17 novembre 2012
Doutes et convictions après cinq années de route sur la toile
Posté par Paul dans la catégorie : philosophie à deux balles .
Chronique fleuve à l’occasion d’un anniversaire symbolique
Certains s’attendent, lorsqu’un blog parle de politique, à ce que ce blog ne parle « que » de politique et se charge de délivrer un message (si possible cohérent) sur l’actualité économique, sociale, environnementale…, propose des analyses lucides (et si possibles brillantes) de la situation globale, voire même esquisse des solutions réalistes aux problèmes rencontrés… Eh bien ce n’est pas le cas de la « Feuille Charbinoise », dont la démarche reste volontairement hors des sentiers battus même si ce n’est pas toujours évident : certains jours je doute fortement d’avoir fait les bons choix… Dans ce blog j’ai choisi, dès le départ, de parler aussi bien de Louise Michel que d’Emilie du Châtelet, des châteaux féodaux comme des révoltes de ceux qui les ont construits, des découvreurs de nature comme des militants syndicaux, de la fabrication du pain ou du plaisir de la fête et de la rencontre avec les autres. Il ne s’agit là en aucun cas de l’expression d’une quelconque neutralité ou objectivité, ou d’une volonté de racolage. J’ai une opinion plus ou moins établie sur un certain nombre de sujets et j’en fais volontiers part ; mes doutes, mes certitudes, mes contradictions font partie de ce bagage. Tout cela histoire d’alimenter le débat et de toucher un public plus large que celui des militants, qui ont à leur disposition nombre d’autres sites d’information. Les sujets sur lesquels j’ai envie de communiquer dépassent largement le champ du « politique » classique ; celui-ci me paraît bien trop restreint. Je ne cache pas mes sympathies à l’égard du mouvement anarchiste, même si je n’approuve guère les gesticulations ayant pour but de l’enfermer dans une tour d’ivoire (*). La vision libertaire que j’ai du monde est plus une philosophie, une éthique, une façon d’appréhender les événements de la vie quotidienne, qu’une simple idéologie politique à transmettre. En fait « tout est politique », comme le disait si bien un slogan de Mai 68.
Pour dire les choses autrement, je dirai que je ne fais pas de propagande car je ne crois guère à la propagande, tout au moins à celle qui a pour objectif de « convertir ». Je pense que l’attention qu’on porte à un discours plus ou moins martelé, peut faire évoluer une opinion mais en aucun cas ne peut remettre en cause fondamentalement le système de pensée dans lequel nous évoluons. Seul un processus de réflexion personnelle, difficile à expliquer et certainement pas généralisable, peut favoriser cette démarche. Les conditions dans lesquelles débute une prise de conscience politique, ou un changement idéologique profond, sont difficiles à déterminer. Les ambiances combattives sont à mon avis un facteur favorable (**). Savoir qu’il existe d’autres philosophies que celle qui domine largement aujourd’hui est important : la connaissance de ce qui existe est une base solide pour découvrir de nouveaux horizons. La propagande peut certes amener quelqu’un à préférer un gourou à un autre ou à vouloir remplacer un parti au pouvoir par un autre. J’imagine mal qu’elle soit un facteur suffisant pour amener à remettre en cause le processus de soumission permanente à une hiérarchie présentée comme naturelle dès les premiers âges de la vie. Point de salut hors de l’obéissance aveugle à un supérieur dont la nature peut être très variée : esprit surnaturel ou vulgaire directeur de conscience, officier de police, enseignant omniscient, chef de bureau ou de cellule… Echapper à un tel processus nécessite un réel bouleversement mental. Bref cela m’intéresse d’exposer, peut-être de convaincre, mais sûrement pas de convertir ; faire connaître une idée, base importante, car il est difficile de s’intéresser à quelque chose qui est enfermé derrière une porte close surtout si elle est invisible. Or je considère que l’anarchisme est un mode de perception de la vie en société qui est à la fois « enfermé » parce que pratiquement inconnu, et « invisible » parce que les accès possibles à cette philosophie de l’existence sont voilés derrière un rideau de clichés et de non sens. Abordez Monsieur Toulemonde dans la rue et demandez lui ce qu’il pense de l’anarchisme et des anarchistes. Les réponses seront édifiantes.
J’ai quand même une restriction à formuler par rapport à ce que je viens d’énoncer. Quand je dis que je ne crois pas à la propagande, ce n’est pas tout à fait exact. En fait c’est à la propagande par le discours, c’est à dire par le simple exposé des idées que je ne crois pas. J’estime nettement plus efficace ce que j’appelle « la propagande par le fait », même si je ne mets pas la même chose derrière cette idée qu’une fraction du mouvement anarchiste à la fin du XIXème. En ce qui me concerne, la propagande par le fait ce n’est pas l’élimination physique des oppresseurs (il y en a trop !), mais une démonstration dans la réalité de la validité d’une théorie. L’autogestion, par exemple, ça peut fonctionner ailleurs que dans un bouquin : il a existé dans l’histoire et il existe de nos jours des entreprises autogérées dont le mode de fonctionnement ou de dysfonctionnement est passionnant à étudier. Les rapports humains doivent se construire sur d’autres bases que la méfiance, la rivalité, la haine ? Essayons de mettre en place des réseaux de proximité qui obéissent à d’autres lois… Le système marchand actuel conduit à la paupérisation matérielle et mentale d’une fraction croissante de la population ? Construisons d’autres systèmes d’échanges. Le seul ennui de cette propagande-là c’est qu’elle prend du temps et n’en laisse guère pour mettre ses idées noir sur blanc sur le papier. Tant pis, le « faire » est plus probant que le « dire » !
Le discours de ce blog ne saurait donc se contenter d’être politique, ce qui déroute plus d’un lecteur – et notamment ceux qui sont militants – mais se veut une approche globale du monde dans tous les aspects qui m’intéressent. Cette dernière limite est d’importance. Même si je parle d’encyclopédie désordonnée, il ne s’agit en réalité pas du tout d’une démarche encyclopédique (cela est clair dans le texte d’introduction puisque je me réclame, entre autres, du « Père peinard » ou des almanachs populaires qui n’ont rien d’encyclopédique). Je pose une pierre pour bâtir un mur qui nécessite l’intervention de pas mal de maçons… Dans la mesure du possible, je pose une pierre que j’ai eu du plaisir à tailler, même si je suis conscient de ses imperfections. Mais il faudrait un bon milliard de « feuilles charbinoises » et une solide base de données pour donner une dimension un peu plus sérieuse à ce projet. Dans la présentation du blog, j’ai fait assez souvent référence à la démarche d’éducation des Bourses du Travail, il y a un bon siècle, ou au principe qui avait présidé à la création des « Bibliothèques de Travail » par Célestin Freinet. Je n’oublie pas non plus les athénées libertaires de la Révolution espagnole. Chacun apporte au moulin le grain qu’il a à moudre et partage. Selon les années, les régions, les choix culturaux, le moulin pourra ne proposer que de l’orge ou du seigle. Cela n’empêche aucunement le moulin d’à côté de distribuer du blé ou du sarrasin. Les cours du soir des Bourses ou des Athénées étaient assurés par des bénévoles. Lorsqu’un camarade maitrisait à peu près l’italien, il apprenait cette langue à ses compagnons. La démarche a été et est toujours un peu la même au sein du mouvement de l’école moderne (Freinet) et le bon millier de Bibliothèques de Travail (familièrement BT) qui ont été publiées ne couvrent pas – loin de là – l’ensemble des sujets qu’il aurait été intéressant d’aborder à l’école.
A mes yeux, une démarche libertaire ne saurait être que globale : philosophique, politique, écologique, historique, artistique… Cela, il m’a fallu quelques années pour l’intégrer. C’est l’une des convictions que j’ai acquises au fil des années et de mes lectures. J’aime beaucoup le terme de « voie libertaire » employé par Michel Ragon. Je pense aussi à la démarche de Sébastien Faure avec son encyclopédie par exemple. Elisée Reclus parle principalement de géographie dans ses ouvrages, mais il aborde ce sujet avec le point de vue d’un historien, avec une vision profondément humaniste et libertaire de notre planète commune. Le même commentaire peut être fait au sujet des travaux de Pierre Clastres en ethnologie (quelqu’un à qui je voue aussi une profonde admiration et dont je reparlerai bientôt), ou en contemplant les tableaux de certains peintres de la « belle époque ». Lorsqu’un Zévaco écrit des romans populaires de cape et d’épée, il ne manque jamais une occasion de moquer gentiment ce peuple qui bâtit de ses propres mains le carcan dans lequel on l’enferme, et qui n’a qu’un rêve, celui de remplacer un maître par un autre. Ceux qui, dans l’histoire du mouvement libertaire, ont limité leur approche à un champ très étroit et ont perdu de vue la globalité du projet, se sont, à mon avis, fourvoyés et ont rendu leur fraction de projet plus facilement assimilables par d’autres systèmes ne partageant pas du tout leur idéal. En disant cela je pense notamment aux naturistes, aux féministes devenues « suffragettes », ou aux écologistes qui limitent leur projet à un simple environnementalisme. On peut militer pour l’union libre, la contraception, la vie au grand air, le vote des femmes, la défense des bébés phoques (ne prenez pas mal ce choix d’exemples, je suis conscient du fait qu’ils ne se situent pas au même niveau !) ou la sauvegarde du chardon bleu de Pennsylvanie, sans pour autant aboutir à un changement fondamental sur la planète. Il ne faut jamais perdre de vue l’importance de la « globalité ». Pire même, certains de ces objectifs sont parfaitement intégrables. L’industrie chimique élève des coccinelles, et les multinationales les plus pollueuses protègent quelques mètres carrés de forêt tropicale, histoire de redorer leur blason.
Mes centres d’intérêts sont divers. La « Feuille Charbinoise » en témoigne. Je parle d’arbres et de forêts par exemple, car je suis convaincu de la place importante qu’ils doivent occuper dans notre environnement. Une société, non pas « idéale », mais améliorée devrait veiller au bon équilibre entre la vie animale, la vie végétale et l’empreinte humaine de plus en plus lourde sur la planète. Je m’intéresse au patrimoine car je pense que celui-ci, même s’il symbolise parfois l’exploitation, a été construit avec les mains et la sueur de nos ancêtres et que je suis convaincu que seule une bonne connaissance de nos racines permettra de construire quelque chose de véritablement neuf. Il n’est nul besoin d’incendier les cathédrales ou de démolir les châteaux pierre à pierre pour bâtir un monde nouveau. Nombre de « révolutionnaires » se sont largement trompés à ce niveau-là et leur bref passage au pouvoir a plutôt été une calamité pour l’humanité. La société à laquelle j’aspire (et je ne crois pas être le seul) ne se bâtira pas sur un lavage de cerveau. Je reste convaincu de l’importance du rôle que l’éducation a à jouer dans le processus de changement. Comme je le disais dans l’une de mes chroniques précédentes, la nécessité se fait sentir de disposer de moyens d’informations permettant de rendre visible aux yeux d’un large public tout le travail de transformation profonde de la société qui s’accomplit actuellement de partout sur cette planète. Aucun des objectifs atteints ne constitue en soi une finalité mais une brique de plus pour construire le nouvel habitat social.
Mon idée première en écrivant ces chroniques n’est donc point de vous convertir à mon point de vue. Je veux simplement faire valoir le fait que dans l’étang dans lequel nous barbotons, l’immense majorité des poissons est rouge et qu’elle est solidement encadrée par de gros requins aux dents longues (***). Il n’empêche qu’il y a quelques individus noirs, jaunes ou bleu fluo (selon vos goûts) qui réussissent à perturber ce bel ensemble homogène et que ces créatures ont des idées à proposer concernant la façon de frétiller de la queue ou de gérer l’étang. Ma sympathie pourrait aller aux requins ; j’en tirerais certainement plus de confort matériel et intellectuel. L’une des choses qui m’intrigue c’est que, de tous les poissons qui ont proposé une solution à leurs congénères pour améliorer le fonctionnement du biotope, les poissons noirs sont les seuls qui n’aient pas les mains couvertes de sang. Prenons par exemple ceux qui sont convaincus que leur « Dieu est amour » et qu’ils détiennent les clés du paradis : ils ont laissé dans leur sillage des millions de morts. Ceux qui sont persuadés que la solution peut venir d’une prise de pouvoir par un parti représentant les poissons rouges les plus pauvres, ont commis abomination sur abomination pour rejoindre finalement le camp des requins. Quant aux requins eux-mêmes et aux poissons rouges qu’ils ont su convertir, leur approche libérale de la vie en société, a généré et génère chaque jour des guerres de plus en plus nombreuses, une mise à sac de la planète, et la désespérance du plus grand nombre. La liste des soi-disant exactions commises par les poissons noirs révoltés est sérieusement plus réduite. Les crimes commis par Bush, Staline et autres « leaders d’opinion » ne se situent pas à la même échelle que l’élimination de quelques têtes couronnées par Caserio, Ravachol, Vaillant et leurs compagnons… Quant aux exactions attribuées aux militants anarchistes pendant la Révolution Espagnole, il serait de bon ton que ceux qui s’y réfèrent pour un oui ou pour un non s’intéressent de près au rôle joué par la bourgeoisie et surtout l’église pendant les décennies qui ont précédé le soulèvement populaire. Certains gestes de colère seraient alors plus simples à expliquer. Bref il me plait donc de me référer à un système de pensée qui n’a jamais tenté de s’imposer par un bain de sang.
Toutes les tentatives qui ont été faites jusqu’à présent de confier la gestion du monde à des gens qui se prétendaient « représentants démocratiquement élus du peuple » ont échoué. L’état d’anarchie est peut-être une utopie ; la démocratie parlementaire l’est tout autant ; clientélisme et corruption y font des ravages. L’exemple de nos sociétés occidentales est tout à fait parlant. Les puissances financières contrôlent la totalité de nos vies, et contrôlent surtout ceux que nous avons soi-disant librement choisis pour qu’ils nous représentent. Tous les canaux d’information sont sous la coupe de quelques grands groupes multinationaux. La dictature a changé de forme certes, mais elle reste dictature. Nous sommes gouvernés par quelques marionnettes animées par les oligarques capitalistes. Point final. Les volontés de révolte sont fermement réprimées ou soigneusement canalisées vers des voies de garage. Insécurité, chômage, misère… Ce ne sont jamais les « puissants » qui sont responsables mais les autres, de préférence plus misérables que vous. Ce n’est pas le patron qui licencie mais l’immigré qui te pique ton travail. Plus c’est grossier, mieux ça marche. On parle de « morale », de « valeurs occidentales », de « droits de l’homme » ; on se prétend « modernes » et au nom de la lutte contre les archaïsmes on est prêt à se lancer dans de nouvelles croisades. L’ennemi est tout désigné : le voisin est un terroriste ; les Etats-Unis sont un modèle de civilisation. Ces élus de droit divin se moquent de l’arbitraire chez les autres, mais ne se privent pas d’exécuter, de torturer, d’enfermer ceux qui n’acceptent pas leur totalitarisme. La société est de plus en plus normée, enfermée dans des carcans ; le nomade dérange ; les portes ouvertes inquiètent. Les mêmes parlementaires qui sont prêts à noyer sous un tapis de bombes l’obscurantisme des autres, ne se privent pas de remettre en cause la théorie de l’évolution ou considèrent, comme un brillant sénateur US il y a peu, qu’un viol suivi d’une grossesse n’est pas un viol mais l’expression d’une volonté divine…
Toute hiérarchisation permanente des rapports humains n’instaure qu’un ordre apparent car elle finit par aller contre la volonté du plus grand nombre et repose sur une répression plus ou moins visible. Je partage entièrement le point de vue de Reclus lorsqu’il écrit « l’anarchie est la plus haute expression de l’ordre ». Il s’agit certes d’un pied de nez au discours ambiant, mais ce jeu de mots ne repose pas sur du vide. Je ne dis pas qu’il faut sans cesse intervenir dans tous les domaines, notamment ceux dans lesquels on ne possède aucune compétence (cela peut s’acquérir) mais surtout dans ceux pour lesquels on n’a aucun attrait. J’admets tout à fait la notion de délégation. Je veux simplement que celle-ci soit temporaire, non reconductible, et soumise à un contrôle permanent. Je n’accepte pas de donner un blanc-seing à quelqu’un qui fera le contraire de ce qu’il a annoncé ou prendra une décision sans avoir explicité ses choix avant d’être désigné. Je veux bien être représenté mais par une personne munie d’un mandat précis. Cette personne doit être révocable au premier faux pas non explicité, et son mandat doit être d’une durée limitée et – dans la mesure du possible – non reconductible. A-t-on déjà essayé un tel système de représentation dans des conditions d’expérimentation correcte, c’est à dire hors d’un contexte de guerre et au sein d’une communauté territoriale suffisamment vaste ? A ma connaissance non, alors pourquoi ne pas essayer. Certains faits historiques ou contemporains montrent que cela marche à petite échelle. Les deux seules expérimentations importantes qui ont été faites (je pense à l’Ukraine en 1921 ou à l’Espagne en 1936) l’ont été dans un contexte de guerre particulièrement pénalisant et elles ont pourtant – en grande partie – fonctionné.
Pour moi, l’anarchisme va donc bien plus loin qu’une simple révolte, qu’une crise d’adolescence mal résolue, ou qu’un comportement bohème facilement admissible chez les artistes… Disons que mon approche est un peu différente de celle que j’avais il y a quarante ans de cela, mais, pour les valeurs fondamentales, elle reste grosso modo la même. Je dirais même qu’au fil des années, les raisons que j’avais de me méfier de tous les autres systèmes de pensée, idéologies ou mysticismes divers se sont mêmes renforcées. La pensée libertaire est un « tout », une vision globale du monde et cela ne me dérange pas plus d’écrire sur les savants arabes de la Renaissance, que sur les lignes de chemin de fer en perdition. Le monde dans lequel je veux vivre ne se limite pas à des débats parlementaires et à des promesses électorales. Je rêve d’un monde où… (relire les 565 chroniques précédentes pour plus de précision). A part ça, même si je me trompe de chemin, je vais continuer ma route bloguesque, un temps au moins…
Notes destinées à alourdir ce texte et à fatiguer un peu plus le lecteur
(1*) J’aime bien l’idée ; j’ai parfois du mal avec la langue de bois de certains de ceux qui s’en revendiquent… Les slogans à l’emporte-pièce m’ont toujours donné des boutons. Je suis partisan d’une certaine ouverture d’esprit, même si je dois reconnaître que, historiquement parlant, chaque fois que les libertaires ont collaboré avec d’autres mouvements politiques, ils se sont fait laminer assez rapidement : trop de naïveté, faible expérience du jeu politique (deux éléments qui les rendent d’autant plus sympathiques à mes yeux).
(2**) J’ai remarqué cela à plusieurs reprises dans ma brève carrière militante. Dans le cadre de la lutte antinucléaire par exemple, j’ai noté que des personnes ayant des idées plutôt conservatrices étaient ouvertes à d’autres sons de cloche simplement parce que la présence d’une menace directe dans leur environnement proche les déstabilisait profondément. Après quelques années de lutte axées sur l’opposition à la construction d’une centrale, des personnes n’ayant pas d’idées politiques bien arrêtées devenaient plus « compréhensives » par rapport à une grève ouvrière par exemple, dans un secteur pourtant profondément différent. Même observation lors de luttes syndicales à orientation fortement corporatives. Tant que l’on n’est pas confronté directement à un pouvoir répressif, on peut – sans trop de peine – feindre d’ignorer son existence.
(3***) Ecouter à cette occasion l’excellente chanson de Michel Bühler « les poissons sont des cons ». Je pense que c’est lui d’ailleurs qui m’a inspiré cette métaphore !
Notes concernant les illustrations
La couverture de « l’escarmouche » provient de l’excellentissime site « anarchoefemèrides » (voir liens permanents). Le tampon « Ateneo Libertario » a été volé sur l’excellentissime site « Ephéméride anarchiste » (voir liens permanents). La carte postale finale est l’un des fleurons de ma collection. On peut la trouver par ailleurs sur l’excellentissime site « cartoliste » (voir liens permanents).
Note d’humour finale
Cette chronique dépassant largement mes « standards » est considérée comme comptant double et je vous laisse donc quelques temps pour la digérer ; peut-être même pour la commenter (on peut toujours rêver !). Vous l’avez remarqué d’ailleurs, je n’écris plus à la même cadence que dans les premiers temps !
6 Comments so far...
Patrick Mignard Says:
18 novembre 2012 at 13:00.
Je souscris entièrement à cette chronique… La variété de la « feuille charbinoise » et son antisectarisme en fait justement toute la qualité.
Formation (au travers par exemple des universités populaires qui fleurissent un peu partout) et pratiques alternatives, qui se développent, sont à mes yeux les « deux mamelles » (si j’ose dire)… du changement. Les discours, proclamations idéologiques, sont passées ( et j’ai aussi beaucoup changé en quarante ans) au second plan,… et se trouvent largement relativisées par « le faire » qui demeure l’essentiel.
J’ai appris à devenir un militant sans appartenir à une organisation, je ne pense pas y avoir perdu en efficacité, mais j’y ai beaucoup gagné en matière de réflexion.
La « feuille charbinoise » mérite d’être connue,… j’y contribue à mon niveau !
la Mère Castor Says:
18 novembre 2012 at 13:01.
Je commente sans avoir lu, sauf les premières lignes avec lesquelles je suis d’accord. Bref, c’était pour dire que j’étais venue.
François Says:
18 novembre 2012 at 18:12.
Un bon résumé de ta pensée, que j’apprécie toujours autant.
Et joyeux anniversaire 😉
Zoë Lucider Says:
20 novembre 2012 at 23:04.
Nous fêtons de concert nos anniversaires. je suis plus jeune et plus innocente 🙂
Paul Says:
28 novembre 2012 at 13:03.
Merci au 177 personnes qui ont commenté cette chronique. Je regrette d’avoir dû censurer 173 messages qui apportaient pourtant un complément d’information important sur le viagra, les transferts d’argent, l’achat de bons financiers, les pulls Lacoste à moitié prix, et autres thèmes essentiels. Seuls 4 commentaires ont échappé à la censure, les propos tenus me semblant anodins quoiqu’un peu trop engagés. Mieux vaut 4 lecteurs qui s’expriment que 173 spameurs imbéciles ! Je remercie également les différents sites qui ont reproduit mon texte : cela fait toujours plaisir… J’espère que ces sites-là n’ont pas reçu trop d’offres de viagra ; j’en serais désolé…
Erwan Says:
28 novembre 2012 at 15:45.
Comme d’habitude, c’est un vrai plaisir de te lire. Salut et fraternité.