donnés par les Indiens, les nouveaux arrivants vont payer un tribut élevé au scorbut et à la dysenterie :17 morts en quelques mois. Les onze survivants devront attendre le mois de juin de l’année suivante pour être ravitaillés, par un bateau venu de France et transportant armes, outils et nourriture. Samuel de Champlain fait partie des survivants. Dès les premières années de leur installation à Québec, les Français vont être impliqués dans les guerres entre les tribus indiennes : alliés aux Montagnais et aux Hurons par le traité qu’ils ont signé avant de construire leur comptoir, ils vont devoir combattre les Iroquois. Les Anglais, de leur côté, poursuivent leur propre activité d’exploration et commencent à s’installer dans la région. Tous les éléments d’un futur conflit se mettent en place, mais ceci est une autre histoire !
A Québec, les premiers bâtiments en pierre, marquant la première étape importante du développement de la future capitale, ne seront construits que 15 ans après la fondation, ce qui indique bien l’incertitude qui pèse sur le comptoir pendant les premières années. Le rôle de Samuel de Champlain dans le développement de la colonie française est considérable. Sans le travail de « lobbyiste » qu’il a effectué auprès de l’administration et du Roi, le premier établissement français durable n’aurait probablement pas survécu. A sa mort, le jour de Noël 1635, Champlain a effectué vingt-trois traversées de l’Océan Atlantique et parcouru plus de 35 000 kilomètres en canot et en bateau. Il a également rédigé quatre livres, compte-rendus de ses voyages, illustrés de cartes et de dessins. Tout ce travail a pour but de motiver la noblesse et la bourgeoisie commerçante de métropole à investir dans cette province de Nouvelle France, une entreprise qui paraît, à l’époque, bien éloignée et bien risquée. En 1627, lorsque le Cardinal de Richelieu témoigne enfin de l’intérêt royal en créant la « Compagnie des Cent Associés » ayant pour mission de peupler la Province, la population française résidant au Québec s’élève à une centaine de colons répartis entre l’Abitation de Quebec et l’Acadie. Si l’on tient compte du fait que le voyage de découverte de Jacques Cartier a eu lieu presque une centaine d’années auparavant (1534-1535), on ne peut pas dire que la traversée de l’Atlantique ait motivé nombre de nos concitoyens ! Il faut dire que les motivations des immigrants sont parfois contradictoires : ceux à qui profite la traite des fourrures (trappeurs et négociants) ne veulent pas être trop nombreux à se partager le pactole ; ceux qui viennent valoriser le patrimoine agricole ont intérêt à arriver massivement@ pour peupler le pays, quant aux missionnaires, ils s’intéressent principalement aux « Sauvages ».
Ces premiers colons du Québec, qui sont-ils alors précisément ? La plupart d’entre eux sont originaires de l’Ile de France, de la Normandie, du Poitou ou de l’Anjou, plutôt les régions du Centre et de l’Ouest. Les documents d’archives sont suffisamment complets pour permettre d’en nommer beaucoup et de connaître la singularité de leur destin, au fil des années. En 1617, par exemple, un certain Louis Hébert, apothicaire à Dieppe, s’embarque pour la Nouvelle France ; son épouse, ses trois enfants et son beau-frère l’accompagnent : il est le premier chef de famille à vivre non de la traite, comme ses prédécesseurs, mais de ses cultures. Lorsqu’il arrive, la colonie ne comporte encore qu’une cinquantaine d’habitants, alors qu’elle a été fondée il y a huit ans. De 1629 à 1632, l’Abitation de Québec passe aux mains des Anglais. Lorsque les Français reprennent possession des lieux, il faut tout reconstruire, mais le peuplement du comptoir va s’accélérer et les nouveaux colons vont s’installer dans les terres le long du Saint-Laurent. En 1634, un dénommé Robert Giffard embarque à Dieppe. Il est titulaire d’un contrat de la toute nouvelle Compagnie des Cent Associés, qui lui accorde un vaste territoire, sous réserve qu’il en assure le peuplement. Il convainc plusieurs de ses compatriotes artisans de le suivre dans son aventure : Jean Guyon, maçon, Zacharie Cloutier, charpentier, une quarantaine de colons, originaires du Perche, l’accompagnent. Ce sont des familles complètes qui émigrent, en échange d’une promesse de donation de terre… Les exemples de départs groupés d’un même village, d’une même région, sont assez nombreux. Certains, comme Robert Giffard, ne partent pas totalement vers l’inconnu, ayant eu déjà l’occasion d’effectuer un voyage au Québec quelques années auparavant, en tant que marins sur les bateaux de Champlain.
Il n’y a pas que des militaires ou des artisans qui s’installent dans la nouvelle Province. Dès 1615, les premiers missionnaires, chargés d’évangéliser les populations locales, débarquent également. Ils appartiennent à l’ordre des Récollets. Quelques années plus tard, ce sont les Jésuites qui s’intéresseront également à cette noble mission d’inspiration divine. Dans la charte des Cent-Associés, il est dit que « … les Sauvages qui seront amenés à la connaissance de la foi et en feront profession, seront censés et réputés naturels Français et comme tels pourront venir habiter en France, quand bon leur semblera, et y acquérir, traiter, succéder et accepter donations et légats, tout ainsi que les vrais regnicoles et originaires Français… » Les exemples de colonisation de provinces ou de villages français en métropole par les Hurons, sont, à ma connaissance, restés relativement rares ! Sans doute, leurs rapports ultérieurs avec les arrivants en Nouvelle France ne leur ont-ils pas donné envie d’en savoir plus sur l’origine de leurs nouveaux voisins… Il serait amusant d’imaginer un renversement du cours de l’histoire !
De nombreuses cérémonies marquent le « quatre-centième » à Québec. La ville a laissé à Montréal le rôle de capitale administrative et économique, mais elle reste la capitale historique de la Province. Les francophones y sont largement majoritaires, et les vieux quartiers de la ville, très agréables à visiter, ne manquent pas de rappeler les liens très forts qui ont existé et existent toujours entre nos deux pays. Plusieurs personnalités politiques françaises ont d’ailleurs fait le déplacement pour participer aux cérémonies officielles. Cette commémoration est aussi l’occasion pour les citoyens du Québec de revisiter leur histoire et de faire le bilan de leurs rapports, pas toujours faciles, avec les Indiens, premiers « vrais » habitants de la Province.
NDLR : pour ceux qui veulent toujours « tout » savoir ! Louis Hébert est mort en Janvier 1627. Il a fait une mauvaise chute en dérapant sur la glace. Voici ses dernières paroles : « je meurs content, puisqu’il a plu à Notre-Seigneur de me faire la grâce de voir mourir des sauvages convertis. J’ai passé les mers pour les venir secourir plutôt que pour aucun intérêt particulier, et je mourrais volontiers pour leur conversion, si tel était le bon plaisir de Dieu. Je vous supplie de les aimer comme je les ai aimés et de les assister de tout votre pouvoir. Dieu vous en saura gré et vous en récompensera en paradis… Ils sont créatures raisonnables comme nous. Par vos bons exemples, par vos prières, il faut leur apprendre à le connaître. »
2 Comments so far...
Pourquoi pas ? Says:
3 juillet 2008 at 16:25.
Aux dernières nouvelles, il semblerait que l’ambassadeur de la principauté du Charbinat au Québec fera le déplacement pour assister aux festivités en personne !
Evelynej Says:
6 juillet 2008 at 23:24.
Bonsoir,
Nouveau concept sans manières, ni « chichis » : venez découvrir l’exposition d’artistes à la campagne, l’art au pays de la rillette !
Merci pour le commentaire. Il est vrai que j’ai très peu travaillé ce tableau parce que je pensais avoir bien traduit le caractère de cet enfant. Je craignais de tout gâcher en peaufinant.
Evelynej
Scribouille et peinturlure
http://evelynej.unblog.fr/