6 décembre 2013
Un bric à blog et ça repart !
Posté par Paul dans la catégorie : Bric à blog .
Quel sous-titre idiot ! Mais bon on fait avec ce qu’on a comme dirait ma mémé préférée. Et – au passage – mille excuses pour la longue interruption de publication de cette chronique autrefois mensuelle.
Quelle introduction débile ! Je ne vois pas comment je trouverais mille excuses alors que je peine à en trouver une valable. Les formules toutes prêtes, c’est comme le prêt à porter, pas toujours bien taillé, mais on doit parfois s’en contenter (comme dirait… ) ; et puis c’est moins cher que le fait sur mesure ! Donc on va parler des blogs, de l’info sur la toile et tutti quanti (chianti ?) Des blogs, il y en a des biens qui ont disparu, mais aussi (et heureusement) des biens qui sont apparus. Il y en a qui s’essoufflent, d’autres qui s’emmitouflent, et certains qui font dans l’esbroufe. Il y en a qui persévèrent, d’autres qui vocifèrent, et certains qui savent y faire (pour attirer le chaland). Il y a des grosses pointures, des petites mixtures et de bien jolies peintures.
Cessons de tergiverser et « au boulot ! »
Du nouveau dans la liste des blogs que « La Feuille » vous recommande
« Cailloux dans l’brouill’art » – Grâce aux listes de blogs sympas publiées dans les blogs où je fais régulièrement mes courses (je déteste le recours au terme anglais « blogroll », marre des anglicismes !), je fais parfois d’excellentes découvertes. Il y a aussi des déceptions, mais les amis des amis de mes amis (on peut tout mettre au féminin) ne sont pas forcément mes amis… Le blog de Floréal m’a permis de faire de chouettes découvertes musicales, dont je vous ai déjà fait part. Celui de l’ami Erwan (« les cénobites tranquilles ») m’a permis d’entrer en contact avec « Cailloux dans l’brouill’art », un site qui montre, entre autres, la capacité créative et la réelle puissance imaginative des copains libertaires. Cailloux dans l’brouill’art publie de nombreux billets sur l’actualité, des chroniques musicales, des dessins humoristiques… et plein d’autres textes incatégorifiables. Plusieurs contributeurs participent à la rédaction des articles et la variété de ton est plaisante. Inutile de dire que je souscris entièrement à la « devise » du blog : «C’est avec des petits cailloux que naissent des montagnes» ; ça change un peu de mes éternels «grains de sable dans les rouages». Faudra que je me mette en relation avec la mémé des « cailloux » elle a peut-être plus d’imagination que la mienne ! Pour résumer, encore un blog à rajouter dans la liste des mille lieux sur le web qu’il faut impérativement visiter régulièrement.
« crapauds et rossignols » – J’ai été long à m’intéresser aux blogs consacrés aux chansons de paroles. Je n’aime pas trop ce qualificatif mais comment décrire cette catégorie bien particulière de chanson dont les médias classiques sont si peu friands : à texte ? à texte intelligent ? d’auteur ? poétique ? d’expression française ? engagée ?… Aucune de ces expressions ne convient vraiment. Faire allusion à Brel, Ferré ou Brassens, c’est très limitatif surtout quand on souhaite que les nouveaux interprètes sortent un peu de ces trois itinéraires balisés (du moins pour les artistes français). En tout cas « crapauds et rossignols », qui a été créé récemment est un blog prometteur. Plusieurs collaborateurs dont l’ami Floréal, des points de vue bien tranchés comme on aime, des sujets traités plutôt variés. Tous les ingrédients sont réunis pour que l’on ait envie de butiner les différentes rubriques, sauf si l’on aime que la musique sans paroles, le « yéyé » période années 60 ou le « yaourt vanillé » musical que diffusent les chaînes de radio et de télé que je n’écoute jamais (Toto lève la main au deuxième rang ; je sais Toto, on n’écoute pas la télé ; arrête de m’interrompre pour un non ou pour un non). Quant à la question qui figure dans le bandeau du blog «Le monde a-t-il encore besoin de chansons», ma réponse personnelle ne fait aucun doute.
« Rosaelle » – Bien aimé le blog « Rosaelle » que j’ai découvert, il y a quelques jours par un cheminement tellement complexe que je ne m’en souviens plus. J’ai bien aimé les idées défendues, le ton et le style dans lequel sont rédigés les billets… Je parle beaucoup des déclarations qui figurent dans les bannières des blogs. Dans celui-ci, on peut lire « L’utopie n’est pas un luxe, c’est une nécessité ». Cela rejoint cette citation d’Oscar Wilde que j’ai adoptée il y a quelques temps : « Pas une carte au monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas ». Parmi les derniers billets publiés, j’ai bien aimé en particulier « Garderie, cloître, prison : l’école galvaudée « . C’est vrai qu’elle est galvaudée, l’école, et ce depuis pas mal d’année. S’il y a bien un intérêt qui n’est guère pris en compte, c’est celui des enfants. Je crois que cela va en empirant depuis que l’on est revenu au bon vieil entonnoir pour transmettre les connaissances, et que l’on considère le mot « pédagogie » comme désignant une maladie honteuse. J’aime bien les idées défendues dans ce texte ; je les aime plus en tout cas que ce que j’ai lu pour la cinquantième fois sur un blog « ami d’un ami » concernant la méthode globale qui aurait ruiné l’apprentissage de la lecture dans notre beau pays. Il faudra que les gens qui ressassent cette rengaine se renseignent une fois pour toute sur le nombre d’instit qui ont pratiqué cette méthode. Je ne défends pas cette méthode là que je ne trouve pas meilleure que la « syllabique » pure et dénuée de sens. Relisez Freinet et on en reparlera. « Rosaelle » fait référence à Rosa Luxembourg selon l’auteur. Pourquoi pas ? Ce n’est pas, à mes yeux, le pire choix que l’on puisse faire, même si ce n’est pas tout à fait le mien… Mon coup de cœur aurait plutôt été du côté de Louise Michel ou d’Elisée Reclus…
A lire sur le Web pour briller en société
Une réflexion globale pour commencer : côté sites d’info et de réflexions plutôt généralistes, mes choix restent les mêmes : Basta mag, agence d’information sur les luttes environnementales et sociales, et Altermonde sans frontières sont mes deux préférés ; je les trouve complémentaires et peu redondants. Leur fonctionnement et leurs objectifs sont d’ailleurs très différents. L’un est professionnel, l’autre bénévole. L’un, « Basta », publie de nombreux reportages « maison » et possède son propre réseau de rédacteurs et de correspondants ; l’autre, Altermonde, sélectionne infos, dessins, billets d’humeur sur d’autres sites et offre chaque jour un panorama de ce qui se publie de pas trop conventionnel sur la toile. Cela n’empêche pas ces deux sites d’avoir régulièrement besoin d’un soutien militant constant. L’indépendance a un prix ! Je consulte régulièrement d’autres sites : « l’autre portail », ancêtre vénérable connu et apprécié par beaucoup, « l’en-dehors », plus axé sur le mouvement libertaire et surtout « Utop-Lib » dont la vocation est de faire l’inventaire quotidien de tout ce qui se dit et surtout se fait de concret pour essayer de faire dévier le véhicule « terre » de la course folle et suicidaire dans lequel il est engagé.
On commence à nous bassiner avec le centième anniversaire du déclenchement de la première boucherie mondiale, l’année prochaine. Ce n’est pas une raison pour oublier les autres conflits, plus anciens ou plus récents, et c’est l’occasion aussi de s’intéresser à quelques « à côtés » plus ou moins connus de l’histoire officielle. Histoire de vous mettre dans l’ambiance, lisez par exemple ce texte publié sur Médiapart, concernant le massacre de Thiaroye, au Sénégal, à la fin de l’année 1944. Cela montre de quelle manière la France s’est débarrassée des combattants noirs dont elle n’avait plus rien à faire, et, je vous préviens tout de suite, cela n’a rien de glorieux. Sur le même thème, je vous invite aussi à découvrir un autre article, publié il y a quelques temps sur « Rebellyon », concernant un autre massacre, celui qui a eu lieu les 19 et 20 juin 1940, dans les Monts d’or, au Nord de Lyon, quand l’état-major français a envoyé ses tirailleurs sénégalais se faire tuer par centaines dans un « combat pour l’honneur », aussi inutile que coûteux en vies humaines (1333 morts sur 1800 engagés dans l’opération, pour la plupart des Africains).
Je ne peux pas faire référence à tous les billets écrits par Agnès Maillard sur le Monolecte, mais il en est beaucoup que j’apprécie. Encore un blog où l’on ne parle pas pour rien dire et sur lequel des visites régulières s’imposent ! Difficile donc de faire une sélection parmi les derniers articles publiés. J’avoue avoir un coup de cœur pour « La mort du socialisme » publié en septembre. Un extrait de ce texte pour vous mettre en appétit : « Je me souviens d’avoir prévenu les associations de blogueurs de gauche que l’antisarkozysme primaire était un piège mortel, que nous ne combattions pas un homme, mais un système, une vision du monde, une organisation sociale fondée sur le creusement des inégalités, l’exploitation de la misère, la prédation de tous contre tous. Remplacer Sarko par Hollande n’a absolument rien changé au programme de destruction sociale en cours, pire, les oripeaux de gauche dans lesquels se drape notre nouveau laquais des pouvoirs financiers bloquent une bonne part de l’esprit contestataire de ce pays, tant les gens sincèrement de gauche ont l’impression confuse, mais néanmoins bien ancrée que de dénoncer la politique économique et sociale du PS reviendrait à tirer contre son propre camp. »
« L’arbre à palabres » de Zoë a fêté son cinquième anniversaire. A cette occasion, l’animatrice talentueuse de ce lieu d’échanges où les palabres sont effectivement nombreux a publié une très belle série de photos autour du thème « 5 ». C’est une chouette idée… Ce que j’aime dans le blog de Zoë, c’est la variété des thèmes abordés, du couvent de Florence réquisitionné par Napoléon qui fut transformé en prison, au festival des Alternatives de Bayonne. L’économie sociale est un sujet souvent abordé, comme dans Utop’lib : il faut dire que beaucoup d’espoirs de changement reposent sur ce secteur d’activité encore marginal mais ô combien passionnant. Pas de catégories pour classer les articles, mais une inspiration au fil du temps et un rythme de publication proche du régime de croisière que j’ai adopté. Je voulais vous donner dans ce bric à blog un lien vers un article concernant la librairie de village « la tartinerie » (depuis les cafés librairies de Bretagne, ce thème me tient à cœur) mais je l’ai perdu. Ce n’est pas grave car Zoë a parlé de cet établissement sympathique dans un billet de septembre. Vous n’avez donc qu’à faire un tour à Sarrant, lieu où se trouve l’échoppe, ou bien tout simplement sous « l’arbre à palabres » !
Tambours, trompettes ! Les anarchistes font leur entrée officielle dans l’histoire du mouvement ouvrier français. Beaucoup d’entre-vous – je n’en doute pas – connaissent le « Maitron », ouvrage de référence de tous ceux qui s’intéressent à l’histoire sociale de notre pays. A l’initiative d’un certain nombre de courageux rédacteurs, un volume vient d’être ajouté à cette collection qui avait déjà de quoi remplir les étagères d’une bibliothèque. Il s’agit du « dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone » dont la parution est annoncée pour le 1er mai 2014. Cet ouvrage somptueux, colossal, incontournable est vendu en souscription, ce qui permet d’en réduire un peu le prix (élevé sans aucun doute si l’on n’est pas une bibliothèque ou une annexe du Ministère de l’intérieur). Voici un lien pour obtenir toutes les informations importantes concernant ce volume et en particulier un bon de commande « spécial souscription ». Si vous ne connaissez pas ce travail encyclopédique (je parle du dictionnaire dans son ensemble, travail réalisé à l’origine par le camarade Jean Maitron), vous pouvez aller vous balader sur les pages du site web qui lui est consacré, « Le Maitron en ligne« . Comme chez nous le Père Noël passe souvent au mois de mai, je sais ce que je trouverai dans mes petits chaussons !
Patrick Mignard propose une nouvelle version de son livre « manuel d’économie à l’usage de celles et ceux qui n’y comprennent rien » , édité chez AAEL (Association pour l’Art et l’Expression Libre) à Toulouse. L’économie est omniprésente dans notre société libérale mondialisée ; omniprésente par les conséquences qu’elle a sur notre vie quotidienne, mais souvent masquée dans le discours des politiques. Dans un tel contexte, il est indispensable de bien en maitriser les concepts de base ne serait-ce que pour mieux les contrer. Je viens de terminer un autre ouvrage du même auteur, « critique du socialisme, réflexions sur une faillite historique » que j’ai trouvé fort intéressant. Pas de verbiage inutile, un style direct, des explications simples… Ces qualités ne peuvent que me donner envie de lire son « manuel d’économie », d’autant que c’est un domaine dans lequel je ne me sens pas très à l’aise. Vous pouvez aussi retrouver nombre des analyses de l’auteur publiées dans son blog « fédérer et libérer« .
Les éditions de la Pigne (Jean Marc Delpech – « Alexandre Jacob l’honnête cambrioleur ») viennent d’éditer un petit livre fort intéressant que je vous recommande : « dix-huit ans de bagne » de Jacob Law. Demandez le chez votre libraire préféré ; il sera sans doute épaté de découvrir une maison d’édition qu’il ne connait pas encore. S’il ne veut pas se donner la peine de vous satisfaire, vous pouvez toujours le commander en direct sur le site internet (pas tout à fait en direct puisqu’il vous faudra utiliser ces objets désuets que l’on nomme enveloppe, timbre et chèque…). Pourquoi faudrait-il que vous achetiez ce livre, alors qu’il n’a pas eu le prix Goncourt ? Tout simplement parce qu’il s’intéresse à une période de notre histoire que nous ne devrions pas oublier, celle où, pour un oui ou pour un non, on envoyait les gens crever dans les « bagnes de la République ». Il s’agissait là d’une condamnation à mort déguisée qui avait le mérite de ne pas salir les mains des juges qui la prononçaient. Il n’y a pas eu qu’Alexandre Jacob ou Louise Michel comme bagnards célèbres. Le camarade Jacob Law a été condamné pour avoir voulu régler son compte aux agents de police dans une manifestation. Mais son histoire n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Après avoir parcouru le livre vous en saurez nettement plus long sur le personnage, sur ses motivations et sur la façon dont il a vécu ses années de bagne. « Plus de 70 000 personnes ont été envoyées de 1852 à 1938 dans la colonie pénitentiaire de Guyane, avec pour seules perspectives l’expiation… et une espérance de vie qui ne dépassait pas cinq ans ! »
A part ça, c’est suffisamment rare pour être signalé : l’album photo et le répertoire des citations figurant sur mon blog ont été mis à jour (ou sont en cours). Portez vous bien et à la prochaine. On approche de la « trêve des confiseurs » et il faudra que je fasse un peu plus gai pour le prochain « bric à blog ». Je vais faire un effort !
addenda (13/12/13) – La liste des liens permanents a été remise à jour. Certains liens ont disparu ; d’autres ont été ajoutés. Je vous laisse le soin de découvrir !
Illustrations : photos « maison ». Objets, paysages, humeurs du temps…. Un bric à brac de photos prises dans notre environnement. Quoi de plus adapté à un article de briques, de blagues et de blogs !
8 Comments so far...
lediazec Says:
6 décembre 2013 at 18:12.
Merci Paul pour ce coup de projecteur que je m’en vais relayer par chez nous. Ce papier me permet de découvrir le reflet d’autres cailloux brumeux que je mettrai en lumière dans notre répertoire de blog. D’ailleurs, La feuille, je l’ai découverte chez Les Cénobites tranquilles que je lis tous les jours…
babelouest Says:
6 décembre 2013 at 20:02.
Bonjour !
Chic, un nouveau (pour moi) blog sympa !Je reviendrai.
bab
Zoë Lucider Says:
7 décembre 2013 at 21:50.
Merci Paul, je suis très honorée de me retrouver en si bonne compagnie. Et merci pour Didier et Catherine de la librairie – tartinerie de Sarrant qui font un travail formidable pour faire aimer les livres et la lecture.
JMD Says:
8 décembre 2013 at 08:50.
un bien beau billet … comme toujours d’ailleurs. Un grand merci à la Feuille et que Vive les Enfants de Cayenne !
Paul Says:
8 décembre 2013 at 15:11.
A tous – Merci pour vos réactions. Je continue à dire ce que je pense, sauf si je pense vraiment du mal et que j’estime que c’est du temps perdu de le dire !
Lavande Says:
10 décembre 2013 at 11:53.
Hier Google célébrait Grace Hopper une informaticienne américaine et dans les corrélations qu’ils mentionnaient à droite, il y avait Charles Babbage et Ada Lovelace. Je me suis dit : « tiens c’est marrant, je les connais, qu’est-ce que je suis cultivée!!! » puis j’ai réalisé que c’est à la Feuille que je devais cette immense (mais oui, mais oui) culture.