16 octobre 2008

Sur les routes de Slovénie…

Posté par Paul dans la catégorie : Carnets de voyage .

1 – De Maribor à Ljubno

Pendant la dizaine de jours que nous avons passés en Slovénie, nous avons été assez remuants. Nous n’avons pas voulu utiliser le réseau d’autoroutes en cours de construction, estimant d’une part qu’emprunter une autoroute c’est la plus mauvaise méthode pour découvrir un pays et d’autre part que payer une vignette d’une durée de six mois à un prix élevé pour un séjour aussi bref, c’était du gaspillage pur et simple. Nous avons donc abordé la Slovénie par le Nord-Est, à Maribor, puis poussé une petite pointe vers l’Est, en direction de la Hongrie, avant de descendre jusqu’au parc de Kozjansko à la frontière croate. Nous avons ensuite fait une traversée en diagonale vers le Nord, afin de découvrir les hautes vallées alpines qui se situent à la frontière autrichienne. Première pause dans notre itinérance, nous avons séjourné trois jours à côté du village de Ljubno, avant de rouler à nouveau vers l’Ouest pour visiter la magnifique et touristique région de Bled. Il ne manquait plus qu’une pointe au Sud-Ouest, en Istrie, pour terminer notre survol. Sur une carte routière, cela donne un magnifique zig-zag si l’on s’amuse à tracer le parcours. Il faut dire que la Slovénie est un pays de petite taille (comparable à la région de Bretagne en France) mais que la très grande diversité des paysages incite les curieux comme nous à mettre leur nez un peu partout !

Nous ne prétendons certainement pas avoir tout vu, d’autant que nous avons fait une impasse, volontaire, sur la capitale Ljubljana (fort intéressante à visiter nous a-t-on dit) et sur les régions au Sud de cette ville. Nous voulions nous faire une idée d’ensemble du pays et les images que nous avons en tête nous permettent d’avoir une première vision de ce pays magnifique. En tout cas, ce que nous avons vu (trop vite) mais aussi ce que nous n’avons pas vu, nous donnent envie de recommencer l’expérience !

Je ne veux pas vous faire de récit circonstancié de cette partie de notre voyage dans le cadre de ce blog, mais je voudrais quand même vous livrer quelques impressions globales et partager un certain nombre d’images à propos de quelques lieux que nous avons visités. Nous parlerons malheureusement plus de paysages que de personnes, car notre méconnaissance totale du Slovène a limité considérablement nos échanges avec les gens très accueillants que nous avons rencontrés. Nous avons dû recourir largement à l’anglais ou à l’italien et les conversations ont souvent eu lieu dans un espèce de méli-mélo multilingue, peu favorable à des échanges complexes ! Ce problème de langue est d’ailleurs celui qui m’a le plus pesé, que ce soit dans l’Est de la Suisse, en Autriche ou en Slovénie. Au bout de trois semaines, je commençais à avoir une forte envie de « blablater » en français ! Les seuls touristes que nous avons rencontrés parlant note langue étaient de jeunes Québecois, croisés sur un sentier de randonnée, avec qui nous avons échangé quelques propos aimables. Les touristes français ne vont pas en Slovénie. « Ils préfèrent la Croatie car il y a des plages » nous a expliqué l’une de nos hôtesses… C’est bien dommage, car ils ne savent pas ce qu’ils perdent, nos concitoyens, tant sur le plan humain que sur le plan géographique…

Avant le départ, nous avions consulté pas mal de documentation sur les parcs nationaux ou régionaux de Slovénie. Il y en a beaucoup (rapport toujours à la taille du pays) et ce sont eux qui ont servi de « balises » au tracé plus ou moins aléatoire de notre itinéraire. Bien que renonçant à voir la capitale, nous nous sommes quand même intéressés aux villes moyennes, comme Celje, Ptuj ou Skofja Loka. Certaines nous ont beaucoup plu. Maribor, par exemple, possède un charme certain et aurait mérité bien plus que la demi-journée que nous lui avons consacrée. Il faut dire que les premiers jours nous avons stressé pas mal avec la signalisation routière à laquelle il a fallu nous habituer : sur les panneaux de direction figurent des noms de villes ou de villages qui ne sont pas forcément voisins, et souvent pas les plus importants sur l’itinéraire. Il faut donc un temps infini avant de pouvoir se repérer sur la carte et ce n’est pas toujours compatible avec l’impatience des automobilistes voisins. Les autorités slovènes ayant l’intention par ailleurs de financer rapidement la construction de leur réseau autoroutier, beaucoup de panneaux vous dirigent systématiquement vers le grand axe payant et il faut avoir un petit côté « Sherlock Holmes » pour trouver une direction autre. Il faut savoir que si l’on ne possède pas la vignette ad’hoc, il en coûte 300 euro d’amende à se promener inconsidérément sur les voies rapides ! C’est assez dissuasif…

Du temps perdu aussi dans la recherche des hébergements. Nous avons rapidement renoncé au camping, plutôt coûteux, et cherché à nous loger dans les fermes d’accueil : un réseau important, bien organisé et dont le rapport qualité/prix est particulièrement intéressant. Les hôtels, souvent récents et bien équipés, donc destinés essentiellement aux touristes, pratiquent des tarifs élevés et peu dans nos moyens.

Le long de la frontière croate, au Sud-Est, se trouve le parc régional de Kozjansko. Les paysages vallonés et verdoyants sont très différents de ceux des vallées alpines que nous avons traversées en Autriche et que nous retrouverons dans les Alpes de Kamnik-Savinja. Les zones sauvages alternent avec les zones exploitées par l’homme. Un patrimoine culturel important témoigne d’une installation de longue date des communautés villageoises : églises se dressant sur le moindre promontoire ou se blottissant au fond des vallées ; châteaux dissimulés sur les versants boisés. Nous avons par exemple longuement visité le château de Podsreda. Bien que ce bâtiment soit très ancien, son style est très différent des forteresses médiévales que nous sommes accoutumés à explorer. Les salles abritent des expositions de peintures et de sculptures, et la cour intérieure, bordée de hauts murs, sert de lieu d’accueil pour des concerts de musique classique ou populaire. A l’ouverture, le matin, nous étions les seuls touristes à parcourir le dédale de couloirs et d’escaliers et à chercher l’accès de salles que nous n’avions pas encore découvertes. Nous avons été très favorablement impressionnés par les œuvres du peintre France Slana, ainsi que par les maquettes en bois des inventions d’un mathématicien du XVIIIème, Jurij-Georg Vega. La beauté du point de vue sur les vallées environnantes et sur le petit village de Podsreda en contrebas, n’avait d’égal que la gentillesse de la personne du parc chargée de l’accueil des visiteurs, déplorant le fait de ne parler que l’Anglais, alors que sa collègue, malheureusement absente – nous a-t-elle expliqué, confuse – possédait une bonne pratique du français et nous aurait donné plus d’informations…

Un saut de puce : cent cinquante kilomètres plus loin, au Nord, nous voici à la ferme de Kladje, perdue dans les alpages, à 1000 mètres d’altitude, au-dessus du village de Ljubno. Après moult péripéties et six kilomètres de piste empierrée aux multiples lacets, nous avons trouvé ce lieu qui va être pour nous l’un des symboles forts de notre voyage. Il faut dire que le cadre est enchanteur, au point que nous y passerons trois nuits et le quitterons avec regrets ; cinq, huit ou dix jours nous auraient certainement mieux permis d’assouvir notre soif de contact humain et de beautés naturelles. La ferme d’abord… Les bâtiments sont neufs : un immense chalet alpin, en bois verni, abrite nos hôtes ainsi que les chambres pour les visiteurs de passage. Notre chambre est imprégnée de cette odeur de résineux si plaisante, et par la grande baie vitrée donnant sur un balcon, nous pouvons admirer la vallée et les montagnes avoisinantes. Nous ne sommes qu’à mi-septembre et la neige pointe déjà le bout de son flocon. Le couple de jeunes agriculteurs qui nous héberge pratique l’agriculture biologique depuis plusieurs années. Une bonne partie de la production alimentaire est autarcique : bovins, moutons, chèvres sont élevés sur la propriété ; les légumes sont cultivés sur place et la ferme de Kladje produit aussi du miel, des essences de plante, des confitures de baies diverses… Nous qui avons une petite pratique agricole, nous sommes effarés par la quantité de travail que cela représente. Bien que la maitrise de l’anglais des uns et des autres ne soit pas optimale (hum… hum…), nous arrivons à échanger quelques informations sur tout cela. Les difficultés sont nombreuses, malgré les aides à la reconversion que le gouvernement verse aux agriculteurs. Le côté positif c’est que, comme en Autriche, la part des terres cultivées en bio est importante et a beaucoup augmenté ces dernières années. La vie en montagne n’est pas facile, même si notre hôtesse semble particulièrement l’apprécier.

Il y a aussi un problème avec l’intégration du pays à la zone euro : depuis 2007, les prix ont augmenté considérablement (tiens, tiens!) et, pour une grande partie de la population, les « fins de mois » sont de plus en plus longues et difficiles. Le prix de la vie est presque identique à celui de la France, mais les salaires sont jusqu’à trois fois moins élevés. Le couple a trois enfants : les deux grands vont au collège à Ljubljana et sont hébergés dans la famille pendant la semaine ; la plus petite bénéficie d’un système de ramassage scolaire très efficace en minicar et va à l’école dans la vallée, à Ljubno. Ce système présente un gros avantage : en hiver, la piste d’accès à la ferme est toujours bien dégagée.

Nous profitons de notre séjour à Kladje pour découvrir l’une des merveilles naturelles de la région, à savoir la vallée de la Logar. Le lieu est particulièrement préservé, malgré l’afflux de touristes, et un parc régional (Logarska Dolina) a été constitué afin de mieux contrôler la gestion de ce patrimoine remarquable. Une trentaine d’habitants vivent encore dans cette haute vallée alpine. L’accès n’en est pas évident, et, à part un col de haute altitude permettant de rejoindre l’Autriche, les habitants de la vallée devaient, jusqu’au milieu du vingtième siècle, passer l’hiver en autarcie complète, sans aucun lien avec leurs concitoyens slovènes. Il s’agit en effet d’une vallée fermée. La route remonte la rivière jusqu’à la grande cascade qui se situe en aval de la source. Après, il faut chausser les brodequins, et compter sur ses jambes pour découvrir les merveilles qui se cachent dans la forêt de hêtres et de mélèzes. A l’entrée de la vallée, au niveau du péage (eh oui ! il s’agit d’un parc, donc l’accès est contrôlé), on peut admirer un tilleul multi-centenaire qui mérite vraiment l’appellation d’arbre remarquable (4,85 mètres de circonférence…). Il paraît qu’il y a aussi un superbe mélèze, mais il se cache au niveau de la limite supérieure de la forêt et nous n’avons pas pu aller jusque-là car votre humble serviteur n’apprécie guère les sentiers avec des passages trop vertigineux !

Fatigués d’avoir un peu trop roulé la veille, nous avons décidé de rester à Kladje et de faire une grande balade à pied en partant de la ferme. Mais, comme on dit, ceci est une nouvelle histoire et il vous faudra patienter quelques jours pour connaître la suite des aventures des héros (!) de ce périple… Il faut aussi que je ne sois pas trop bavard si je veux réserver quelques places pour les illustrations !

4 Comments so far...

fred Says:

17 octobre 2008 at 14:48.

Et dire que de la Slovènie, je ne connaissais que Matic OSOVNIKAR le coureur de 100 mètres !
Merci pour ces importantes révisions en espérant que les Slovaques ne le prennent pas trop mal. D’ailleurs as tu prévu de te rendre en SLOVAQUIE pour contrebalancer cet outrageant parti-pris ?

Grhum Says:

17 octobre 2008 at 23:12.

Fred,
Ta culture sportive est impressionnante ! Je n’ai pour ma part jamais entendu parler de ce Osovnikar…
Pourtant l’athlétisme, c’est mon sport !
Et merci à Paul pour ce récit de voyage fort intéressant et qui donne envie d’aller ce pays.

Paul Says:

18 octobre 2008 at 09:32.

On ne plaisante pas avec la confusion Slovénie – Slovaquie ! Les habitants de ces deux pays y sont un peu habitués mais n’apprécient guère. Quand on s’appelle Georges Bush, ce n’est pas très étonnant, mais dans d’autres cas c’est plus gênant ! Lors d’un match disputé à Bucarest, en Roumanie, les sportifs slovènes ont été quelque peu énervés d’entendre interprété l’hymne national slovaque ! Décidément, les hymnes nationaux sur les stades, quelle galère !

fred Says:

20 octobre 2008 at 12:52.

Tu m’étonnes Paul ! Même Micheline DAX a eu des soucis en sifflant fort joliment la Marseillaise !

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