30 mars 2013
Bric à blog, blog, blog (sur l’air de ploum ploum tralala)
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .
Encore un mois où j’aurai du mal à réussir une liaison tant les ingrédients de ce carnet d’adresses sont variés. Je vais quand même essayer de démêler l’écheveau que j’ai tissé au fil de ces journées par ailleurs fort occupées ainsi que j’en ai témoigné dans ma chronique précédente. Mais je me dois de garder un certain « standing » d’autant que l’audience du blog croît lentement mais sûrement. Fléau des temps informatiques modernes, le nombre de spams dans les commentaires augmente de façon spectaculaire et particulièrement tannante aussi. Ces derniers temps on dépasse largement la centaine de messages à contenus oniriques, pornographiques, financiers ou médicamenteux chaque jour. Heureusement que le filtrage fonctionne à peu près. Le dommage collatéral de ce bombardement navrant c’est que je ne vérifie plus les commentaires rejetés comme « spam ». Ne soyez pas trop en colère si l’un de vos précieux messages passe à la trappe. Contrairement à nos modernes armées, quand je suis un brin énervé, je ne fais pas dans la « précision chirurgicale ».
L’une des premières adresses que j’ai notées ce mois-ci c’est celle du site « geographica.net », à cause d’un texte intéressant sur les quartiers chics de la capitale. On apprend, en lisant ce texte, que ce cher Elisée Reclus pour lequel j’ai une si grande estime, a donné son nom (bien involontairement !) à l’un des boulevards les plus chers de Paname. Pauvre Reclus, lui qui, de toute sa vie, n’a jamais eu un sou à empiler sur un autre. Chaque fois qu’il en gagnait deux, notamment en écrivant les volumes de sa grande géographie universelle, il versait l’excédent de recettes à la « Cause » et finançait nombre de publications dans la mouvance anarchiste : livres, brochures, journaux (notamment « le Révolté » dont nous avons parlé ici-même il y a quelques temps). Beaucoup lui ont d’ailleurs reproché, souvent à demi-mots, ce côté ascète particulièrement marqué de sa personnalité, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une vie sociale intense et d’être plutôt un joyeux luron. Nul doute qu’il serait effaré s’il savait à quel prix se vend le m2 dans les immeubles cossus qui se dressent tout le long du boulevard qui porte son nom. A part ça, le site geographica.net propose d’autres articles intéressants sur des sujets très divers ainsi que de magnifiques portfolios.
Puisqu’on est chez les Anars avec un grand A, restons-y. Parmi les news qui ont ému le landerneau militant en fin d’hiver, il y a eu l’adhésion à la Fédération Anarchiste de l’intellectuel gauchiste Philippe Corcuff, bien connu des lecteurs du Monde Diplomatique. L’intéressé explique le pourquoi d’une trajectoire politique plutôt sinueuse dans une chronique sur son blog Mediapart intitulée « Pourquoi je quitte le NPA pour la Fédération Anarchiste« . C’est amusant de lire ce qu’exprime Corcuff en parallèle avec les jugements à l’emporte-pièce du médiatissime libertaire Michel Onfray, grand pourfendeur des organisations anarchistes en général et de la FA en particulier. L’un équilibre l’autre. A lire aussi sur la même question, le point de vue de l’ami Floréal dans son blog, que ces frétillements des ténors de la politique d’extrême gauche n’impressionnent guère. Perso, en tant qu’adhérant du FARC (Front Anarcho Rural du Charbinat), je ne me sens pas trop concerné. Le seul poids lourd qui ait rejoint cette organisation quasi clandestine, c’est moi. Ma trajectoire militante éblouissante a foudroyé l’état-major révolutionnaire. J’ai pu, en quelques années, cumuler le poste de président, de secrétaire, et de responsable de la propagande pixellisée – le tout sans la moindre manipulation scandaleuse !
Quand vous aurez laissé tomber un temps mes élucubrations pour aller faire un tour chez Floréal, profitez-en pour parcourir les divers billets qu’il a publiés ce mois. Comme disait si bien ma grand-mère tchetchène, il y a du grain à moudre. Ce serait dommage de passer à côté des liens concernant Henri Laborit par exemple. Il y a pas mal d’années de cela, alors que j’étais un jeune et fringant travailleur actif, Radio Libertaire avait diffusé un certain nombre d’émissions consacrées à des interviews de ce brillant chercheur. Cela a été l’occasion pour moi de relire un livre sympa, « Dieu ne joue pas aux dés », que j’avais parcouru un peu trop rapidement au moment de sa sortie en livre de poche. Cet ouvrage est beaucoup moins célèbre que d’autres (comme « La Nouvelle Grille »), mais il témoigne d’une réflexion intéressante sur le monde qui nous entoure et la façon dont les scientifiques, entre autres, l’appréhendent. Comme l’annonce la quatrième de couverture, en conclusion : « un livre humaniste. Mais aussi un livre lumineux qui combine le savoir et le rêve, la science et la poésie ». Une façon aussi de qualifier, à mes yeux, l’œuvre d’Henri Laborit. A écouter (grâce aux liens de Floréal, à lire et à méditer).
Au fil des jours, j’ai déniché quelques liens originaux concernant l’économie au quotidien. Le problème du « discount » est intéressant à étudier, d’autant que de plus en plus de salariés et de retraités fréquentent ce type de magasins ou de fournisseurs de services au rabais : beaucoup par nécessité, quelques uns par conviction. Un documentaire intéressant a été diffusé à la télé (alleluia !) à ce propos. Il s’intitule « Nos vies discount » et il a été réalisé par Frédérique Brunnquell. Certaines séquences de ce documentaire sont disponibles sur la toile. Le site UtopLib a notamment diffusé quelques séquences concernant un bel exemple de service au rabais, celui fourni aux voyageurs par la société Ryanair. L’intérêt du documentaire c’est d’enchaîner le point de vue des salariés de cette compagnie et celui de leur patron de droit divin. C’est particulièrement instructif et je vous laisse le plaisir de découvrir. J’ai beaucoup apprécié les déclarations du Pdg concernant le métier de pilote et je comprends que ceux-ci préfèrent trouver du travail dans une autre compagnie quand c’est possible. Sachez donc, chers consommateurs, si vous ne le savez pas encore, que les prix au rabais ont un coût social élevé pour les travailleurs des sociétés concernées… Des billets d’avion à 50 €, au rôti de porc à des prix sans concurrence en passant par les fraises rutilantes du Lidl du coin, le bonheur des uns fait le malheur des autres et il arrive que ces étiquettes désignent les mêmes sujets. Il paraît qu’un petit bouquin vient de sortir ; il est intitulé « Le toujours moins cher : à quel prix ? ». Ne l’ayant pas lu je ne peux vous parler du contenu, mais le titre est bien trouvé…
Un autre petit reportage – photographique cette fois – dans le monde des inégalités planétaires… « Ce qu’ils mangent en une semaine« … L’auteur de ce mini documentaire s’est amusé à photographier le « panier alimentaire » hebdomadaire de différentes familles, en divers lieux de la planète, à l’échelle de temps d’une semaine. La quantité d’aliments consommés est directement visible sur l’image ; le budget correspondant est indiqué en dessous. Le propos de l’auteur n’a rien de misérabiliste. Il s’agit seulement de montrer la diversité qui règne dans ce domaine essentiel de notre vie. La lecture détaillée des photos est extrêmement intéressante. L’analyse que l’on en fait peut être très diverse. La première page constitue une sorte de synthèse, ou bien de hit-parade, puisque les photos sont classées en fonction de la dépense hebdomadaire. Il ne faut pas s’arrêter à cette première page et bien visionner l’ensemble dans le détail. Parmi les critères de comparaison que l’on peut retenir, certains sont très instructifs : part de l’eau en bouteille et des boissons, quantité de produits frais, aliments plus ou moins élaborés à l’achat, part de l’alimentation carnée… Je trouve sympa l’idée d’un reportage qui associe à la fois le côté artistique (la plupart de ces tablées sont appétissantes et les gens sont souriants) et le côté informatif. Ce n’est pas si fréquent que cela.
Et le pape dans tout ça ? Même pas un petit mot sur le pape ? Nous avons été littéralement gavés, comme les oies du Sud-Ouest, par les médias, à ce sujet ; il est temps de se rappeler que nous vivons dans un pays « laïc », au sein duquel Eglise et Etat ont été séparés depuis pas mal de temps me semble-t-il. C’est sous ce dernier angle que j’aborderai la question papale et je serai bref. « Habent papam« , c’est le titre d’un très bon article de Yann Fievet, repris sur Altermonde. Ce texte nous rappelle qu’il n’y a plus que 2% de catholiques pratiquants en France, et que proclamer « nous avons un pape » comme le font les journalistes de la télévision publique, c’est s’égarer quelque peu en dehors du passage clouté de la laïcité. Je ne saurais que souscrire aux propos tenus par l’auteur ! Quand au nouveau porteur de tiare, il ne semble pas être en odeur de sainteté auprès de tous les chroniqueurs de son pays d’origine. Beaucoup ont rappelé le rôle assez trouble joué par ce personnage au bon vieux temps de la dictature argentine. Bref, « leur pape », ne mérite pas tant que ça le qualificatif de « saint homme » dont les médias nous ont arrosé.
Il a beaucoup neigé cet hiver et les stations de skis ont fait le plein. Comme l’or noir en d’autres lieux, l’or blanc aussi n’est pas sans conséquences sur la nature et sur la beauté des paysages. Un petit rappel à ce sujet sur le site écolo Reporterre. L’article s’intitule « Les Alpes défigurées par le lobby de l’or blanc« . Mieux vaut éviter de faire des commentaires « déplacés » sur le gaspillage d’eau, d’énergie, l’utilisation à outrance des canons à neige et le mépris total des promoteurs à l’égard de la nature quand on travaille dans une station. C’est une attitude tout aussi risquée que de parler d’espèces protégées dans un club de chasse, ou des dangers du nucléaire dans une réunion de la CGT chez EDF. Certains l’ont appris à leurs dépens, comme le gardien du refuge du col de Sarenne, non loin de la station de l’Alpe d’Huez, que l’on a essayé de remettre dans le droit chemin de la pensée unique à grands coups de batte de baseball. On ne touche pas au loisir sacré de 3% de la population. Je n’ai rien contre le ski par ailleurs et il y a de petites stations qui ont su conserver, d’après mes amis, un caractère sympathique et familial. A part ça, il y a, sur Reporterre, comme sur Basta Mag, beaucoup d’autres reportages passionnants. Deux sites que l’on peut visiter régulièrement à mon avis.
Je suis abonné depuis des années à l’excellent magazine papier « La Garance Voyageuse« . Si vous vous intéressez aux plantes, et notamment à l’ethno-botanique, c’est à dire l’ensemble des relations existant entre ces mêmes plantes et l’être humain, je ne saurais trop vous conseiller de faire de même. Dans son dernier numéro, le journal annonce que l’un de ses illustrateurs, Philippe Prou, est parti faire un long voyage en vélo (tout comme nos amis portugais de 2numundo en leur temps – voir liens permanents). Cet étonnant voyageur a ouvert un blog et propose de communiquer ses impressions de voyage par le biais de croquis et de photos que je trouve magnifiques et que je vous incite à aller admirer. Je pense que je vais suivre attentivement la suite de son périple ! Aux dernières nouvelles, il est en Italie…
A part ça, je trouve qu’on ne cause pas assez musique sur ce blog… J’étais tout content d’avoir trouvé un site à ajouter à ma courte liste d’escales régulières, mais je me suis aperçu que les dernières mises à jour dataient de 2010. C’est bien dommage, mais ça n’empêche pas d’aller vagabonder dans le sommaire déjà copieux de carrefour d’influences musicales intéressant. Ça s’appelle « Sforzando« . Comme vous êtes des musicologues avertis et des latinistes convaincus, je n’ai pas besoin de vous préciser que ce terme signifie « en renforçant le son » tout simplement. L’auteur avait un joli texte d’introduction : « Comme mon dada est surtout musical, la plupart des billets consisteront à renforcer sur la toile des découvertes à faire. Je ne dis pas faire du bruit, ou du buzz, mais ouvrir quelques fenêtres culturelles… » En temps ordinaires j’aurais souhaité une longue vie à « Sforzando ». Dans le cas présent je me contente de souhaiter que le site réapparaisse sous une forme ou sous un autre (peut-être est-ce déjà fait ?).
Je remercie Mme Batho, Mme Lagarde, Mr Valls, Mr le pape François et le brave Kim Jong un, d’avoir collaboré à la rédaction de ce billet. Leur vision prophétique du monde me dispense d’avoir à trop réfléchir ! Portez vous bien et n’oubliez pas de visiter tous les blogs figurant dans la liste officielle ci-contre. Interro écrite un de ces quatre. Euh pardon… Excusez cette séquelle professionnelle !
4 Comments so far...
Phiphi Says:
30 mars 2013 at 13:42.
Il est vraiment fan, le Kim Jong, la troisième saison ne commence que demain 😉
Paul Says:
30 mars 2013 at 13:48.
@ Phiphi – Ne pas oublier que le célèbre Kim est un visionnaire, un précurseur… Il n’imagine même pas que les trois premières saisons puissent avoir des dialogues dans une autre langue que la sienne. Quant au « 4 », c’était juste pour savoir si tu étais attentif !
Phiphi Says:
31 mars 2013 at 14:37.
Tu sais bien que je suis un lecteur fidèle de la Feuille, mon cher Paul
Paul Says:
3 avril 2013 at 09:18.
(ajout du 3 avril) – Un beau coup de gueule à ajouter à ce bric à blog, celui de Gérard Filoche – Comme quoi je ne suis pas sectaire, je laisse même la parole à des militants du PS…